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Ecologiste et lucide

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Après la période de deuil National et la nécessaire réserve après de tels crimes, un débat est engagé sur les propositions du Président de la République et notamment la prolongation de l’état d’urgence et la réforme constitutionnelle.
Au-delà de l’émotion encore très présente, en tant que parti politique qui a l’ambition de « gouverner » nous devons répondre à des questions simples qui se posent dès maintenant, quel que soit les raisons et le diagnostic que l’on peut faire d’ailleurs, c’est ce qu’attendent les citoyens :
1/ comment sécuriser 3 à 4 mille individus déterminés et « radicaux » sur notre sol, quels moyens ? Quelles méthodes ? Ces questions sont concrètes car il y aura des répercussion très simples pour beaucoup d’élus municipaux qui devront se positionner par exemple sur la vidéo surveillance, sur l’armement des policiers municipaux, sur la fouille et le renforcement sécuritaire de lieux publics.
2/ Quelle diplomatie faut-il mener ? Est-ce que pour autant les diplomaties des autre pays d’Europe sont-elles plus recommandables ?
Pour ma part je pense que la France a eu raison d’intervenir au Mali et aussi en Centrafrique, même si on peut rêver d’autre chose et même si notre pays a une part de responsabilité historique dans ce qui se passe.
3/ Faut-il intervenir encore plus militairement en Syrie ? Avec qui ? Sinon y a t – il un avenir pour ces territoires avec DAECH ?
4/ Quelle politique de relation de coopération faut-il mettre en œuvre, qu’est-ce qu’un parti écologiste est en mesure d’accepter comme compromis sur ce terrain-là ?
Le temps long  pour lutter contre le terrorisme est nécessaire, mais l'action rapide en urgence l'est aussi. 3 mois n'est pas un temps long dans un tel conflit et ne me semble pas menacer nos libertés individuelles. Qu'il faille être prudents, poser des gardes fous et être plus qu'exigeant, bien sûr. Le fait que la politique de notre pays ait été à un moment un terreau des exactions d’aujourd’hui, ne nous dispense pas d'aller un peu plus vite pendant un temps pour essayer d'anéantir ces gens prêts à tout qui sévissent ou essaient de sévir.
Ce qui se passe doit bien sûr nous servir à poser les jalons d'une autre façon de faire de la politique et d'aller vers cette sixième république, à laquelle on aspire, mais en attendant, face à la réalité des 129 victimes et des nombreux blessés, nous sommes évidemment dans un moment d'exception, le temps long ne doit pas être opposé à la réactivité et à l’urgence, notre devoir est de ne rien laisser au hasard, quitte à soutenir 3 mois d'état d'urgence.
Pour ces raisons, je suis favorable à l’extension de l'état d'urgence pour 3 mois. C’est une position responsable qui honore notre mouvement. C'est justement le pouvoir d'une démocratie, même imparfaite, même si nous souhaitons une autre société, que de répondre à une situation d'urgence dans un tel moment. Les policiers, l'appareil judicaire, sont avant tout des femmes et des hommes au service de l'Etat et des citoyens et il faut avoir confiance dans notre service public et l’Etat de droit. Bien sûr, il y a débat, certains estiment que les lois actuelles suffisent, que les libertés sont menacées et que l’union sacrée sert les intérêts de la droite dure et extrême. Il peut, il y aura peut-être des dérapages, des erreurs, mais pour l'heure la position d’EELV me semble être la bonne ligne. On peut et doit poser des gardes fous, être exigeants mais nous devons être lucides.
L’état d’urgence temporaire ne menace pas notre liberté individuelle et ne nous empêche pas d'être écologistes. En revanche, la situation de peur, de terrorisme rampant ici et ailleurs est une atteinte fondamentale à notre liberté.
Gérard CHAUSSET
 
 
Vous trouverez ci-dessous le communiqué d’EELV, la position d’Emma COSSE et les interventions de Corinne BOUCHOUX et Cécile DUFLOT au Congrès de Versailles, ainsi que le positon de David CORMAND et un texte de Philippe MEIRIEU.

Attentats du 13 novembre : unis pour la démocratie et nos libertés publiques
Alors que la France est toujours en deuil et que la poursuite des terroristes continue, les écologistes pleurent les victimes des attaques immondes de vendredi dernier et adressent leurs condoléances les plus sincères à leurs familles et à leurs proches.
Si le le débat démocratique doit reprendre, EELV appelle cependant les hommes et femmes politiques à faire preuve d’autant de respect, de dignité et de responsabilité que l’ont montré les forces de l’ordre, les pompiers et personnels de santé ou les enseignants ces derniers jours.
Les écologistes soutiennent le Président de la République dans cette période difficile et comprennent que soit nécessaire de prendre des mesures particulières comme l’état d’urgence. Les écologistes saluent également les annonces de renforts dans la police, le renseignement et la justice.
En aucun cas l’état d’urgence ne peut devenir permanent et c’est donc avec une grande inquiétude que les écologistes accueillent les annonces de réforme de notre Constitution. On ne peut toucher qu’en tremblant à ce texte garant de nos libertés fondamentales et de l’équilibre des pouvoirs et les écologistes seront extrêmement vigilants. La solution passe au contraire par un approfondissement de notre démocratie et de notre cohésion sociale. Cette cohésion passe en particulier par l’égalité des territoires devant les services publics et le développement d’emplois de qualité utiles aux habitants pour mettre fin au sentiment de relégation.
Il faudra également analyser les failles ayant pu avoir lieu qui montrent la nécessité d’une meilleure coordination au niveau européen. Les écologistes continuent de militer pour la mise en place d’un parquet européen doté en particulier d’une section anti-terroriste.
Au niveau international, la priorité doit être donnée à affaiblir Daesh et donc à assécher la manne pétrolière dont il bénéficie. La France doit également obtenir du Qatar ou de l’Arabie Saoudite que ces monarchies s’engagent dans la lutte contre cet ennemi et lui coupent tous les financements dont il a pu bénéficier jusqu’alors.
Enfin, la Conférence climat de décembre doit être maintenue et tous les efforts redoublés pour déboucher sur un accord. La question climatique conditionne à long terme la survie de l’humanité et à court terme les équilibres démographiques. EELV espère que les mobilisations citoyennes pourront être maintenues et se dérouler en sécurité pour préserver nos biens communs, et construire un monde plus juste, durable et solidaire.
Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux 
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Vous pouvez retrouver ce communiqué ainsi que tous les communiqués sur le site eelv.fr 
Vous souhaitez recevoir l’ensemble des communiqués d’EELV sur votre courriel, cliquez ici

 
Intervention d’Emma COSSE
 
Je ne suis pas parlementaire et je sais quelle responsabilité est donnée à nos parlementaires. 
L état d urgence est une mesure exceptionnelle du droit commun, qui ne peut s'accepter que par sa temporalité. Le voter n'est pas un acte anodin, le refuser non plus.
 
Oui, c'est effrayant de se dire plonger dans l état d'urgence qui donne des pouvoirs de police renforcés (perquisitions administratives, surveillance renforcée, etc...) sans contrôle du juge. 
Oui, cela remet en cause un certain nombre de libertés (comme celle de manifester par exemple). 
L'éventail des mesures prises sont importantes (interdiction rassemblement, couvre feu, perquisitions adm). 
 
