Back to top

Le développement commercial de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac est-il une obligation?

Accueil » Le développement commercial de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac est-il une obligation?

 

La corissance de l'aéroport fait débat, article de Sud Ouest

Vous trouverez ci-dessous mon courrier au Préfet auquel je demande l'arrêt des projets d'extension avec la mise en oeuvre d'études préalables et un débat. Un courrier assez similaire est transmis au Maire de Mérignac et au Président de la Métropole leur demandant d'agir en ce sens au sein du Conseil de Surveillance de l'aéroport.    En effet nous sommes un certain nombre d’élus à avoir pris position contre la privatisation de l’aéroport en 2011 afin qu’il reste sous le contrôle des collectivités locales notamment et des acteurs économiques locaux. Aujourd’hui, il est temps que ce principe vertueux soit mis à l’épreuve. Vous trouverez également  reportage de France Bleue Gironde et la chronique de Dominique Seux de France Inter qui illustre bien le sujet de l'aviation civile.

                         

Courrier au Préfet du 04 avril 2019

 

Madame la Préfète

Daté du 29 mars, un article du journal Sud Ouest annonce que l’aéroport de Bordeaux Mérignac atteindra plus de 10 millions de voyageurs d’ici 5 ans grâce aux investissements qu’il initie et aux projets de modernisation développés et apparemment validés par le Conseil de Surveillance. Parallèlement, dans sa course au développement et au business, l’aéroport va agrandir le parking P4 de 900 places avec en prévision 2000 places supplémentaires.

Suite à cet article et aux échanges que j’ai pu avoir notamment avec le Maire de Mérignac, je m’étonne des annonces faites et des dispositions prises par l’aéroport sans que les conséquences de sa très forte croissance (doublement en quelques années) soient réellement connues, évaluées et débattues. Ce sujet est très sensible, vous en conviendrez.

Si je ne remets pas en cause l’intérêt et l’utilité du transport aérien ainsi que l’attractivité qu’il génère pour l’agglomération pour autant le transport aérien fait aussi débat sur plusieurs points. D’abord, est-il nécessaire d’atteindre 10 millions de voyageurs? Sur quel base économique cet objectif est fixé ?

Je m’étonne ainsi qu’un tel développement,  ne soit absolument pas débattu, ni avec les collectivités, ni avec les citoyens ou les associations. Sous prétexte de développement économique et d’attractivité, l’aéroport peut ainsi doubler sa capacité en quelques années sans débat ni information ! Il y a là un réel déficit démocratique.

 Ce développement tel qu’il est annoncé par son directeur aura des conséquences et apportera des nuisances supplémentaires d’abord pour les riverains, sur le trafic routier, sur la pollution sonore et la pollution de l’air ainsi que sur la consommation d’eau et les rejets des eaux usées notamment.

Alors que le réchauffement climatique est à l’ordre du jour permanent de l’actualité, est-il légitime de répondre favorablement à toutes les sollicitations des compagnies aériennes pour desservir telle ou telle ville moyenne de l’Europe ?  Aucune étude d’impacts de ce développement n’est aujourd’hui mise à la connaissance du public, d’ailleurs existe-t-elle ?

Par ailleurs la prolifération et l’extension des parkings à voitures sur le site posent question. En effet, certains aéroports sont déjà dotés de parkings en silos de plus de 3000 places, moins consommateur d’espace  comme Toulouse Blagnac, ceci depuis 2011 !  A Mérignac, le parking silo est inconnu, l’aéroport préfère artificialiser les sols, moins onéreux! D’autre part est-il souhaitable de continuer à développer toujours plus de parkings dans une logique purement commerciale de concurrence entre opérateurs privés et la société aéroportuaire pour capter la clientèle automobile alors que la collectivité va consacrer 80 millions d’euros pour amener le tramway jusqu’ au terminal ! Il y a là un réel risque de fragiliser l’économie du tramway et de non sens écologique. Nous sommes dans le paradoxe le plus complet. Là également il n’a y aucune étude de faite sur les conséquences économiques et écologiques de ces choix.

Si l’aéroport veut exercer son droit au développement, cela nécessite un projet d’ensemble et des études d’impacts globales préalables sur les conséquences des choix envisagés. Un projet de cet ordre doit se faire en connaissance de cause, ce n’est pas le cas.

C’est pourquoi Madame la Préfète, je me permets de vous interpeller directement sur ce sujet.

Les choix envisagés sont-ils compatibles avec les infrastructures actuelles mais également avec l’environnement ? Le développement de l’aéroport doit être étudié, discuté, débattu et concerté. Quelle est la position des services de l’État sur ce dossier ? Y a t il une étude d’impact globale envisagée sur les différents aspects que j’ai cités ? Quels seront les avantages et les inconvénients et les coûts induits pour les collectivités ?

