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KLAUS, une catastrophe pas naturelle !
Moins de dix ans après la tempête de 1999, qui sonnait comme un avertissement au moment où on changeait de millénaire, le grand Sud Ouest est touché en plein cœur. Ce n’est plus un avertissement mais un rappel a l’ordre : l’empreinte écologique de notre civilisation est devenue insupportable pour les lois de la nature !
Certes nous nous devons aujourd’hui de venir au secours des populations sinistrées, rétablir les réseaux, indemniser les victimes, sauver la part de forêt qui peut l’être, mais la tempête est venue nous rappeler que notre modèle actuel, basé sur le tout camion, le tout voiture, le tout électrique, le tout pétrolier, et surtout le tout libéral, nous a rendu esclave d’un modèle de développement insoutenable, lourd de conséquences pour l’environnement, l’économie en général et le Sud-Ouest en particulier.
Oui, Il y a toujours eu des tempêtes, des canicules, des inondations ou des sécheresses, ce qui change, c’est leur violence, leur intensité, leur force, leur durée, leur répétition et cela n’est qu’un début, il faut le dire.
Plus que jamais, la perspective des dérèglements climatiques doit nous conduire à accélérer le chantier des mutations économiques et celui de la conversion écologique. Selon les scénarios du GIEC, l’Aquitaine serait la première région touchée avec notamment une augmentation des températures moyennes entre 4°C et 6°C (soit dans la fourchette haute des modélisations du GIEC qui prévoient à l’horizon 2010 entre +1,4 et +5,8 °C par rapport à 1990)
Alors que l’urgence est là, le fameux Grenelle est long, lent, remis en cause en permanence avec pour seule mesure concrète, mettre les voitures anciennes à la casse pour en acheter de nouvelles.
Pendant ce temps, l’enfouissement des réseaux électriques ne suffira pas pour pallier la fragilité de notre production centralisée d’électricité nucléaire qui nécessite de longues lignes, contrairement aux productions locales et renouvelables.
Pendant ce temps, peut on accepter de perdre la moitie du massif forestier tous les dix ans ? C’est peut être l’heure de rompre avec la monoculture du pin pour favoriser la bio diversité et diversifier la filière bois.
Dans cette guerre contre les changements climatiques, se cantonner à une politique curative serait illusoire.
Il faut investir dans le long terme, dans des process décentralisés que l’on maîtrise localement, initier des circuits courts de production, développer des solutions écologiques de proximité, investir sur les énergies propres, éolien, solaire et énergie bois, biomasse, les transports collectifs, la rénovation du bâtiment.
Nous devons lancer un plan Marshall vert pour sauver ce qui peut l’être.
Ce plan Marshall doit également reposer sur un nouveau mode de gouvernance au niveau Régional, National et Européen. Il nous faut tirer les conséquences de la fragilité de notre organisation centralisée, verticalisée et notre manière de concevoir l’aménagement du territoire issue de l’après guerre. Les fortes crises appellent des réponses régionales axées sur le renforcement des solidarités locales, le développement de sources énergétiques de proximité, la préservation de la biodiversité et sans doute une remise en cause d’un système agricole basé sur la juxtaposition de monoculture qui en fait un colosse aux pieds d’argiles.
La bio diversité n’est pas qu’une affaire de nature c’est aussi un modèle de société qu’il faut organiser dès maintenant pour préserver l’avenir à moins de 30 ans.
A situation exceptionnelle, il faut une politique exceptionnelle !
Gérard CHAUSSET, Vice Président (VERT) de la Communauté Urbaine de Bordeaux.