Il n'empêche que je soutiens la prorogation de l'état d'urgence pour trois mois, dans les conditions restrictives posées par le texte de loi présentées ce matin. 
Je suis juriste de formation, spécialiste des libertés fondamentales et je mesure parfaitement ce que j'écris devant vous aujourd'hui. 
La prorogation de l'état d'urgence, pour une période de 3 mois, encadrée par un contrôle parlementaire, me paraît nécessaire aujourd'hui, dans le temps rapide de l'enquête. C est son caractère temporaire qui le rend acceptable et son encadrement. 
Oui c est un compromis à l'exercice de nos libertés. Mais un compromis que l'on peut accepter par son encadrement. 
 
Et c est pour cela, tout en respectant les positions des uns et des autres, que je ne crois pas que la prorogation de l'état d'urgence mette en danger nos libertés fondamentales. 
 
 
Je suis beaucoup plus réservée sur le projet de réforme constitutionnelle telle qu'évoquée dans les médias (réforme qui ne sera pas adoptée dans l'urgence) sur la permanence de l état d'urgence et de l'état de siège. J'attends vraiment de voir les textes. 
 
Quand à la déchéance de nationalité pour les binationaux, j'y suis totalement opposée comme je l ai expliqué dans libe.fr
Cela ne répond en rien à la surveillance de français (comme ceux impliqués dans les affaires récentes) et stigmatise sur un sujet mineur. 30 personnes déchues de sa nationalité depuis 1990, 6 depuis 2014... 
 
Amities Emma COSSE
 
 
 Corinne Bouchoux, co-présidente du groupe écologiste au Sénat
Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et messieurs les Ministres, Mesdames et messieurs les parlementaires,
Aucun discours, aucun mot ne parviendront, dans un premier temps, à dire notre incommensurable émotion, notre infini chagrin, pour toutes les victimes, leurs familles, leurs proches, leurs amis. Nous songeons aussi à ces blessés qui se battent pour leur survie. Nous songeons à toutes celles et ceux qui ont été traumatisés par ces heures effroyables.
Qu’ils soient assurés de notre solidarité indéfectible.
Que soient remerciés toutes celles et ceux soignants, aidants, médecins, personnels de secours, pompiers, policiers et aussi les militaires qui se sont mobilisés pour de prompts secours, dans des conditions épouvantables, et tous les citoyens qui se sont mobilisés et ont fait preuve de solidarité.
Les pouvoirs publics ont été à la hauteur de la situation. Totalement.
Trois jours de deuil sont proclamés face à l’innommable, à ce que certains redoutaient mais que personne n’a pu prévoir ou déjouer. Saluons aussi ceux qui ont permis une évacuation sécurisée du stade de France évitant de rajouter des bousculades aux drames en cours. Il y a eu du sang froid et beaucoup de maîtrise face à ces six terribles tueries.
Deux décrets furent pris immédiatement pour mettre en place l’état d’urgence pour faire face à une situation inédite. Beaucoup de nos concitoyens n’ont jamais vécu une telle violence sur notre territoire. Ils sont, à juste titre, inquiets de la situation.
Le droit à la sécurité et à la sûreté dans un État de droit est un exercice préalable à l’exercice de toutes les autres libertés auxquelles nous tenons tant.
Des évènements d’une telle ampleur et gravité appellent selon nous à une unité nationale de deuil, de respect face aux défunts. De terribles semaines d’obsèques vont se succéder. Quelle prise en charge pour aider et soulager les familles ? Ceci n’est pas une question secondaire.
Dans un premier temps il ne faut pas sur-jouer nos différences de sensibilité, nos concitoyens ne le comprendraient pas. Ils attendent de nous de la responsabilité, de la dignité et de l’action concertée et le rappel de nos valeurs de démocratie, de débat et d’échange.
Malheureusement cette forme de guerre avec des méthodes innommables se pose à une échelle mondiale et fait suite à des décennies de géopolitique parfois incohérente et dont les conséquences n’ont pas toutes été, pour rien, dans ces catastrophes.
Il faut donc aussi une réponse au plan national, bien sûr, mais également au plan européen avec le renforcement des moyens d’Europol, d’Eurojust et la coopération entre les polices européennes. Au plan international, nous devons agir sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies.
Que n’avons-nous parfois soutenu des pays assez peu démocratiques, vendu des armes à des pays qui en font maintenant l’usage que nous savons contre nous. Il y a aussi des pétro monarchies au jeu ambigu sur lequel nous devrons avoir une introspection critique. Quelles suites de ce qui s’est passé en 2003 en Irak ? Quels effets des actions en Libye en 2009 ? Il y a les conflits au loin (au Moyen Orient par exemple) qui peuvent aussi avoir un impact indéniable sur le ressenti de nos concitoyens qui peuvent ne pas comprendre cette perception à géométrie variable des droits humains.
Nous avons à faire à des procédés de « SUPERTERREUR » qui mêlent visiblement des agissants venus de loin et d’autres qui sont européens. Tout doit être fait pour mener une véritable politique européenne énergique d’aide et de prévention sans laquelle il ne sera pas possible de trouver une solution pérenne.
Dénoncer, en évitant les généralisations abusives, et la stigmatisation d’une partie de nos concitoyens est une ligne ardue qu’il faut tenir.
Ceux qui ont frappé vendredi veulent supprimer notre art de vivre, la culture, la musique, les cafés où chacune et chacun peut se rendre, en toute LIBERTE. Les solutions à cette grave crise ne peuvent passer au plan intérieur par des mesures durablement déraisonnables et liberticides. Même si nous approuvons l’état d’urgence.
Il y a des juges compétents et opérationnels qui sont écartés au motif de logiques de rotation des postes. Mais dans une telle situation il convient de renforcer les moyens humains et matériels des enquêteurs et peut-être revenir sur des textes qui bloqueraient la bonne marche des enquêtes par la continuité du travail.
L’état d’urgence nous place déjà dans une situation qui permet des restrictions de circulation et des actions très importantes et des perquisitions administratives jour et nuit pour faire avancer vite l’enquête. La récupération possible des armes (d’ailleurs nous demandons un fichier obligatoire des armes détenues ET de collection).
Depuis 5 ans ont été votées de très nombreuses lois sur la sécurité et le renseignement. Tous les décrets ne sont d’ailleurs pas pris. Pour autant nous pensons que la solution vient dans les MOYENS, moyens aux juges, aux policiers, aux gendarmes, aux militaires, aux services de renseignement, à ceux qui assurent notre sécurité et pas dans une nouvelle avalanche de textes qui, s’ils augmentent les fichages, ne permettent pas de faire face à ces modes opératoires totalement nouveaux.
Il faut aussi sans amalgame ni raccourci être capable de ne tolérer en aucun cas sur notre territoire des imams ultra radicaux qui propagent des discours de haines et des appels aux meurtres.
Il faut lutter contre les criminels qui viennent d’ailleurs mais aussi voir la question de ceux qui basculent ici via internet et partent vers de funestes expéditions. Il n’est pas possible en démocratie d’arrêter des personnes juste parce qu’elles sont sur un fichier avec une inscription administrative. Mais la lutte contre ces assassins est une priorité absolue. Deux rapports parlementaires ont travaillé, proposé des pistes (même si toutes ne suscitent pas notre enthousiasme) il faut un travail conjoint de toute la représentation nationale avec l’exécutif pour soutenir une résistance sans faille face à cette barbarie.
C’est le Paris jeune, progressiste, multi-culturel qui a été frappé. Avec ces attaques, les terroristes nous disent leur haine du vivre ensemble, du plaisir, du dialogue, de la jeunesse, de la culture, de l’éducation et de la musique. Raison de plus pour rester attentifs à ces lieux et à ces pratiques qui rassemblent, épanouissent et émancipent.
Nous devons rester unis face au deuil mais tout mettre en œuvre pour que les commanditaires et leurs complices ne puissent agir à nouveau. Plus que jamais restons attachés à nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Nous allons nous relever de cet effroyable massacre. Ne pas renoncer à la COP 21, être capable d’organiser des élections, de voter. Et se rappeler qu’au-delà de la réponse sécuritaire, la solution se trouve aussi dans l’éducation.
Nous n’oublierons jamais tous ceux qui étaient au Bataclan et dans Paris et à Saint-Denis vendredi.
La barbarie de ces actes sanguinaires résonne avec l’effroi que nous voyons dans les yeux des Syriens qui cherchent refuge en Europe. Parce que la Nation peut être attaquée, des mesures d’urgence ont été prévues par la Constitution et nos lois. Leur force est leur caractère provisoire et exceptionnel. Leur efficacité est leur référence à nos principes : combattre ceux qui veulent tuer nos libertés en rognant sur nos libertés, c’est leur donner raison.
Les considérations religieuses ou culturelles sont de fausses pistes, sur lesquelles veulent nous entraîner les fomenteurs de guerre civile : c’est l’intégrisme, et la barbarie qui lui est associée, que nous combattons.
Nous surmonterons ensemble cette cruelle épreuve, nous resterons debout, dans un combat long et difficile. L’enjeu est immense. Il tient en trois mots : Liberté, Egalité, Fraternité.
Corinne Bouchoux, co-présidente du groupe écologiste au Sénat
Attentats de Paris:"la démocratie sera notre arme"
 Cécile Duflot, co-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée Nationale.
 