Dans l’attente, je demande Madame la Préfète que les projets d’extension des parkings soient suspendus ainsi que les projets d’investissements envisagés et qu’un débat public soit organisé s’appuyant sur des études indépendantes portées à connaissance du public.

  Je vous prie de croire, Madame la Préfète, en l’assurance de mes respectueuses salutations.

 

Gérard CHAUSSET, adjoint au Maire de Mérignac, Président de la commission Transport de Bordeaux Métropole

 

Article de Sud Ouest du 28 mars 2019

L’aéroport de Bordeaux s’équipe pour viser 10 millions de voyageurs

La société aéroportuaire va multiplier les chantiers jusqu’en 2023 : construction d’une jetée internationale, extension de Billi, modernisation des équipements de contrôle

Depuis 2009, soit un an avant la mise en service du terminal low-cost Billi, l’aéroport de Bordeaux-Mérignac a enregistré un taux de croissance de 104 %. Le trafic a atteint 6,8 millions de passagers en 2018. La prévision pour cette année est de 7,5 millions et la projection pour 2023 frôle les 10 millions de personnes.

Pour Pascal Personne, directeur de l’aéroport, un des enjeux des années à venir est d’ordre « capacitaire ». Comment faire évoluer l’infrastructure à la mesure des besoins des compagnies aériennes et des clients ? C’est l’objectif du plan d’investissement courant jusqu’en 2023. Une enveloppe de 140 millions d’euros lui est consacrée. Plusieurs chantiers sont ou seront lancés jusqu’à cette échéance.

1 Une nouvelle jetée internationale pour le hall A

Baptisée Satellite 3, elle verra le jour à proximité de la tour de contrôle. Parallèle à la piste principale (05/23), le bâtiment répondra à la certification Haute qualité environnementale (HQE). Il comprendra quatre salles d’embarquement, un large couloir, des commerces, un espace d’attente ludique pour les enfants… Les travaux débuteront fin avril, pour une livraison attendue lors de la saison estivale 2020. Sa mise en service offrira une capacité de 2,5 à 3 millions de voyageurs annuels. Cette jetée pourra traiter jusqu’à quatre appareils simultanément grâce à l’aménagement de postes avions supplémentaires. « Des adaptations seront nécessaires pendant le chantier, mais le trafic sera maintenu », a assuré hier, lors d’un point presse, Stéphane Teulé-Gay, directeur du département des opérations techniques. Le coût de construction du Satellite 3 est évalué à 8,5 millions.

La rédaction vous conseille

2 Des travaux de modernisation dans le hall A

Les travaux de reconfiguration de la zone d’inspection filtrage du hall A sont en cours. Un gain de capacité de 40 % est attendu à l’issue de l’opération. Les voyageurs y gagneront en principe en termes de fluidité.

Sécurité oblige, des batteries de SAS Parafe, équipements de reconnaissance biométrique, feront également leur apparition dans le hall A à compter de 2020. Ils optimiseront le système de contrôle aux frontières, avec des temps de passage annoncés de 15 à 25 secondes par personne. Quant au démarrage du projet de jonction entre les terminaux A et B (47 millions), autre gros morceau, il a été repoussé à 2021, pour une ouverture en 2023.

3 Le terminal low-cost va prendre de l’envergure

Le développement constant de l’activité aéroportuaire doit beaucoup à l’explosion du trafic low-cost. Le panel des destinations n’a cessé de l’élargir, en particulier vers le nord et l’est de l’Europe.

Premier terminal en construction neuve en France, Billi pourrait accueillir entre 4 et 5 millions de personnes à l’horizon 2023. À condition, là encore, de voir plus grand. Un chantier est d’ores et déjà enclenché. Il porte sur un agrandissement de la zone d’enregistrement de 500 mètres carrés, la création d’un bloc sanitaire et le traitement automatisé des bagages. Les équipements de contrôle de bagages en soute seront aussi remplacés.

Mais une deuxième vague d’extension se prépare pour la saison estivale 2021. 5 000 mètres carrés d’espaces supplémentaires doivent être édifiés. Ce chantier conduira à revoir différentes zones : enregistrement, traitement des bagages, contrôle de sûreté. Du matériel de reconnaissance biométrique (SAS Parafe) y sera déployé. Pour absorber le flux croissant d’avions, l’aérogare low-cost passera de six à dix postes avions courant 2021. En conséquence, l’activité de fret devra être déplacée.

Des parkings agrandis et le tramway en 2022

Améliorer l’accessibilité de la plate-forme est un des autres piliers stratégiques. Voies, parkings, desserte par des transports collectifs, les sujets s’empilent.

