LIGNE D L'impatience gagne du terrain

Publié le 23/09/2013 à 06h00
Par Hervé Pons

L’impatience des Oui au tram gagne du terrain Travaux en avril 2014, au mieux

Par une randonnée cycliste sur le tracé de la ligne D, ponctuée de rencontres avec des élus, l’association manifeste son impatience à voir les travaux démarrer.

Le départ des cyclistes, samedi aux Quinconces, pour un parcours avec prises de parole.

Y aurait-il, sur le tracé de la future ligne D du tram, une fracture entre les élus de gauche et les élus de droite ? La géographie veut que ceux de gauche soient en bout de ligne (les maires du Taillan et d’Eysines, respectivement Ludovic Freygefond et Christine Bost), et ceux de droite en tête de stations (Alain Juppé à Bordeaux ; Patrick Bobet au Bouscat). Ceux de gauche veulent le tram au plus vite et ceux de droite se montreraient un peu moins pressés.

Dans le jeu, viennent s’immiscer les membres de l’association Oui au tram qui n’en peuvent plus d’attendre et qui aimeraient avoir des réponses claires et nettes sur le calendrier des travaux, et en conséquence sur celui de l’ouverture de la ligne.

D’après le dernier planning, les travaux de la ligne D commenceront en avril 2014 par les déplacements de réseaux. L’ouverture de la ligne interviendra trois ans plus tard, au printemps 2017 donc.

L’association Oui au tram s’est créée en juin 2007 à l’initiative de quelques riverains en réponse à l’action de commerçants de la rue Fondaudège opposés au projet de ligne D de tramway passant par leur rue. L’association a organisé, depuis lors, des rassemblements en « pleine rue » afin d’expliquer pourquoi elle milite pour le tram. Elle décline une amélioration du cadre de vie avec une ville apaisée, moins polluée et moins bruyante.

Elle met en avant une circulation dans la ville facilitée et la revitalisation urbaine des quartiers traversés par le tramway.

« L’objectif unique de notre association est de montrer aux élus politiques que la très grande majorité des citoyens attendent le tramway, en particulier dans le secteur Fondaudège », écrit Oui au tram sur son site Internet. En novembre 2008, 4 000 personnes avaient signé une pétition en faveur de la ligne D, et 320 personnes avaient adhéré à l’association, dont plusieurs commerçants. Oui au tram a participé aux réunions de concertation publique organisées par la CUB dans toutes les communes desservies par la ligne D.

Coups de pédales et paroles

Samedi, plusieurs dizaines de membres de Oui au tram ont organisé une randonnée cycliste tout au long du tracé de la ligne D, en partant des Quinconces à Bordeaux, pour arriver trois heures plus tard au centre d’Eysines.

Un petit rythme pour les mollets qui s’explique par des arrêts de prises de parole. Chemin faisant les manifestants ont pu s’entretenir avec l’élue bordelaise Anne Walryck, le vice-président Vert de la CUB Gérard Chausset en charge du dossier, le maire UMP du Bouscat Patrick Bobet et les maires socialistes Ludovic Freygefond et Christine Bost, ces trois derniers étant aussi des élus communautaires.

À Bordeaux, on sait que pour Alain Juppé l’urgence est moins au démarrage des travaux qu’à la concertation (en cours) sur le nouveau tracé des lignes de bus entre Quinconces et Barrière du Médoc.

De fait, il semble clair que les travaux du tram ne démarreront pas à Bordeaux avant les élections municipales, soit après mars 2014.

Le parking d’abord

Le maire du Bouscat Patrick Bobet défend de son côté une position invariable, réaffirmée encore mardi dernier en réunion publique : « Les travaux du tramway ne débuteront qu’après le doublement de capacité du parking Denis, avenue de la Libération. Je refuse la double peine pour les commerçants, à savoir un parking en travaux et une voirie en chantier ».

Manque de chance pour ceux qui réclament le tram au plus vite, un premier appel d’offres pour le parking a été invalidé ; la procédure est donc à recommencer.

Les commerçants justement, Gérard Chausset rappelle que la plupart d’entre eux sont las d’attendre, de ne pas savoir quand ils pourront investir, ou vendre, dans tous les cas agir. « Les services de la CUB sont prêts pour démarrer les travaux », assure l’élu vert. Une chose est certaine : attendre conduira à des surcoûts. Les entreprises seront en droit de réclamer des pénalités de retard et les devis, annoncés il y a deux ou trois ans, n’iront pas à la baisse.

Ludovic Freygefond, à vélo dans le cortège comme Christine Bost et Gérard Chausset, interrogé par les manifestants à l’entrée de l’hippodrome a indiqué que son Conseil municipal avait voté une motion en faveur du tram et de sa réalisation au plus vite.

« Que pouvons-nous faire aujourd’hui ? », lui demande le président de Oui au Tram, Laurent Prévost. « Ce que vous faites, vous exprimer et demander une réunion entre tous les élus concernés ».

Christine Bost rectifie quand elle entend les manifestants dire que rien ne se fait : « Ce n’est pas vrai, des travaux sont en cours, mais ils ne se voient pas ». Elle affiche la même détermination que son voisin du Taillan et s’agace que l’on puisse penser le contraire.

Reste une solution, que suggère Gérard Chausset : « Les travaux pourraient commencer en accordant une parenthèse au Bouscat, le temps de réaliser le parking ». En suivant le raisonnement, pourquoi les travaux ne commenceraient-ils pas au bout, au Taillan/Eysines, le temps aussi que les Bordelais achèvent la concertation en cours sur les bus ?