Monsieur le président du Congrès,
monsieur le président du Sénat,
monsieur le Premier ministre,
mesdames et messieurs les ministres,
mes chers collègues,
Ils ont frappé. Lâchement. Violemment. Cruellement. Mortellement. Et les mots manquent pour dire l’effroi qui nous saisit. Ils ont frappé, et nous sommes tous blessés, meurtris à jamais. Ils ont frappés, et je veux dire aux familles endeuillées que leur deuil est aussi le nôtre. Que nous les accompagnons non pas seulement de notre solidarité et de notre compassion, mais aussi de notre fraternité la plus profonde. Je veux dire à la jeunesse de mon pays qui vient de payer un lourd tribut au fanatisme, que nous sommes ensemble dans cette épreuve.
J’interviens à cette tribune au nom des écologistes, mais je suis aussi députée du 11ème arrondissement de Paris. Ces quartiers qui ont été touchés, ce n’est pas par hasard s’ils ont été ciblés. Nos ennemis ont en horreur, le mélange, la tolérance, le métissage et le brassage social qui sont ceux des endroits où ils ont choisi de frapper. Leur stratégie de l’épouvante a précisément visé ce qu’ils tenaient pour des symboles de notre prétendue « dépravation » : le Bataclan et ses soirées sur le trottoir, la bande des Anges, les filles de la Belle Équipe et le petit Cambodge et sa terrasse rieuse qui accueillent une jeunesse multiple, des lieux ou circulent librement des personnes de toutes confessions et de toutes origines. Cette France-là, ils veulent l’assassiner. Mais nous nous défendrons sans coup férir. Et nous resterons debout.
Les écologistes s’inscrivent pleinement dans l’unité nationale à laquelle le Président de la République a appelé. Cette unité nationale, n’impose à quiconque de renoncer à ses convictions mais intime à chacune et chacun de se sentir plus que jamais responsable du destin de notre pays tout entier. En conscience, les écologistes mettent donc leur pas dans ceux du Président de la République pour appeler au dépassement des clivages traditionnels et faire face à la menace qui pèse sur notre population. Notre liberté reste entière, et notre esprit de responsabilité sera total.
Pour protéger les Françaises, les Français et notre pays, nous avons un triple devoir.
Le premier, je viens de le dire, c’est un devoir d’unité. Il ne vaut pas seulement pour les responsables politiques, mais pour le pays tout entier. L’ignoble stratégie de Daesh est de nous diviser par la peur, de nous entraîner dans une spirale de haine, d’opposer ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, de sommer les Français musulmans de se démettre de leur identité démocratique pour se soumettre à une loi barbare. Je veux rappeler ici que notre unité est la meilleure garantie de notre sécurité. C’est ensemble que nous sommes forts, c’est solidaires que nous sommes puissants, c’est rassemblés que nous sommes la France.
Notre deuxième devoir découle du premier, c’est un impératif de dignité et de vigilance.
Notre dignité sera de ne renoncer en rien, jamais, à nos valeurs. Nous serons vigilants pour que notre démocratie n’ait pas à pâtir de la lutte contre le terrorisme.
Ce serait permettre aux terroristes de gagner que de faire reculer nos droits fondamentaux. L’État de droit c’est la garantie que la force de l’Etat respectera les droits de chacun pour défendre les droits de tous. La garantie de l’effectivité dans notre vie quotidienne des idées démocratiques qui sont les nôtres. On ne peut toucher aux libertés publiques qu’en tremblant. Les défendre, c’est donc défendre le pays tout entier, son histoire, prévenir les dérives et l’emballement engendrés par la dureté du combat qui est le nôtre. Face à des fous fanatiques, nous avons plus que jamais besoin de garde-fous démocratiques.
Notre dernier devoir c’est la lucidité. Lucidité sur ce qui se passe dans notre pays, et lucidité sur le contexte international. On parle de radicalisation. Je veux dire ici, que le premier pas vers la radicalisation, c’est la désaffiliation. La désaffiliation, c’est le sentiment de ne pas appartenir au même monde, de ne pas partager les mêmes valeurs. C’est elle que nous devons combattre avec la plus grande énergie. De jeunes Français, nés et élevés en France rejettent notre société si radicalement qu’ils en viennent à faire sécession et à se bricoler un imaginaire refuge véhiculé par les réseaux sociaux et alimenté par le ressentiment. Leur morale est altérée. Leur esprit déraisonne, sous les appels aux meurtres lancés par des prédicateurs qui font de la violence une éthique.
Quand leur pathologie croise la route de manipulateurs sans scrupules, ils finissent gorgés de haine, par se lancer dans des attentats suicides. Haine des autres, haine d’eux même, nihilisme morbide.
Nous devons donc assécher le marais dans lequel se développent les apprentis djihadistes.
Par tous les moyens nécessaires : l’éducation et la coercition, le renforcement des moyens humains consacrés au renseignement et la lutte contre les ghettos et les discriminations, la plus grande fermeté dans notre politique de sécurité et la plus grande détermination dans notre politique de cohésion sociale.
Cette guerre ne se mènera pas seulement sur le terrain militaire. Ils veulent embrigader chez nous des esprits fragiles, rendus manipulables par les frustrations accumulées, ils enrégimentent des déséquilibrés pour en faire des soldats de la haine. Nous devons donc renforcer notre cohésion nationale, rebâtir un sens commun, veiller à ne laisser personne au bord du chemin.
La lucidité c’est aussi de regarder notre monde en face et le rôle qu’y joue la France.
A ceux qui pensent que la COP 21, la conférence sur le climat devrait être annulée, je veux dire ceci. Elle est plus que jamais nécessaire. Pour de multiples raisons, l’urgence climatique, bien sûr. Mais aussi l’argent, qui est le nerf de la guerre. Or, Daesh se finance notamment grâce au pétrole de contrebande. Notre politique écologique devient dès lors une arme en tant que telle. Réduire la place du pétrole et des hydrocarbures, développer l’autonomie énergétique de chaque État grâce aux énergies renouvelables, revient à se soustraire à la toute-puissance des producteurs de pétrole et à tenter d’assécher la manne pétrolière dont profite Daesh.
Mais surtout les conséquences –du dérèglement climatique en impactant l’environnement auront des conséquences géopolitiques importantes.
Il n’y a donc pas d’un côté la lutte pour le climat et de l’autre la lutte contre le terrorisme. Les deux choses sont liées. Le climat peut lui aussi être le nerf de la guerre. Le changement climatique est un multiplicateur de menaces. Le cas de la Syrie est éloquent : 1 million de déplacés internes liés à une sécheresse historique entre 2006 et 2010 ont contribué à la dislocation du pays.
C’est du désordre du monde que nos ennemis tirent leur funeste énergie. Chaque injustice les renforce. La souffrance n’est pas seulement leur arme, elle est aussi leur carburant. Dans le monde, l’armée de réserve des terroristes s’abreuve à la source de la pauvreté, des sécheresses, de la captation des richesses par une minorité. Les Boko Haram, Aqmi, Daesh, prospèrent tous par le chaos, pour le chaos. L’éducation est l’arme la plus affûtée pour leur résister. Formons des esprits libres. Créons les conditions de l’émancipation des peuples de la tutelle de l’ignorance.
La place des femmes dans ce combat est essentielle, et disant cela, je pense aux combattantes kurdes de Kobané, et aussi à toutes celles qui résistent à l’injonction barbare qui leur est faite de se soumettre à la loi des hommes. Il est des hommes si faibles qu’ils masquent leurs abominables forfaits en se drapant dans la prétendue obéissance à la loi de Dieu. Mais quel dieu peut ordonner, de soumettre d’avilir, de violer, de torturer des femmes ? Aucun.
Aucun dieu ne commande d’enlever des enfants à leur famille pour en faire des enfants soldats.
Ceux qui tuent au nom de la religion tuent la religion. Ceux qui sèment la mort au nom d’Allah avilissent le dieu qu’ils prétendent servir et jettent le manteau d’une injuste opprobre sur l’Islam. Car à la vérité voilà le piège qu’ils nous tendent : nous faire craindre nos concitoyens musulmans, nous imposer leur vision folle d’un monde fracturé entre les croyants et les autres. Il veulent nous terroriser. Nous ne leur offrirons pas ce cadeau. Nous resterons nous mêmes. Parce que nous sommes la France et qu’aucun acte de guerre ne nous fera renoncer à nos valeurs. Les musulmans de France sont d’abord des citoyens, ce sont nos frères et nos sœurs en République.
La France, depuis la Révolution française, s’avance dans le concert des nations sous le pavillon d’une devise qui lie indéfectiblement liberté, égalité et fraternité. C’est la poutre porteuse de notre identité politique à laquelle nous donnons le nom de République. Elle est née ici à Versailles par la convocation des états généraux. Sous ce régime nous défendons les droits imprescriptibles des individus. Notre laïcité n’est pas la négation des croyances mais l’organisation harmonieuse de la liberté de chacun de pouvoir croire ce que lui dicte sa foi ou sa raison. L’intime diversité de nos consciences n’est permise que parce nous avons proclamé inaliénable le droit de chacun de vivre sa religion ou son athéisme en paix. La laïcité est notre bien le plus précieux et nous continuerons à la défendre.
Des messages de solidarité du monde entier nous demandent de tenir bon, nous enjoignent à demeurer fidèles à la meilleure part de notre Histoire.
Pour le monde, la France est belle de ses valeurs, magnifique par sa diversité, louée pour son esprit rebelle. C’est tout cela qu’ils ont voulu abattre en frappant lâchement Paris la cosmopolite, Paris la festive, Paris l’érudite, Paris la belle. Paris qui ne sombre pas et ne sombrera jamais dans la haine dont ils nous abreuvent par torrents sanglants.
La France est capable de grandeur. Voilà qu’une fois de plus nous sommes sommés de donner le meilleur de nous-mêmes pour ne pas répondre à l’appel du pire. L’esprit de résistance doit désormais guider chacun de nos actes. Et que nos ennemis le sachent : nous ne capitulerons en aucune manière. Ni sur le terrain de la sécurité de notre peuple, ni dans le domaine des valeurs qui nous fondent comme nation. 
Vous pourrez compter sur notre soutien chaque fois qu’il s’agira de défendre la population de notre pays, l’unité de notre nation, et la force de nos valeurs.
Mes chers collègues notre démocratie est leur cible, elle sera notre arme.
Cécile Duflot, co-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée Nationale.
 
