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Une postion constante article de Février 2010
Transports gratuits : Bordeaux peut-elle suivre Libourne ?
La gratuité des transports en commun est souvent évoquée comme une solution contre le « tout voiture » mais Bordeaux ne s’y essaie qu’au moment des pics de pollution. A Libourne, qui l’applique depuis 2010, la fréquentation a doublé. Mais son modèle n’est pas simple à dupliquer.
Par Xavier Ridon publié le 21/10/2016 à 18h10
A l’été 2014, la communauté urbaine de Bordeaux (CUB, future Bordeaux Métropole) décrétait la gratuité des transports, une mesure « exceptionnelle » prise à l’occasion de pics de pollution. Les valideurs des bus, tram et Batcub avaient été arrêtés, les parcs-relais ouverts, les vélo VCub disponibles vraiment librement, sur simple dépôt d’une caution histoire qu’ils ne disparaissent pas dans la nature. Ces trois jours de gratuité avait coûté 400000 euros à la Cub.
Chez le voisin libournais, la gratuité est… quotidienne. Depuis 1992, la ville a lancé le réseau Libus avec plusieurs lignes « somme toute à vocation scolaire », explique Philippe Buisson, maire PS de la ville. Le bilan n’était selon lui pas follichon :
« Des bus urbains circulaient toute la journée à vide. Il faut dire que sur les villes moyennes comme Libourne, les distances sont courtes et les problèmes de stationnements sont moindres. »
Le nombre de voyages augmente tout de même et atteint progressivement les 350000 voyageurs par an en 2008, dans une ville aux 23725 âmes cette année là. Gilbert Mitterrand – maire de l’époque et fils de qui vous savez – instaure alors une gratuité progressive.
Deux fois plus de voyageurs
Dès janvier 2009, les Libournais de moins de 18 ans en bénéficient. 120 euros annuels pour l’abonnement bus des scolaires restent ainsi dans le porte-monnaie des parents. Un an et demi plus tard, l’âge n’est plus demandé et tous les habitants en profitent. Aujourd’hui, les 70000 habitants des 28 communes de la communauté d’agglomération du Libournais (Cali) peuvent profiter des bus gratuits de Libourne (mais pas de l’agglo).
En place depuis 1989, Gilbert Mitterrand démissionne en 2011 et cède son fauteuil à Philippe Buisson (réélu en 2014). Le modèle de gratuité perdure car en 7 ans le nombre de voyageurs a… doublé (près de 700000 en 2015) !
« On a presque un problème de capacités aux heures de pointe », précise l’édile.
Craintes lors de la mise en place, les incivilités ne se sont pas multipliées, assure Philippe Buisson, pour qui le bilan carbone est forcément meilleur même s’il n’a pas été chiffré :
« Ça laisse nécessairement des voitures au garage dans la mesure où les collégiens ou lycéens ont pris l’habitude de rejoindre leur établissement scolaire en bus alors qu’avant c’était leur parent qui les amenaient. »
Une source d’inspiration
Parallèlement à ce choix politique, les tarifs de stationnements dans le centre-ville ont été rehaussés et des parkings gratuits sont restés en périphérie de la bastide.
Niort, son agglo et ses 110000 habitants, ont pris conseil auprès de Libourne pour passer aux transports en commun gratuit en 2017. Bordeaux pourrait elle imiter sa voisine ? Philippe Buisson en doute :
« C’est un modèle économique viable sur les villes moyennes. Je ne sais pas s’il est pertinent sur les grands agglos. »
Car la recette annuelle des billets du réseau Libus au moment de passer à la gratuité atteignait 250000 euro. Cette perte de recette a été compensé par le versement de la taxe transport demandée aux entreprises libournaises de plus de neuf salariés.
Bordeaux Métropole perdrait 72 millions d’euros de recettes si c’était le cas, pour un coût effectif de 30 à 40 millions d’euros, si on déduit les charges liées aux transports payants (billettique, contrôleurs…). Too big for free ?
