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Article de Sud Ouest 07 Janvier 2016 La mention s'étale largement sur la page d'accueil du site Internet d'Europe Écologie-Les Verts : « La planète a besoin des écologistes, les écologistes ont besoin de vous, faites un don ! »
Au lendemain des élections régionales, les finances de plusieurs partis se portent mal, en particulier celles d’EELV, qui doit aussi solder le passé Chez EELV comme dans les autres partis politiques et les associations caritatives, les questions d'argent sont tout sauf un détail. Le parti écologiste est aujourd'hui étranglé par ses dettes : 3,15 millions d'euros de dettes externes (banques, fournisseurs, etc.) et 2,6 millions de dettes internes (ce que la structure nationale doit aux « succursales » régionales d'EELV). Certains créanciers sont réputés assez sourcilleux sur les remboursements, comme les banques, par exemple. Les écologistes leur doivent 2,35 millions d'euros.
Le crash de 2012
Les difficultés du parti ne datent pas d'hier. Elles prennent racine dans les années d'euphorie, quand l'écologie avait le vent en poupe. En gros, entre le premier grand rendez-vous du jeune mouvement, les élections européennes de 2009 et le crash d'Eva Joly à l'élection présidentielle de 2012. Le déficit de la campagne initiale s'est élevé à 600 000 euros. Celui de la dernière citée à 500 000 euros, alors que le financement public couvrait les frais d'impression des professions de foi et des bulletins de vote.
« À une époque, on a sans doute vécu un peu au-dessus de nos moyens », soupire aujourd'hui le sénateur Jean Desessard. Le parlementaire parisien est le trésorier d'EELV, une tâche qui consiste à colmater les voies d'eau à fond de cale. « Notre situation financière doit être assainie en 2017 », professe-t-il. Il compte présenter un plan en ce sens. La vente du siège national d'EELV, sis à Paris, est toujours à l'ordre du jour. Parmi les 18 salariés, des départs sont à prévoir.
La facture des régionales
La potion amère paraît incontournable. Les revers électoraux assèchent les recettes du parti. Les élections régionales du mois dernier ont envoyé siéger quelque 65 écologistes. Ils étaient 200 de plus dans les Conseils régionaux au cours du mandat précédent. Or, comme tout élu EELV, un conseiller régional est censé reverser une partie de son indemnité au parti.
« Cet argent est intégralement distribué aux structures régionales d'EELV. Le manque à gagner va être important : environ 400 000 euros par an », évalue Jean Desessard. Il se trouve que certaines régions EELV ont la corde au cou. Nord-Pas-de-Calais-Picardie, par exemple, où Sandrine Rousseau, la tête de liste aux régionales, n'a pas atteint les 5 % et n'est pas remboursée de ses frais de campagne. Comme Cécile Prudhomme en Bourgogne-Franche-Comté.
Les soubresauts internes du mouvement écologiste pèsent également sur les finances du parti. Les parlementaires, députés et sénateurs, « rapportent » beaucoup au mouvement : 51 000 euros par élu et par an, tout cumulé. Mais huit d'entre eux ont fait défection depuis le début du quinquennat, notamment François de Rugy et Jean-Vincent Placé. En régime annuel, ces départs privent EELV de 400 000 euros. En juin 2014, la baisse du nombre de parlementaires européens a également pesé sur les comptes. Ils étaient 15, ils ne sont plus que 9. Chaque élu apporte 15 600 euros par an dans la corbeille…
Le financement public coupé
Ces revers de fortune coïncident avec un changement de la règle du jeu contre lequel s'insurge Jean Desessard. Le financement public des partis est amputé de 10 % depuis le vote du budget 2014 de l'État. Pour EELV, dont la dotation publique est de 3,2 millions d'euros par an, la perte tourne autour de 1,4 million d'euros sur la mandature. « Comme tous les partis, on prévoit nos emprunts en fonction des recettes escomptées. Modifier la donne sans préavis nous a plongés dans de graves difficultés », déplore le trésorier.
Ces mauvaises nouvelles accompagnent de douloureux reclassements pour les élus recalés par le suffrage universel et leurs collaborateurs. EELV ne dispose pas, comme le PS et Les Républicains, de puissants relais pour amortir les effets de ce plan social. « On n'assure pas le service après-vente de nos élus. Ceux qui n'ont pas gardé un boulot se retrouvent au chômage s'ils sont battus », réagit Gérard Chausset, adjoint EELV au maire de Mérignac, en Gironde, et ancien vice-président de Bordeaux Métropole. Malgré une longue carrière d'élu, celui-ci a toujours conservé son emploi à la Direccte Aquitaine, l'ancienne Direction du travail…
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