Bonjour à toutes et tous,
 
Les derniers jours et les dernières heures que nous avons vécu et que nous continuons de vivre sont particulièrement éprouvants pour nous toutes et tous.
Les questions qui sont posées à notre démocratie, et les réponses à apporter face à l'agression que nous avons subie sont complexes et méritent de la nuance, du débat, et aussi le respect de principes qui fondent notre république.
La situation est inédite et les comparaisons avec des événements antérieurs sont, à minima, hasardeux.
Pour ma part, je me retrouve parfaitement dans les interventions de nos présidentes de groupes à l'assemblée nationale et au sénat.
Tout comme je souscrits au message d'Emma ci-dessous.
On peut, ou pas, considérer que le dispositif d'Etat d'urgence constitue une réponse adaptée à une situation d'urgence et de menace immédiate de la sécurité des citoyennes et des citoyens de notre pays.
Mais il s'agit là d'une disposition qui n'a pas été créée pour l'occasion.
Y avoir recours ne constitue pas une mesure d'exception... C'est son usage, qui doit être provisoire, qui par définition est exceptionnelle.
Le fait de prolonger de 3 mois l'Etat d'urgence me semble être, dans l'urgence, une réponse nécessaire dans la situation de menace actuelle, dans une période où la France va devoir accueillir une réunion de chefs d'Etats sans précédent dans le cadre de la Cop21.
On pourrait dès lors débattre de la durée... Pourquoi 3 mois? Pourquoi pas 2? Ou 1?
Franchement, je ne suis pas convaincu que ce type de débat serait audible dans un contexte de très grande crispation et de peur de l'opinion.
Il y a un autre sujet qui est pour moi bien plus fondamental qui concerne la création de nouveaux dispositifs, de nouvelles lois, voir la modification de notre constitution.
Nous entrons là dans une toute autre dimension.
Je suis, comme Emma, très réservé sur le principe même d'une modification de la constitution dans l'urgence et dans un climat non serein.
Tout comme je trouverai inacceptable de porter atteinte à l'égalité des citoyen-nes français-es selon le fait qu'ils-elles auraient ou non la double nationalité.
De la même façon, la mise en œuvre d'un dispositif de détention provisoire de suspects me semble porter atteinte à des principes fondamentaux.
Enfin, l'usage dans la période du champ lexical de la guerre me paraît être une erreur qui non seulement accentue l'atmosphère de peur mais encore ne correspond pas à la réalité de la situation. C'est en outre conférer à des terroristes un statut qu'ils revendiquent: celui d'un interlocuteur qui bénéficierait du rang d'"État".
 