Service compris
Ce n’est pas la seule question, estime Jean-Marc Offner, directeur de l’a’urba, l’agence d’urbanisme de l’agglo bordelaise, et spécialiste des transports :
« La gratuité fait venir du monde, et d’un point de vue du droit à la mobilité, ça marche. Mais si la question est d’amplifier du report modal de la voiture vers les transports collectifs, c’est moins sûr. La voiture coute généralement plus cher que le car et si les gens ne l’utilisent pas, c’est le plus souvent parce que ce n’est pas compétitif en temps de transport, notamment. Aussi, on constate souvent que ce sont des piétons ou des personnes âgées qui utilisent beaucoup les transports gratuits. »
Un avis que partage Gérard Chausset, président écologiste de la commission transport de Bordeaux Métropole :
« L’arbitrage entre moyens de transports ne se fait pas sur le prix, loin de là, mais sur la qualité du service. Aujourd’hui, qui doit monter dans les transports en commun ou prendre son vélo ? Pas les étudiants ou les gens qui n’ont pas les moyens d’avoir une voiture, ils le font déjà, mais les salariés. Si le service est gratuit mais fonctionne mal, ils ne le feront pas. Or si on encombre les bus avec des gens qui parfois n’ont rien à y faire, on prend le risque d’avoir un service dégradé. »
A Bordeaux Métropole, seuls les élus communistes défendent la gratuité totale des transports. Autant dire que cette idée généreuse, mais délicate à appliquer, est loin d’avoir la majorité.
Transports en commun à Bordeaux Métropole : TBM revoit son tarif social
Publié
le 22/10/2016 .
Mis à jour à
09h39
par Sudouest.fr
La tarification sociale sur TBM sera provisoire de juillet 2017 à juillet 2018, avant le passage à une grille définitive. ©
photo stéphane lartigue
Article abonnés Nouveaux tarifs sociaux en 2017 sur le réseau. Il y aura des gagnants mais aussi des perdants
Les élus de Bordeaux Métropole ont voté hier une nouvelle tarification dite « solidaire » qui entrera en vigueur en juillet 2017 sur le réseau de transports de l'agglomération (TBM). Assise sur le niveau de revenu du foyer, elle ouvrira les tarifs réduits à beaucoup plus de monde qu'aujourd'hui. Mais certaines catégories d'usagers perdront la gratuité dont ils bénéficient sur TBM, à commencer par les chômeurs célibataires. Ce qui suscite l'ire des associations de chômeurs, dont plusieurs ont perturbé le déroulement du conseil de Métropole, hier matin.
Le quotient familial
Aux cris de « on s'est battu pour l'obtenir, on se battra pour la garder », une petite vingtaine de personnes a bruyamment interrompu la présentation de la délibération. Le calme ne revenant pas, Alain Juppé, président de la Métropole, a décidé une suspension de séance. Pendant ce temps, les manifestants étaient reçus dans une salle à part par le vice-président chargé des transports en commun, Christophe Duprat. Ce dernier a tenté de décrypter, dans une ambiance légèrement tendue au départ, la nouvelle tarification. « La loi SRU, en vigueur depuis 2000, nous impose de lier les tarifs sociaux de TBM au revenu du foyer, et non au statut des personnes. Nous n'avons plus le droit de faire la gratuité pour un chômeur parce qu'il est chômeur. Désormais, le quotient familial devient le critère majeur », a-t-il détaillé.
Revoyure en septembre
Problème : s'il ouvre la tarification sociale a plus de monde (en fonction des revenus), notamment les familles modestes, le système défavorise en premier lieu les chômeurs célibataires. Ce que les associations de chômeurs, dont AC ! Gironde et l'Apeis (Association pour l'emploi, l'information et la solidarité des chômeurs et travailleurs précaires), contestent vivement. La future tarification ne bénéficiera pas aux plus démunis, estiment-elles. Pour les rassurer, Christophe Duprat a rappelé que cette tarification appliquée à titre provisoire de juillet à décembre 2017, « de façon à voir combien de personnes sont susceptibles d'y perdre. Après, on verra comment on fait ». Le vice-président s'est engagé à consulter les associations de chômeurs en septembre prochain, avant fixation de la grille définitive pour 2018. De retour dans l'hémicycle, les choses se sont mieux passées puisque la nouvelle tarification, jugée plus juste car calée sur les revenus réels des foyers, a été votée à l'unanimité. Toutefois, Vincent Feltesse (PS) a regretté que « l'ambition redistributrice de 2011 » (il présidait alors la CUB), qui accorderait un tarif social sur d'autres services que les transports, soit oubliée. Alain Juppé, lui, a reconnu qu' « il y a un problème pour les chômeurs célibataires, pour qui c'est aujourd'hui gratuit et qui paieront 4,56 € par mois ». Pour eux, comme le dit Christophe Duprat, on attend la fin de 2017, et « on verra ».