S’agissant du stationnement, le parking P2 (mutualisé avec le P1) vient de gagner en confort : parcours piétons abrités, affichage dynamique des disponibilités, lecture des plaques d’immatriculation, vidéoprotection étendue, etc.

Desservi par une navette, le parc de stationnement de longue durée (P4) va accroître sa capacité de 900 places. Les engins de chantier sont actuellement à l’œuvre sur une bande de terre, en bordure de l’avenue Roland-Garros. Étant entendu que 2 000 nouvelles places pourraient être proposées en 2020.

Le 45e Parallèle

Le P4 convient particulièrement aux départs pour des séjours de longue durée : vacances, voyages d’affaires. À noter que le parc réservé au personnel va lui aussi augmenter sa jauge de 200 places. En outre, la zone dédiée aux professionnels de la location de véhicules sera étendue et modernisée. Quant au parking express, il sera déporté en amont et revu en profondeur.

Les années à venir seront surtout rythmées par les travaux préparatoires à l’arrivée du tramway (début 2022) et du Technobus, un bus à niveau de service performant qui reliera Le Haillan et Pessac-Bersol via l’aéroport. Dès 2019, celui-ci suivra un itinéraire temporaire en faisant une boucle. Il ne circulera dans les deux sens qu’une fois des modifications de voirie terminées.

Partant des Quatre Chemins, le tramway desservira l’aéroport en voie unique. Avant de réaliser la plate-forme multimodale (tram et Technobus), des travaux de dévoiement des réseaux seront inévitables afin de libérer l’emprise. D’ici peu, les conditions de circulation dans et aux abords de l’aéroport devraient donc se durcir. D’autant que l’aménagement des voies d’accès interviendra dans le même laps de temps que la première tranche du programme tertiaire du 45e Parallèle conduit par Nexity. Cette étape inaugurale s’articulera autour de la construction d’un hôtel, d’un centre de congrès et d’un immeuble de bureaux. Pour l’heure, la zone du 45e Parallèle, plantée à l’entrée de l’aéroport, est livrée au travail des engins de terrassement.

O. D.

Aéroport de Bordeaux-Mérignac : la croissance fait débat

A La Une Bordeaux

Publié le

par Olivier Delhoumeau.




Aéroport de Bordeaux-Mérignac : la croissance fait débat
L’élu (LREM) Gérard Chausset (en haut à droite) et le directeur de l’aéroport Pascal Personne ne sont pas sur la même longueur d’onde sur le développement du trafic.

Archives "Sud Ouest"

premium

L’aéroport vise 10 millions de passagers en 2023. L’élu Gérard Chausset monte au créneau pour réclamer une concertation publique sur les objectifs de croissance.

Le 28 mars dernier, la direction de la société Aéroport de Bordeaux Mérignac annonçait le lancement d’un plan d’investissement de 140 millions sur cinq ans pour accompagner une prévision de trafic de 10 millions de passagers à l’horizon 2023. Le directeur Pascal Personne avait égrainé les projets : nouvelle jetée internationale Satellite 3, extension de Billi (terminal low-cost), 900 places supplémentaires sur le P4 (parking longue durée), modernisation des équipements de contrôle et de sûreté, création d’un bâtiment de jonction entre les aérogares A et B, etc.

Un courrier aux autorités

Si certains applaudissent cette avalanche de chantiers à venir, d’autres accueillent la nouvelle avec circonspection, voire un brin d’agacement. C’est le cas de l’élu mérignacais Gérard Chausset, soufflé que cette annonce n’ait pas donné lieu à débat.

L’écologiste de La République en marche s’en est ouvert par voie de courrier à l’autorité préfectorale. Avant de mettre dans la boucle le maire de Mérignac Alain Anziani et le président de Bordeaux Métropole Patrick Bobet.

Sans vouloir remettre en cause l’intérêt et l’attractivité du transport aérien, il estime que certains points méritent discussion. Il s’interroge, entre autres, sur la nécessité d’atteindre les 10 millions de passagers sans concertation préalable avec les collectivités, les citoyens et les associations.

Il voit dans cette montée en puissance échafaudée à distance de l’opinion publique la manifestation d’un « déficit démocratique ». Outre les nuisances supplémentaires pour les riverains et le trafic routier, Gérard Chausset pointe les conséquences éventuelles en termes de pollution de l’air, de consommation d’eau et de rejets des eaux. Et d’interroger : « Alors que le réchauffement climatique est à l’ordre du jour, est-il légitime de répondre favorablement aux sollicitations des compagnies aériennes ? » Il réclame à ce stade une évaluation des impacts et un débat public.