Je pense que nous devons parvenir à sérier entre nous, et également pour être audible dans la société, les différents débats et enjeux.
 
De ce point de vu, je crains qu'un refus "de principe" d'un prolongement de l'Etat d'urgence nous éloigne fortement des préoccupations de nos concitoyennes et concitoyens et nous rende moins crédible, j'ose le mot, sur les débats suivants qui sont pour nous, je pense, bien plus fondamentaux: comment lutter durablement et à la source contre le financement de Daech et quels implications géo-diplomatico-economique cela engendre, comment lutter contre la capacité de Daech à recruter de jeunes français-es élevé-es dans notre pays, comment comprendre et faire comprendre la stratégie de "guerre de civilisation" qu'essaye de faire émerger Daech, comment générer une société française et européenne plus inclusive dans un moment ou la tentation de l'exclusion de l'autre est très élevée dans la société et enfin comment notre démocratie doit répondre à la menace sans renoncer aux valeurs qui la fondent.
 
Comme le disait Raphael Gluksmann hier soir au débat qu'Emma a organisé au PanPipper, c'est le combat d'une génération au moins, qui s'ouvre désormais devant nous.
 
Pour être audibles en tant qu'écologistes dans ce débat, je ne suis pas convaincu que le sujet de la prolongation de l'Etat d'urgence soit central, même si, bien entendu, il est légitime.
 
Je forme le voeux que le contexte nouveau qui s'ouvre nous invite désormais à pouvoir aborder ces débats dans un climat adapté, et donc différent de celui dont nous avons l'habitude... C'est à dire serein et respectueux.
L'époque va avoir besoin d'intelligence et d'empathie.
Celles-ci ne peuvent s'épanouir que dans l'écoute et la considération des autres et de leur avis.
 
Amicalement à toutes et tous,David CORMAND.
Prendre soin de l'humain
 
Nous savions que la vie était fragile, que l'humain c'était par moments et que la démocratie était menacée par les forces archaïques qui habitent encore le monde.
 
Nous savions que, face à la vacuité de nos modèles économiques fondés sur la consommation compulsive, notre occident peinait à offrir un autre idéal que l'assujettissement aux intégrismes.
 
Nous savions que tout ce qui nous tient à coeur est mortel et que l'obscurité absolue peut, un jour, faire oublier l'espoir de toute lumière...
 
Que cette nuit terrible où nous avons éprouvé la terreur de la pénombre, nous rappelle notre fragilité et notre finitude.
 
Qu'elle renforce ainsi notre détermination à prendre soin de toute vie, de toute pensée libre, de toute ébauche de solidarité, de toute joie possible.
 
Prendre soin de la vie et de l'humain, avec une infinie tendresse et une obstination sans faille, est, aujourd'hui, la condition de toute espérance.
 
Sachons qu'un seul sourire échangé, un seul geste d'apaisement, aussi minime soit-il, peut encore, contre tous les fatalismes, contribuer à nous sauver de la barbarie...
 Philippe Meirieu
 
 
 
Intervention d’Emma COSSE
Je ne suis pas parlementaire et je sais quelle responsabilité est donnée à nos parlementaires. 
L état d urgence est une mesure exceptionnelle du droit commun, qui ne peut s'accepter que par sa temporalité. Le voter n'est pas un acte anodin, le refuser non plus.
Oui, c'est effrayant de se dire plonger dans l état d'urgence qui donne des pouvoirs de police renforcés (perquisitions administratives, surveillance renforcée, etc...) sans contrôle du juge. 
Oui, cela remet en cause un certain nombre de libertés (comme celle de manifester par exemple). 
L'éventail des mesures prises sont importantes (interdiction rassemblement, couvre feu, perquisitions adm). 
Il n'empêche que je soutiens la prorogation de l'état d'urgence pour trois mois, dans les conditions restrictives posées par le texte de loi présentées ce matin. 
Je suis juriste de formation, spécialiste des libertés fondamentales et je mesure parfaitement ce que j'écris devant vous aujourd'hui. 
La prorogation de l'état d'urgence, pour une période de 3 mois, encadrée par un contrôle parlementaire, me paraît nécessaire aujourd'hui, dans le temps rapide de l'enquête. C est son caractère temporaire qui le rend acceptable et son encadrement. 
Oui c est un compromis à l'exercice de nos libertés. Mais un compromis que l'on peut accepter par son encadrement. 
 
Et c est pour cela, tout en respectant les positions des uns et des autres, que je ne crois pas que la prorogation de l'état d'urgence mette en danger nos libertés fondamentales. 
 
 
Je suis beaucoup plus réservée sur le projet de réforme constitutionnelle telle qu'évoquée dans les médias (réforme qui ne sera pas adoptée dans l'urgence) sur la permanence de l état d'urgence et de l'état de siège. J'attends vraiment de voir les textes. 
 
Quand à la déchéance de nationalité pour les binationaux, j'y suis totalement opposée comme je l ai expliqué dans libe.fr
Cela ne répond en rien à la surveillance de français (comme ceux impliqués dans les affaires récentes) et stigmatise sur un sujet mineur. 30 personnes déchues de sa nationalité depuis 1990, 6 depuis 2014... 
 
