Back to top

Futur pont Simone-Veil à Bordeaux : un retard aux lourdes conséquences

Accueil » Futur pont Simone-Veil à Bordeaux : un retard aux lourdes conséquences

Un à trois ans de retard pour le futur pont entre Bordeaux, Bègles et Floirac. Incompréhension des élus et de la population qui peine à circuler.

« Dramatique ». Maire de Floirac, Jean-Jacques Puyobrau ne trouve pas d’autre mot pour qualifier la tuile qui vient de tomber sur le futur pont Simone-Veil, qui doit être le huitième franchissement de l’agglomération de Bordeaux. « On ne comprend pas, je peux vous dire que ça gueule !  » révèle un élu proche d’Alain Juppé. Jeudi soir, le président de Bordeaux Métropole a donc annoncé que le pont Simone-Veil ne sera pas ouvert à la circulation en mai 2020, comme initialement prévu, mais au mieux en mai 2021, et au pire en 2023.

Désaccord Métropole/Fayat

En cause, un désaccord entre le groupe Fayat, constructeur de l’ouvrage, et la Métropole, sur le procédé technique de construction. Prétextant un risque sur la sécurité, Fayat réclame une rallonge de 18 millions d’euros (sur un marché de 70 millions) et de 24 mois pour renforcer les bâtardeaux où seront coulées les piles du pont. Mais le bureau d’études Egis, qui assiste la Métropole, affirme que les protections prévues dans le marché sont tout à fait suffisantes. Querelle d’experts en vue. Un médiateur va être désigné par le tribunal administratif de Bordeaux pour trancher. En attendant, Fayat a stoppé le chantier.

Chacun campe sur ses positions. Bordeaux ne veut pas revivre sur la Garonne le dérapage de la Cité du vin, avec un surcoût de 20 millions d’euros lié à un problème technique. « Nous ne pouvons accepter un tel surcoût », a déclaré Alain Juppé au sujet du pont. Pour le maire EELV de Bègles (l’une des trois communes qui seront desservies par le pont, avec Bordeaux et Floirac), Clément Rossignol-Puech, « c’est une très mauvaise nouvelle ». L’élu vient d’écrire au président de la Métropole pour demander une révision du plan de circulation dans sa commune, « pour que la circulation de transit soit maîtrisée ». Sa commune est saturée aux heures de pointe, en raison des difficultés à traverser la Garonne.

La rédaction vous conseille

Quel impact pour la voie sur berge ? 

Mais les déboires du pont Simone-Veil ne justifient pas selon lui un rétablissement de la voie sur berge en mode autoroute. Même si sa transformation progressive en boulevard urbain, avec carrefours à feux et vitesse limitée à 50 km/h, il y a deux semaines, se traduit par d’énormes bouchons entre Bègles et Bordeaux.

Clément Rossignol-Puech estime également que le retard sur le pont Veil ne doit pas remettre en question la fermeture du pont de pierre aux voitures. Le vieux pont est réservé aux piétons et vélos depuis août 2017, à titre expérimental. Le 5 juillet, la Métropole doit prendre une décision définitive. « Il ne faut pas revenir en arrière », soutient-il.

Le pont de pierre rouvert aux voitures ?

Ce n’est pas du tout l’avis de son collègue d’en face, le maire PS de Floirac. Catastrophé par le retard du futur pont, Jean-Jacques Puyobrau demande au contraire, et avec force, la réouverture du pont de pierre. « J’étais favorable à cette expérience, sous réserve que des mesures soient prises pour améliorer la circulation sur les quais rive droite. Cela a été fait, mais sans résultat. Ça ne marche pas. Il faut donc rouvrir le pont de pierre aux voitures, au moins le temps que le pont Veil soit mis en service. »

À Floirac, plusieurs programmes immobiliers (hôtels, bureaux…) vont être gelés en attendant la reprise du chantier du futur pont. Le maire estime par ailleurs que les solutions transitoires permettant un bon accès à la nouvelle salle de spectacles Arena vont devoir être « pérennisées voire renforcées en l’absence du pont. Nous avions deux ans à tenir, si c’est trois ou cinq ans de plus, ce n’est pas pareil. Il va falloir des moyens supplémentaires ».