S’agissant des parkings, il critique surtout la prolifération des nappes de bitume qui imperméabilisent les sols et consomment du foncier. Il tire d’autant plus la sonnette d’alarme que 2 000 nouvelles places pourraient s’ajouter à moyen terme aux 900 en cours d’aménagement sur le P4. Construire des parkings silos serait pour lui plus pertinent. « Certains aéroports sont déjà dotés de ce genre d’équipements comme Toulouse-Blagnac. » Gérard Chausset soulève le paradoxe entre l’effet aspirateur à voitures des parkings et les 80 millions d’euros prévus par Bordeaux Métropole pour amener le tramway au pied des aérogares.

2 000 nouvelles places pourraient s’ajouter à moyen terme aux 900 en cours d’aménagement sur le parking P4

Le maire de Mérignac appréhende différemment la croissance du trafic aérien. « C’est une chance, il faut s’en réjouir, tranche Alain Anziani. Je rappelle que la zone de l’Aéroparc va enregistrer 10 000 emplois supplémentaires dans les prochaines années. »

Sur le volet des parkings, « Alain Juppé et moi-même avons écrit au directeur de l’aéroport, le 8 janvier, pour lui faire part de notre appréciation différente sur l’extension des parcs de stationnement à plat. Une étude est d’ailleurs activée sur les parkings silos. » Débouchera-t-elle sur un résultat tangible ?

"Parkings silos plus onéreux"


Pascal Personne
Pascal Personne

Crédit photo : Archives "Sud Ouest"

Pascal Personne entend faire preuve de pragmatisme. « Pas de blocage, mais pas de dogme non plus, plaide-t-il. Les parkings silos sont nettement plus onéreux. Financièrement, on est dans un rapport de 1 à 10 au regard du stationnement horizontal. L’étude qui sera rendue en mai permettra d’objectiver les choses », dit-il, tout en insistant sur la nécessité de préserver l’équilibre du modèle économique de l’aéroport à chaque dépense. Si un parking silo devait voir le jour dans les prochaines années, la zone de longue durée (P4) ne serait pas à ses yeux la plus pertinente. « Il faudrait le réaliser au plus près des aérogares pour une clientèle business. »

Sur les nuisances, Pascal Personne insiste sur la décorrélation entre l’augmentation du nombre de passagers et les mouvements d’avions. « L’an dernier, on a fait +9,3 % de hausse de trafic et les mouvements d’avions n’ont augmenté, dans le même temps, que de 4 %. Les compagnies aériennes proposent une jauge moyenne d’environ 180 sièges par appareil. Elles ont gagné en efficacité en faisant voler des aéronefs bien remplis. » Et d’ajouter : « Elles ont aussi compris le problème de l’acceptabilité de l’activité aérienne. Beaucoup sont engagées dans un programme de réduction de leur empreinte sonore. L’Aviation civile s’attelle à définir des trajectoires d’approche moins pénalisantes. »

Enfin, Pascal Personne met en avant le dialogue noué avec les communes et les associations locales de riverains à travers la Commission consultative d’environnement (CCE). Quant à l’idée selon laquelle l’agrandissement des parkings tuerait à terme la desserte par le tram et le BHNS, il n’y croit pas.

L’environnement en question

Le directeur de l’aéroport Pascal Personne soutient que la société aéroportuaire (ADBM) fait des efforts en matière d’actions environnementales. S’agissant des émissions sonores, « nous gérons un dispositif d’aide permettant d’insonoriser des logements de riverains sous certaines conditions d’éligibilité », explique Henri-Marc Dupuis, chargé de l’environnement et des relations territoriales. Cet outil est financé par les compagnies aériennes via la taxe sur les nuisances sonores lors des décollages. Depuis 2004, ADBM assure avoir traité 700 logements pour un montant de 5,5 millions. Henri-Marc Dupuis met également en avant les études de l’Aviation civile pour optimiser les procédures d’arrivée et de départ des avions.

Concernant la gestion de l’énergie et la qualité de l’air, « nous sommes passés à l’achat d’électricité renouvelable à 100 % depuis le 1er janvier 2017 », avance encore le technicien. Ainsi, « notre fournisseur s’engage à injecter dans le réseau l’équivalent de notre consommation en énergie renouvelable ». En ce qui concerne les eaux pluviales, l’aéroport a réalisé d’importants efforts pour rattraper son retard dans la gestion des rejets du bassin-versant 3 (le principal) en se dotant, en 2015, d’une station de traitement.

Parmi les projets à venir, Pascal Personne affirme que la future jetée internationale Satellite 3 respectera les normes de certification Haute qualité environnementale (HQE).

Autre nouveauté, la société aéroportuaire va s’engager, à partir de cette année, dans le programme Airport Carbon Accredited (ACA), porté par le Conseil international des aéroports (l’ACI).

 

 

 

Partager

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
This question is for testing whether or not you are a human visitor and to prevent automated spam submissions.
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.