Amities Emma COSSE
 
 Corinne Bouchoux, co-présidente du groupe écologiste au Sénat
Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et messieurs les Ministres, Mesdames et messieurs les parlementaires,
Aucun discours, aucun mot ne parviendront, dans un premier temps, à dire notre incommensurable émotion, notre infini chagrin, pour toutes les victimes, leurs familles, leurs proches, leurs amis. Nous songeons aussi à ces blessés qui se battent pour leur survie. Nous songeons à toutes celles et ceux qui ont été traumatisés par ces heures effroyables.
Qu’ils soient assurés de notre solidarité indéfectible.
Que soient remerciés toutes celles et ceux soignants, aidants, médecins, personnels de secours, pompiers, policiers et aussi les militaires qui se sont mobilisés pour de prompts secours, dans des conditions épouvantables, et tous les citoyens qui se sont mobilisés et ont fait preuve de solidarité.
Les pouvoirs publics ont été à la hauteur de la situation. Totalement.
Trois jours de deuil sont proclamés face à l’innommable, à ce que certains redoutaient mais que personne n’a pu prévoir ou déjouer. Saluons aussi ceux qui ont permis une évacuation sécurisée du stade de France évitant de rajouter des bousculades aux drames en cours. Il y a eu du sang froid et beaucoup de maîtrise face à ces six terribles tueries.
Deux décrets furent pris immédiatement pour mettre en place l’état d’urgence pour faire face à une situation inédite. Beaucoup de nos concitoyens n’ont jamais vécu une telle violence sur notre territoire. Ils sont, à juste titre, inquiets de la situation.
Le droit à la sécurité et à la sûreté dans un État de droit est un exercice préalable à l’exercice de toutes les autres libertés auxquelles nous tenons tant.
Des évènements d’une telle ampleur et gravité appellent selon nous à une unité nationale de deuil, de respect face aux défunts. De terribles semaines d’obsèques vont se succéder. Quelle prise en charge pour aider et soulager les familles ? Ceci n’est pas une question secondaire.
Dans un premier temps il ne faut pas sur-jouer nos différences de sensibilité, nos concitoyens ne le comprendraient pas. Ils attendent de nous de la responsabilité, de la dignité et de l’action concertée et le rappel de nos valeurs de démocratie, de débat et d’échange.
Malheureusement cette forme de guerre avec des méthodes innommables se pose à une échelle mondiale et fait suite à des décennies de géopolitique parfois incohérente et dont les conséquences n’ont pas toutes été, pour rien, dans ces catastrophes.
Il faut donc aussi une réponse au plan national, bien sûr, mais également au plan européen avec le renforcement des moyens d’Europol, d’Eurojust et la coopération entre les polices européennes. Au plan international, nous devons agir sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies.
Que n’avons-nous parfois soutenu des pays assez peu démocratiques, vendu des armes à des pays qui en font maintenant l’usage que nous savons contre nous. Il y a aussi des pétro monarchies au jeu ambigu sur lequel nous devrons avoir une introspection critique. Quelles suites de ce qui s’est passé en 2003 en Irak ? Quels effets des actions en Libye en 2009 ? Il y a les conflits au loin (au Moyen Orient par exemple) qui peuvent aussi avoir un impact indéniable sur le ressenti de nos concitoyens qui peuvent ne pas comprendre cette perception à géométrie variable des droits humains.
Nous avons à faire à des procédés de « SUPERTERREUR » qui mêlent visiblement des agissants venus de loin et d’autres qui sont européens. Tout doit être fait pour mener une véritable politique européenne énergique d’aide et de prévention sans laquelle il ne sera pas possible de trouver une solution pérenne.
Dénoncer, en évitant les généralisations abusives, et la stigmatisation d’une partie de nos concitoyens est une ligne ardue qu’il faut tenir.
Ceux qui ont frappé vendredi veulent supprimer notre art de vivre, la culture, la musique, les cafés où chacune et chacun peut se rendre, en toute LIBERTE. Les solutions à cette grave crise ne peuvent passer au plan intérieur par des mesures durablement déraisonnables et liberticides. Même si nous approuvons l’état d’urgence.
Il y a des juges compétents et opérationnels qui sont écartés au motif de logiques de rotation des postes. Mais dans une telle situation il convient de renforcer les moyens humains et matériels des enquêteurs et peut-être revenir sur des textes qui bloqueraient la bonne marche des enquêtes par la continuité du travail.
L’état d’urgence nous place déjà dans une situation qui permet des restrictions de circulation et des actions très importantes et des perquisitions administratives jour et nuit pour faire avancer vite l’enquête. La récupération possible des armes (d’ailleurs nous demandons un fichier obligatoire des armes détenues ET de collection).
Depuis 5 ans ont été votées de très nombreuses lois sur la sécurité et le renseignement. Tous les décrets ne sont d’ailleurs pas pris. Pour autant nous pensons que la solution vient dans les MOYENS, moyens aux juges, aux policiers, aux gendarmes, aux militaires, aux services de renseignement, à ceux qui assurent notre sécurité et pas dans une nouvelle avalanche de textes qui, s’ils augmentent les fichages, ne permettent pas de faire face à ces modes opératoires totalement nouveaux.
Il faut aussi sans amalgame ni raccourci être capable de ne tolérer en aucun cas sur notre territoire des imams ultra radicaux qui propagent des discours de haines et des appels aux meurtres.
Il faut lutter contre les criminels qui viennent d’ailleurs mais aussi voir la question de ceux qui basculent ici via internet et partent vers de funestes expéditions. Il n’est pas possible en démocratie d’arrêter des personnes juste parce qu’elles sont sur un fichier avec une inscription administrative. Mais la lutte contre ces assassins est une priorité absolue. Deux rapports parlementaires ont travaillé, proposé des pistes (même si toutes ne suscitent pas notre enthousiasme) il faut un travail conjoint de toute la représentation nationale avec l’exécutif pour soutenir une résistance sans faille face à cette barbarie.
C’est le Paris jeune, progressiste, multi-culturel qui a été frappé. Avec ces attaques, les terroristes nous disent leur haine du vivre ensemble, du plaisir, du dialogue, de la jeunesse, de la culture, de l’éducation et de la musique. Raison de plus pour rester attentifs à ces lieux et à ces pratiques qui rassemblent, épanouissent et émancipent.
Nous devons rester unis face au deuil mais tout mettre en œuvre pour que les commanditaires et leurs complices ne puissent agir à nouveau. Plus que jamais restons attachés à nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Nous allons nous relever de cet effroyable massacre. Ne pas renoncer à la COP 21, être capable d’organiser des élections, de voter. Et se rappeler qu’au-delà de la réponse sécuritaire, la solution se trouve aussi dans l’éducation.
Nous n’oublierons jamais tous ceux qui étaient au Bataclan et dans Paris et à Saint-Denis vendredi.
La barbarie de ces actes sanguinaires résonne avec l’effroi que nous voyons dans les yeux des Syriens qui cherchent refuge en Europe. Parce que la Nation peut être attaquée, des mesures d’urgence ont été prévues par la Constitution et nos lois. Leur force est leur caractère provisoire et exceptionnel. Leur efficacité est leur référence à nos principes : combattre ceux qui veulent tuer nos libertés en rognant sur nos libertés, c’est leur donner raison.
Les considérations religieuses ou culturelles sont de fausses pistes, sur lesquelles veulent nous entraîner les fomenteurs de guerre civile : c’est l’intégrisme, et la barbarie qui lui est associée, que nous combattons.
Nous surmonterons ensemble cette cruelle épreuve, nous resterons debout, dans un combat long et difficile. L’enjeu est immense. Il tient en trois mots : Liberté, Egalité, Fraternité.
Corinne Bouchoux, co-présidente du groupe écologiste au Sénat
Attentats de Paris:"la démocratie sera notre arme"
 Cécile Duflot, co-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée Nationale.
 