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De 50 % à 90 % d'abattement
tbm Si la nouvelle tarification solidaire adoptée hier suscite la colère des associations de chômeurs, elle fait en revanche l'unanimité parmi les élus. Ils estiment qu'elle apportera plus d'équité et de justice sociale. Mais au fait, qu'est-ce qui va changer vraiment ? À compter du 1er juillet 2017 à titre provisoire, et au 1er juillet 2018 de façon définitive, elle s'appliquera aux seuls abonnements mensuels. Grande nouveauté, c'est le quotient familial qui devient la base de calcul, et non plus le statut. En fonction des revenus, tous les membres d'un foyer pourront bénéficier de trois tranches d'abattement de 50 %, 75 % ou 90 %. La gratuité sera maintenue pour les seuls demandeurs d'asile et les anciens combattants. Aujourd'hui, la tarification sociale concerne 45 600 usagers. Demain ? Plus de monde, puisque les enfants d'un foyer éligible aux tarifs, par exemple, y auront droit, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Concernant les chômeurs célibataires, la Métropole veut attendre de savoir combien ils seront, avant de voter une forme de gratuité.
Les autres votes, des accidents à « l’incident »
Parmi les autres dossiers votés hier, le bilan 2015 de la sécurité routière dans l’agglomération. Les chiffres ne sont pas bons, avec 1 308 accidents corporels, soit plus de 3,5 par jour (+4 % par rapport à 2014). Mais depuis 2010, les accidents sont en recul de 10 %. Et l’on meurt moins dans les rues du Grand Bordeaux : 24 tués en 2010, contre 16 en 2014 et 13 en 2015. Dans plus d’un tiers des cas, les accidents sont liés à un refus de priorité. Viennent ensuite la vitesse excessive ou le non-respect des distances de sécurité (28,5 % des cas). Parmi les accidentés, les cyclistes sont en augmentation (+4,6 %), tout comme les deux-roues motorisés (+9,4 %). Bref, en faisant plus attention et en réduisant sa vitesse, la situation serait meilleure.
« Une profonde erreur »
S’il y a un domaine où la Métropole n’entend pas ralentir, en revanche, c’est celui de la mutualisation des services. Et ce malgré « l’incident » abondamment commenté hier. Soit cette note interne des directeurs des services (DGS) d’une dizaine de communes de la Métropole critiquant ouvertement les conditions de la mutualisation en cours (notre édition du 17 octobre). « Une tempête dans un verre d’eau », pour Alain Juppé. Pour preuve, Bordeaux vient de recevoir le prix Territoria 2016, décerné par l’Observatoire national de l’innovation publique, pour son expérience de mutualisation à la carte.
Pour Max Guichard (PC, Cenon), ce prix ne signifie pas grand-chose : « Il faut prendre en compte la note des DGS car elle fait suite à plusieurs interpellations portées par le personnel et les syndicats, sans jamais être entendues ».
Il faut faire une pause, une remise à plat de ce processus, au risque de rencontrer un conflit aux formes imprévisibles ». Mais pour Alain Juppé comme pour Alain Anziani (PS, Mérignac), pas question de lever le pied : « La mutualisation est un succès, même si tout n’est pas parfait. Il ne peut pas y avoir de position d’un directeur des services différente de celle de son maire. D’ailleurs, ce qu’ils disent est ce que nous disons : il faut plus de moyens, plus de décentralisation, nous y travaillons. Mais suspendre le mouvement, franchement, non ! Sept communes (dont trois nouvelles, NDLR) veulent rejoindre la mutualisation et on leur fermerait la porte ? Ce serait une profonde erreur ».
Gérard Chausset (EELV, Mérignac) a eu beau expliquer que « les gens s’arrachent les cheveux », cela n’a pas fait ciller Alain Juppé.
D. L.
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