Soumis par Anonyme le
ROCADE DE BORDEAUX. — Le colloque organisé par la CCI tourne au plaidoyer pour le triplement
Les trois voies se font désirer : Jean-Pierre Deroudille 17 OCT 2003
« L’agglomération bordelaise est en danger parce qu’on y fabrique le plus grand bouchon d’Europe dans la plus grande indifférence », a dénoncé Laurent Courbu, hier
PHOTO CLAUDE PETIT
L’approche des périodes électorales est toujours un excellent moment pour faire monter les enchères chez les politiques et la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux (CCIB) n’ignore rien des recettes du lobbying. Elle avait ainsi organisé hier une rencontre entre les « grands élus » régionaux pour qu’ils s’engagent fermement et publiquement devant le ministre de l’équipement, Gilles de Robien, en faveur des grands projets d’infrastructures qu’elle défend.
Courbu hausse le ton. Laurent Courbu, président de la CCIB, qui a appris à hausser le ton depuis qu’il désespère de voir le moindre chantier entrepris pendant son mandat, s’est montré ferme : « Le bilan est extrêmement inquiétant. L’agglomération bordelaise est en danger parce qu’on y fabrique le plus grand bouchon d’Europe dans la plus grande indifférence. Il n’y a aucun projet de mise à deux fois trois voies de la rocade de Pessac au Pont d’aquitaine. Nous attendons que les élus s’engagent devant nous ! »
Le président de la CCIB s’est aussi inquiété de l’avenir de l’Aquitaine, dont la seconde ville, Pau, est en train de passer dans l’orbite toulousaine, faute de liaison rapide et sûre.
Le colloque, qui avait été convoqué pour évoquer l’ensemble des problèmes d’infrastructures s’est vite centré sur l’urgent : cette rocade dont l’actuel contrat de plan Etat-Région n’évoque que les études de mises à deux fois trois voies. Dominique Ducassou, vice-président (UMP) de la Communauté urbaine, qui représentait Alain Juppé, a profité de l’occasion pour déplorer ce qu’il considère comme une lacune du contrat de plan, tandis que Philippe Madrelle rappelait qu’il défendait depuis vingt ans un franchissement autoroutier en aval de la Garonne « s’appuyant sur la presqu’île d’Ambès pour desservir le port et l’aéroport ».
Protéger les résidants. Alain Rousset, qui faisait figure d’accusé, puisque le contrat de plan est négocié avec l’Etat par la Région, s’est défendu avec vigueur : « Je ne suis pas réticent sur le dossier ; j’y suis totalement favorable. Mais je demande aux services de l’Equipement de prévoir auparavant les protections phoniques nécessaires. On ne peut pas pendre le risque de provoquer une mobilisation des habitants contre le projet, au risque de le rendre impossible. »
Gilles de Robien, ministre de l’Equipement prenait note avec calme : « La rocade doit être une priorité forte du futur contrat de plan, c’est vital pour Bordeaux. » L’émoi est grand en effet dans les milieux économiques et professionnels depuis le lancement du débat public sur le futur contournement autoroutier.
Beaucoup craignent que la perspective de cet équipement à l’horizon 2015, voire plutôt 2020, ne serve à éluder le triplement de la rocade, qui est, pour sa part, une urgence que chacun peut constater tous les jours et presqu’à toute heure. Si lointain, le contournement semblait beaucoup plus consensuel et surtout évident à tous ceux qui constatent le développement grandissant du trafic de poids lourds en transit entre la péninsule ibérique et le reste de l’Europe.
Seul Gérard Chausset, conseiller communautaire (Verts), s’est élevé contre le projet, qu’il considère surtout comme propre à attirer de nouveaux trafics routiers indésirables et polluants. En revanche, pas opposé au triplement de la rocade, il s’interroge sur ce qu’on ferait de la troisième voie qui pourrait être, selon lui, réservée aux transports en commun.