Monsieur le président du Congrès,
monsieur le président du Sénat,
monsieur le Premier ministre,
mesdames et messieurs les ministres,
mes chers collègues,
Ils ont frappé. Lâchement. Violemment. Cruellement. Mortellement. Et les mots manquent pour dire l’effroi qui nous saisit. Ils ont frappé, et nous sommes tous blessés, meurtris à jamais. Ils ont frappés, et je veux dire aux familles endeuillées que leur deuil est aussi le nôtre. Que nous les accompagnons non pas seulement de notre solidarité et de notre compassion, mais aussi de notre fraternité la plus profonde. Je veux dire à la jeunesse de mon pays qui vient de payer un lourd tribut au fanatisme, que nous sommes ensemble dans cette épreuve.
J’interviens à cette tribune au nom des écologistes, mais je suis aussi députée du 11ème arrondissement de Paris. Ces quartiers qui ont été touchés, ce n’est pas par hasard s’ils ont été ciblés. Nos ennemis ont en horreur, le mélange, la tolérance, le métissage et le brassage social qui sont ceux des endroits où ils ont choisi de frapper. Leur stratégie de l’épouvante a précisément visé ce qu’ils tenaient pour des symboles de notre prétendue « dépravation » : le Bataclan et ses soirées sur le trottoir, la bande des Anges, les filles de la Belle Équipe et le petit Cambodge et sa terrasse rieuse qui accueillent une jeunesse multiple, des lieux ou circulent librement des personnes de toutes confessions et de toutes origines. Cette France-là, ils veulent l’assassiner. Mais nous nous défendrons sans coup férir. Et nous resterons debout.
Les écologistes s’inscrivent pleinement dans l’unité nationale à laquelle le Président de la République a appelé. Cette unité nationale, n’impose à quiconque de renoncer à ses convictions mais intime à chacune et chacun de se sentir plus que jamais responsable du destin de notre pays tout entier. En conscience, les écologistes mettent donc leur pas dans ceux du Président de la République pour appeler au dépassement des clivages traditionnels et faire face à la menace qui pèse sur notre population. Notre liberté reste entière, et notre esprit de responsabilité sera total.
Pour protéger les Françaises, les Français et notre pays, nous avons un triple devoir.
Le premier, je viens de le dire, c’est un devoir d’unité. Il ne vaut pas seulement pour les responsables politiques, mais pour le pays tout entier. L’ignoble stratégie de Daesh est de nous diviser par la peur, de nous entraîner dans une spirale de haine, d’opposer ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, de sommer les Français musulmans de se démettre de leur identité démocratique pour se soumettre à une loi barbare. Je veux rappeler ici que notre unité est la meilleure garantie de notre sécurité. C’est ensemble que nous sommes forts, c’est solidaires que nous sommes puissants, c’est rassemblés que nous sommes la France.
Notre deuxième devoir découle du premier, c’est un impératif de dignité et de vigilance.
Notre dignité sera de ne renoncer en rien, jamais, à nos valeurs. Nous serons vigilants pour que notre démocratie n’ait pas à pâtir de la lutte contre le terrorisme.
Ce serait permettre aux terroristes de gagner que de faire reculer nos droits fondamentaux. L’État de droit c’est la garantie que la force de l’Etat respectera les droits de chacun pour défendre les droits de tous. La garantie de l’effectivité dans notre vie quotidienne des idées démocratiques qui sont les nôtres. On ne peut toucher aux libertés publiques qu’en tremblant. Les défendre, c’est donc défendre le pays tout entier, son histoire, prévenir les dérives et l’emballement engendrés par la dureté du combat qui est le nôtre. Face à des fous fanatiques, nous avons plus que jamais besoin de garde-fous démocratiques.
Notre dernier devoir c’est la lucidité. Lucidité sur ce qui se passe dans notre pays, et lucidité sur le contexte international. On parle de radicalisation. Je veux dire ici, que le premier pas vers la radicalisation, c’est la désaffiliation. La désaffiliation, c’est le sentiment de ne pas appartenir au même monde, de ne pas partager les mêmes valeurs. C’est elle que nous devons combattre avec la plus grande énergie. De jeunes Français, nés et élevés en France rejettent notre société si radicalement qu’ils en viennent à faire sécession et à se bricoler un imaginaire refuge véhiculé par les réseaux sociaux et alimenté par le ressentiment. Leur morale est altérée. Leur esprit déraisonne, sous les appels aux meurtres lancés par des prédicateurs qui font de la violence une éthique.
Quand leur pathologie croise la route de manipulateurs sans scrupules, ils finissent gorgés de haine, par se lancer dans des attentats suicides. Haine des autres, haine d’eux même, nihilisme morbide.
Nous devons donc assécher le marais dans lequel se développent les apprentis djihadistes.
Par tous les moyens nécessaires : l’éducation et la coercition, le renforcement des moyens humains consacrés au renseignement et la lutte contre les ghettos et les discriminations, la plus grande fermeté dans notre politique de sécurité et la plus grande détermination dans notre politique de cohésion sociale.
Cette guerre ne se mènera pas seulement sur le terrain militaire. Ils veulent embrigader chez nous des esprits fragiles, rendus manipulables par les frustrations accumulées, ils enrégimentent des déséquilibrés pour en faire des soldats de la haine. Nous devons donc renforcer notre cohésion nationale, rebâtir un sens commun, veiller à ne laisser personne au bord du chemin.
La lucidité c’est aussi de regarder notre monde en face et le rôle qu’y joue la France.
A ceux qui pensent que la COP 21, la conférence sur le climat devrait être annulée, je veux dire ceci. Elle est plus que jamais nécessaire. Pour de multiples raisons, l’urgence climatique, bien sûr. Mais aussi l’argent, qui est le nerf de la guerre. Or, Daesh se finance notamment grâce au pétrole de contrebande. Notre politique écologique devient dès lors une arme en tant que telle. Réduire la place du pétrole et des hydrocarbures, développer l’autonomie énergétique de chaque État grâce aux énergies renouvelables, revient à se soustraire à la toute-puissance des producteurs de pétrole et à tenter d’assécher la manne pétrolière dont profite Daesh.
Mais surtout les conséquences –du dérèglement climatique en impactant l’environnement auront des conséquences géopolitiques importantes.
Il n’y a donc pas d’un côté la lutte pour le climat et de l’autre la lutte contre le terrorisme. Les deux choses sont liées. Le climat peut lui aussi être le nerf de la guerre. Le changement climatique est un multiplicateur de menaces. Le cas de la Syrie est éloquent : 1 million de déplacés internes liés à une sécheresse historique entre 2006 et 2010 ont contribué à la dislocation du pays.
C’est du désordre du monde que nos ennemis tirent leur funeste énergie. Chaque injustice les renforce. La souffrance n’est pas seulement leur arme, elle est aussi leur carburant. Dans le monde, l’armée de réserve des terroristes s’abreuve à la source de la pauvreté, des sécheresses, de la captation des richesses par une minorité. Les Boko Haram, Aqmi, Daesh, prospèrent tous par le chaos, pour le chaos. L’éducation est l’arme la plus affûtée pour leur résister. Formons des esprits libres. Créons les conditions de l’émancipation des peuples de la tutelle de l’ignorance.
La place des femmes dans ce combat est essentielle, et disant cela, je pense aux combattantes kurdes de Kobané, et aussi à toutes celles qui résistent à l’injonction barbare qui leur est faite de se soumettre à la loi des hommes. Il est des hommes si faibles qu’ils masquent leurs abominables forfaits en se drapant dans la prétendue obéissance à la loi de Dieu. Mais quel dieu peut ordonner, de soumettre d’avilir, de violer, de torturer des femmes ? Aucun.
Aucun dieu ne commande d’enlever des enfants à leur famille pour en faire des enfants soldats.
Ceux qui tuent au nom de la religion tuent la religion. Ceux qui sèment la mort au nom d’Allah avilissent le dieu qu’ils prétendent servir et jettent le manteau d’une injuste opprobre sur l’Islam. Car à la vérité voilà le piège qu’ils nous tendent : nous faire craindre nos concitoyens musulmans, nous imposer leur vision folle d’un monde fracturé entre les croyants et les autres. Il veulent nous terroriser. Nous ne leur offrirons pas ce cadeau. Nous resterons nous mêmes. Parce que nous sommes la France et qu’aucun acte de guerre ne nous fera renoncer à nos valeurs. Les musulmans de France sont d’abord des citoyens, ce sont nos frères et nos sœurs en République.
La France, depuis la Révolution française, s’avance dans le concert des nations sous le pavillon d’une devise qui lie indéfectiblement liberté, égalité et fraternité. C’est la poutre porteuse de notre identité politique à laquelle nous donnons le nom de République. Elle est née ici à Versailles par la convocation des états généraux. Sous ce régime nous défendons les droits imprescriptibles des individus. Notre laïcité n’est pas la négation des croyances mais l’organisation harmonieuse de la liberté de chacun de pouvoir croire ce que lui dicte sa foi ou sa raison. L’intime diversité de nos consciences n’est permise que parce nous avons proclamé inaliénable le droit de chacun de vivre sa religion ou son athéisme en paix. La laïcité est notre bien le plus précieux et nous continuerons à la défendre.
Des messages de solidarité du monde entier nous demandent de tenir bon, nous enjoignent à demeurer fidèles à la meilleure part de notre Histoire.
Pour le monde, la France est belle de ses valeurs, magnifique par sa diversité, louée pour son esprit rebelle. C’est tout cela qu’ils ont voulu abattre en frappant lâchement Paris la cosmopolite, Paris la festive, Paris l’érudite, Paris la belle. Paris qui ne sombre pas et ne sombrera jamais dans la haine dont ils nous abreuvent par torrents sanglants.
La France est capable de grandeur. Voilà qu’une fois de plus nous sommes sommés de donner le meilleur de nous-mêmes pour ne pas répondre à l’appel du pire. L’esprit de résistance doit désormais guider chacun de nos actes. Et que nos ennemis le sachent : nous ne capitulerons en aucune manière. Ni sur le terrain de la sécurité de notre peuple, ni dans le domaine des valeurs qui nous fondent comme nation. 
Vous pourrez compter sur notre soutien chaque fois qu’il s’agira de défendre la population de notre pays, l’unité de notre nation, et la force de nos valeurs.
Mes chers collègues notre démocratie est leur cible, elle sera notre arme.
Cécile Duflot, co-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée Nationale.
 
