Back to top

Les propositions de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE): succombent au charme d’un « nouveau nucléaire »

Accueil » Les propositions de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE): succombent au charme d’un « nouveau nucléaire »
Fichiers joints: 

Certes, Emmanuel MACRON n’a jamais caché son intention de ne pas sortir du nucléaire, les français n’ont pas élu un écologiste. Pour autant, l’entrée au gouvernement de Nicolas HULOT laissait penser qu’un nouveau deal pouvait se conclure entre le projet d’une économie ouverte et l’urgence écologique. Nous sommes de nombreux écologistes à soutenir cette démarche ouverte.
 
Patatras, la démission de Nicolas HULOT fut un signe avant coureur.
Certes les annonces de la PPE ne sont pas neutres et nombre de mesures proposées permettront une avancée sur les ENR et le mixe énergétique.
 
Je conçois la nécessité de repousser l’échéance à 2035 de 50 % de part de nucléaire dans la production d’électricité, et l’annonces de fermeture de 12 à 14 réacteurs (qui de toute façon arriveront en fin de vie)  est une première. Mais l’échéance majoritaire d’ici 2035 laisse le champ libre à un renouvellement des sites dans le futur et au développement du « nouveau nucléaire », comme si l’atome pouvait se réformer. La proposition n’est pas sécurisée politiquement car les futures majorités pourront revenir sur ces choix car les fermetures ne seront pas engagées vraiment.
 
Pour vraiment maintenir ce cap de 50 % et surtout se laisser la possibilité de sortir du nucléaire un jour, même si ce n’est pas le choix actuel, il faut surtout ne pas essayer d’y rester, coûte que coûte et d’espérer sur les progrès de la filière. L’EPR, malgré le gouffre qu’il constitue est en quelque sorte relancé, à EDF de jouer.
 
Antinucléaire de conviction, je ne me satisfais pas des mesures prises, c’est pour moi une sorte de pis aller qui repousse à près de dix ans de vraies fermetures et une anticipation réelle de la baisse de l’énergie nucléaire. Car n’en doutons pas, il y aura encore des débats, des combats pour repousser ces échéances, et les futures majorités politiques auront tout le loisir de succomber au charme du « nouveau nucléaire ».
L’annonce du président concernant le conflit dit des Gilets Jaunes, qui n’est autre que celui de l’impasse du tout voiture et du déficit de justice sociale et territoriale, est elle aussi décevante.
Le débat annoncé de la transition écologique décentralisé pendant 3 mois sera nécessaire et utile, mais en attendant, la transition écologique a plus besoin d’un accompagnement social et territorial  que d’une taxe carbone flottante.
 
Gérard CHAUSSET
Adjoint au maire de Mérignac
Président de la commission Transport de Bordeaux Métropole
 
L'ADEME "La France pourrait atteindre 85 % d'EnR"
Article ACTU ENVIRONNEMENT
Programmation énergétique : le détail par filière et par secteur
Le gouvernement a enfin dévoilé le contenu de la programmation pluriannuelle pour les dix ans à venir. Les grands objectifs avaient déjà été annoncés mais leur déclinaison par filière et par secteur a été précisée.
 