Président de la commission transports à la Métropole, l’élu mérignacais Gérard Chausset ne cache pas son incompréhension :

« Soit Fayat a un vrai doute, il veut se garantir, et il faut vite le dissiper. Soit c’est la Métropole qui a mal défini son cahier des charges, et alors là… Fayat est l’un des gros du BTP, ce pont est dans ses cordes. Egis, c’est aussi le top des bureaux d’études. Mais il peut toujours y avoir une erreur. Ce que je ne comprends pas, c’est que si les études techniques n’étaient pas assez poussées, pourquoi le constructeur s’est-il avancé si loin dans le chantier sans les entreprendre en priorité ? »

Sous-sol difficile

Directeur général du groupe qui porte son nom, Laurent Fayat explique en effet, il a manqué dans le cahier des charges des études hydrogéologiques poussées. La construction aurait donc démarré sans disposer de tous les documents techniques nécessaires. Et les ouvriers seraient tombés sur un os en attaquant vraiment les travaux. Laurent Fayat certifie que le lit du fleuve en amont de Bordeaux n’a rien à voir avec celui de l’aval, où le pont Chaban-Delmas a été construit en 2012. Le sous-sol du pont Veil n’offre pas la même résistance. Un constat qui intervient beaucoup trop tard, selon la Métropole.

Vendredi, cette discussion saisie sur les réseaux sociaux : « Quelqu’un sait ce qui se passe sur la rocade, bloquée pendant une heure sens Bordeaux-Paris ? » « Il fait beau, le week-end approche, le pont Chaban est levé, c’est Bordeaux… »

Entre ras-le-bol et résignation, les embarras de la circulation sont devenus une habitude : « C’est Bordeaux ». Cet échange illustre à la fois la difficulté des déplacements et le manque de ponts. Le retard du pont Veil n’a pas fini de se faire sentir.

Pont Saint-Jean : sa transformation retardée ?

Transformer le pont Saint-Jean en boulevard urbain : c’est-à-dire passer ce franchissement de 2x3 à 2x1 voies pour les voitures, en réserver une troisième pour un transport en commun en site propre et aménager une quatrième pour les vélos et piétons. Enfin, redessiner les deux extrémités.


Sud Ouest

Crédit photo : Thierry David

Voilà le chantier qui devait débuter dans la foulée de l’ouverture du pont Simone-Veil. Le retard annoncé de sa mise en service pose donc un souci à Euratlantique. Le point avec Stéphan de Faÿ, directeur général de l’établissement public d’aménagement.

« Sud Ouest » Quand l’avez-vous appris ?

Stéphan de Faÿ Jeudi matin. Nous ne sommes pas dans l’urgence puisque c’est dans trois ans, mais néanmoins d’ici à fin juillet, nous devrons avoir une vision précise des conséquences pour nous.

C’est-à-dire ?

Si le pont Veil ne prend qu’un an de retard, vu la marge qu’on s’était laissée parce que sur ce type d’ouvrage, les décalages sont normaux, ce sera indolore pour nous. En revanche, si la médiation échoue entre la Métropole et le groupement Fayat, si la Métropole doit repasser un marché avec un nouveau constructeur, cela changera la donne pour nous.

Vous ne pourrez évidemment pas fermer Saint-Jean, si Veil n’est pas ouvert ?

Tout à fait. Il faudra qu’on conduise différemment le chantier du pont Saint-Jean, sur un temps plus long et par segments plus courts afin de ne pas perturber les déplacements. Le surcoût pour nous pourrait être d’une fois et demie le coût initial.

Les logements qui sortent côté Belcier apporteront-ils beaucoup de nouveaux habitants avec voitures ?

La question du franchissement n’est pas la priorité, c’est l’amélioration de la circulation au quotidien qu’il faut viser. Côté Belcier, les travaux conduits sur la rocade – suppression de l’épi, et de l’étranglement à l’entrée du pont Mitterrand -, le chantier de la trémie qui permettra d’éviter le secteur où les feux ont été installés vont apporter de la respiration. La direction de la mobilité de la Métropole régule déjà mieux ses feux d’ailleurs.

Et dans le quartier de la gare ?

Nous allons remettre d’ici peu la rue Carle-Vernet en double sens. Et depuis une semaine, nous avons ouvert une nouvelle rue, celle des Gamins (« gamins » était le nom donné aux apprentis de la soufflerie de verre) : globalement, ce secteur retrouve déjà de la fluidité. Il reste à traiter le carrefour du BEC (Bordeaux étudiants club).

Et côté rive droite ?

Les logements qui vont sortir de terre dans les trois années seront plutôt du côté du belvédère. Les livraisons aux abords de l’Arena n’interviendront pas avant 2023–2024.

Partager

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
This question is for testing whether or not you are a human visitor and to prevent automated spam submissions.
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.