Bonjour à toutes et tous,
 
Les derniers jours et les dernières heures que nous avons vécu et que nous continuons de vivre sont particulièrement éprouvants pour nous toutes et tous.
Les questions qui sont posées à notre démocratie, et les réponses à apporter face à l'agression que nous avons subie sont complexes et méritent de la nuance, du débat, et aussi le respect de principes qui fondent notre république.
La situation est inédite et les comparaisons avec des événements antérieurs sont, à minima, hasardeux.
Pour ma part, je me retrouve parfaitement dans les interventions de nos présidentes de groupes à l'assemblée nationale et au sénat.
Tout comme je souscrits au message d'Emma ci-dessous.
On peut, ou pas, considérer que le dispositif d'Etat d'urgence constitue une réponse adaptée à une situation d'urgence et de menace immédiate de la sécurité des citoyennes et des citoyens de notre pays.
Mais il s'agit là d'une disposition qui n'a pas été créée pour l'occasion.
Y avoir recours ne constitue pas une mesure d'exception... C'est son usage, qui doit être provisoire, qui par définition est exceptionnelle.
Le fait de prolonger de 3 mois l'Etat d'urgence me semble être, dans l'urgence, une réponse nécessaire dans la situation de menace actuelle, dans une période où la France va devoir accueillir une réunion de chefs d'Etats sans précédent dans le cadre de la Cop21.
On pourrait dès lors débattre de la durée... Pourquoi 3 mois? Pourquoi pas 2? Ou 1?
Franchement, je ne suis pas convaincu que ce type de débat serait audible dans un contexte de très grande crispation et de peur de l'opinion.
Il y a un autre sujet qui est pour moi bien plus fondamental qui concerne la création de nouveaux dispositifs, de nouvelles lois, voir la modification de notre constitution.
Nous entrons là dans une toute autre dimension.
Je suis, comme Emma, très réservé sur le principe même d'une modification de la constitution dans l'urgence et dans un climat non serein.
Tout comme je trouverai inacceptable de porter atteinte à l'égalité des citoyen-nes français-es selon le fait qu'ils-elles auraient ou non la double nationalité.
De la même façon, la mise en œuvre d'un dispositif de détention provisoire de suspects me semble porter atteinte à des principes fondamentaux.
Enfin, l'usage dans la période du champ lexical de la guerre me paraît être une erreur qui non seulement accentue l'atmosphère de peur mais encore ne correspond pas à la réalité de la situation. C'est en outre conférer à des terroristes un statut qu'ils revendiquent: celui d'un interlocuteur qui bénéficierait du rang d'"État".
 
Je pense que nous devons parvenir à sérier entre nous, et également pour être audible dans la société, les différents débats et enjeux.
 
De ce point de vu, je crains qu'un refus "de principe" d'un prolongement de l'Etat d'urgence nous éloigne fortement des préoccupations de nos concitoyennes et concitoyens et nous rende moins crédible, j'ose le mot, sur les débats suivants qui sont pour nous, je pense, bien plus fondamentaux: comment lutter durablement et à la source contre le financement de Daech et quels implications géo-diplomatico-economique cela engendre, comment lutter contre la capacité de Daech à recruter de jeunes français-es élevé-es dans notre pays, comment comprendre et faire comprendre la stratégie de "guerre de civilisation" qu'essaye de faire émerger Daech, comment générer une société française et européenne plus inclusive dans un moment ou la tentation de l'exclusion de l'autre est très élevée dans la société et enfin comment notre démocratie doit répondre à la menace sans renoncer aux valeurs qui la fondent.
 
Comme le disait Raphael Gluksmann hier soir au débat qu'Emma a organisé au PanPipper, c'est le combat d'une génération au moins, qui s'ouvre désormais devant nous.
 
Pour être audibles en tant qu'écologistes dans ce débat, je ne suis pas convaincu que le sujet de la prolongation de l'Etat d'urgence soit central, même si, bien entendu, il est légitime.
 
Je forme le voeux que le contexte nouveau qui s'ouvre nous invite désormais à pouvoir aborder ces débats dans un climat adapté, et donc différent de celui dont nous avons l'habitude... C'est à dire serein et respectueux.
L'époque va avoir besoin d'intelligence et d'empathie.
Celles-ci ne peuvent s'épanouir que dans l'écoute et la considération des autres et de leur avis.
 
Amicalement à toutes et tous,David CORMAND.
Prendre soin de l'humain
 
Nous savions que la vie était fragile, que l'humain c'était par moments et que la démocratie était menacée par les forces archaïques qui habitent encore le monde.
 
Nous savions que, face à la vacuité de nos modèles économiques fondés sur la consommation compulsive, notre occident peinait à offrir un autre idéal que l'assujettissement aux intégrismes.
 
Nous savions que tout ce qui nous tient à coeur est mortel et que l'obscurité absolue peut, un jour, faire oublier l'espoir de toute lumière...
 
Que cette nuit terrible où nous avons éprouvé la terreur de la pénombre, nous rappelle notre fragilité et notre finitude.
 
Qu'elle renforce ainsi notre détermination à prendre soin de toute vie, de toute pensée libre, de toute ébauche de solidarité, de toute joie possible.
 
Prendre soin de la vie et de l'humain, avec une infinie tendresse et une obstination sans faille, est, aujourd'hui, la condition de toute espérance.
 
Sachons qu'un seul sourire échangé, un seul geste d'apaisement, aussi minime soit-il, peut encore, contre tous les fatalismes, contribuer à nous sauver de la barbarie...
 Philippe Meirieu
 
 
 

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