Emmanuel Macron a présenté, ce mardi, les grands axes de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), qui fixe la trajectoire énergétique de la France pour les dix prochaines années. Des annonces détaillées dans la foulée par le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy. Le gouvernement confirme l' objectif de sortie des énergies fossiles d'ici 2050 et la baisse de la part du nucléaire à 50 % d'ici 2035, sans nouvelle fermeture durant ce quinquennat. Pour réussir cette transition, il mise sur une montée en puissance des énergies renouvelables les plus compétitives, avec un doublement de la capacité électrique installée d'ici 2028. Il mise en parallèle sur une baisse de la consommation finale d'énergie de 7 % en 2023 par rapport à 2012 et de 14 % en 2028.
Une concertation de trois mois sera lancée dans les territoires pour élaborer des solutions et des outils de mise en oeuvre de la PPE.
Baisse de la consommation fossile de 35 % d'ici 2028
Le président de la République a confirmé l'ambition française de neutralité carbone d'ici 2050. Cela passe par la fermeture des centrales à charbon d'ici à 2022. Coté demande, le gouvernement table sur une baisse de 20 % de la consommation primaire d'énergies fossiles en 2023 par rapport à 2012 et de 35 % en 2028. Les secteurs des transports, du bâtiment et de l'industrie seront particulièrement ciblés.
Ainsi, en matière de transports, François de Rugy a rappelé les objectifs européens : atteindre 80g CO2/km pour les véhicules neufs en 2020 et 60 gCO2/km en 2025. Le gouvernement mise également sur le déploiement de 1,2 millions de véhicules électriques d'ici 2023 et 4,8 millions d'ici 2028 et sur la mise sur le marché de véhicules thermiques consommant 4l/100 km d'ici 2030.
Le gouvernement table également sur 2,5 millions de logements rénovés de manière performante ou très performante en 2023. Il prévoit aussi "le remplacement de 10.000 chauffages charbon (la moitié de ceux restants) et 1 million de chaudières fioul (sur un parc restant de 3 millions) par du chauffage plus performant ; 9,5 millions de logements chauffés au bois avec un appareil efficace ; 3,4 millions d'équivalents logements raccordés à un réseau chaleur". La nouvelle réglementation sur les bâtiments rendra obligatoire un taux minimum de chaleur renouvelable dans tous les bâtiments neufs (individuel, collectif et tertiaire) dès 2020 et en intégrera un critère sur les émissions de gaz à effet de serre sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment.
L'industrie sera également mise à contribution. Elle devra réduire de 75 % sa consommation de charbon, hors sidérurgie, d'ici 2028 au profit de la biomasse.
ENR : doublement des capacités électriques
La PPE réaffirme l'objectif de 40 % de la production électrique renouvelable à l'horizon 2030 (contre 17 % en 2017), en se concentrant sur les filières les plus compétitives. Le soutien public en faveur des énergies renouvelables devrait passer de 5,5 milliards en 2019 à 8 milliards d'ici dix ans, a indiqué le ministre. Le fonds chaleur sera porté à 315 M€ en 2019, 350 M€ en 2020 et 2021 puis 339 M€ en 2022.
Le parc éolien terrestre sera multiplié par trois pour atteindre entre 34,1 et 35,6 GW en 2028, avec un objectif intermédiaire de 24,6 GW en 2023, se situant dans la fourchette de l'objectif fixé dans la PPE actuelle.
Quatre nouveaux appels d'offres devraient être lancés pour l'éolien en mer, pour développer 1 GW d'éolien posé en 2020 et 1,5 GW en 2023-2024, 250 MW d'éolien flottant en Bretagne en 2019 et 250 MW en Méditerranée en 2020. Après cette date, le rythme de développement devrait être de 500 MW par an. Au total, l'éolien offshore devrait représenter 2,4 GW en 2023 (parcs déjà attribués) et 4,7 à 5,2 GW en 2028.
Le parc photovoltaïque sera multiplié par cinq, pour atteindre de 35,6 à 44,5 GW en 2028, et 20,6 GW en 2023, soit un peu plus que l'objectif haut de la PPE actuelle, fixé à 20,2 GW. Les installations au sol seront privilégiées, pour limiter les coûts.
Le parc hydroélectrique sera "renforcé" et atteindra 25,7 GW en 2023, et entre 26,4 et 26,7 GW en 2028.
"Le gaz va continuer à jouer un rôle important dans notre stratégie énergétique", a déclaré Emmanuel Macron. Alors que le biogaz représente aujourd'hui 0,1 % de la consommation de gaz, le gouvernement veut atteindre 10 % en 2030, sous condition d'une baisse des coûts. "Des plafonds de prix seront mis en place, et si les coûts de production ne baissent pas autant qu'attendu, le rythme de construction de nouvelles capacités de production sera adapté", indique le gouvernement.
Les objectifs fixés pour la méthanisation sont de 0,27 GW en 2023 et entre 0,34 et 0,41 GW en 2028. Au total, la production de chaleur renouvelable augmentera de 40 à 59 % d'ici 2028.
Nucléaire : 4 à 6 réacteurs fermés en dix ans
Le président de la République a confirmé la baisse de la part du nucléaire à 50 % d'ici 2035. Pour y parvenir, 14 réacteurs seront fermés, a-t-il annoncé. Les deux réacteurs de Fessenheim seront fermés d'ici 2020, quatre à six autres réacteurs le seront entre 2025 et 2030. Le rythme de fermeture sera déterminé en fonction de la sécurité d'approvisionnement, des interconnexions avec les voisins européens et de la montée en puissance des énergies renouvelables. Le gouvernement a déjà identifié les sites qui pourraient être concernés par une ou plusieurs fermetures : Tricastin, Bugey, Saint Laurent, Le Blayais, Gravelines, Dampierre, Cruas et Chinon. Le choix définitif sera déterminé par la vétusté, l'ampleur des travaux de mise à niveau à engager et l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il devrait être annoncé à la fin de la concertation de trois mois avec les territoires. Aucun site ne fermera complètement, a précisé Emmanuel Macron. En revanche, les sites où des réacteurs seront fermés pourront être utilisés pour construire de nouveaux réacteurs, a indiqué François de Rugy.
Sur cette question justement, aucune décision n'a été prise par le gouvernement. Celui-ci a demandé à EDF de lui remettre d'ici 2021 un programme détaillant les avancées technologiques attendues et l'évolution des coûts. Le gouvernement planchera également sur l'avenir d'EDF et sur son éventuelle restructuration, avec notamment la création de filiales.
Sophie Fabrégat, journaliste
Rédactrice en chef adjointe
© Tous droits réservés Actu-Environnement Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur ou établissement d'un lien préformaté [32474] / utilisation du flux d'actualité.
Vidéo sur le même thème
Rénovation énergétique : les Hauts-de-France, chefs de file du tiers-financement La résidence Hélène à Montataire, dans l'Oise, avait besoin d'un sérieux coup de jeune. Datant des années 70, les deux tours sont devenues de véritables passoires énergétiques. Grâce au Hauts-de-France Pass Copropriété, l'opération de rénovation énergétique a été un succès. - 19/03/2018
 

Partager

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
This question is for testing whether or not you are a human visitor and to prevent automated spam submissions.
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.