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Deux articles de Sud Ouest sur le Conseil municipal de Mérignac au sujet de la politique de la ville et de l'urbanisme

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Ardillos dans le viseur. Les oreilles de Gonzalez ont sifflé

La majorité vote une aide de 120 000 euros sur la part sociale du projet. L’opposition s’abstient. Explications.

Vendredi dernier, en Conseil municipal, une délibération portait sur la signature d'une convention tripartite entre la ville de Mérignac, Bordeaux Métropole et Mésolia Habitat. Son objet : le programme de destruction/reconstruction de la résidence Ardillos.

Datant de 1958, cet ensemble, initialement constitué de 200 logements répartis sur quatorze plots, a été partiellement démoli en prévision du lancement de la première phase. À l'arrivée, 526 appartements sont attendus, selon l'estimation de l'adjoint à l'urbanisme Thierry Trijoulet (1).

La convention en question réaffirme la volonté de qualité urbaine, de mixité sociale et de création d'espaces verts. En outre, la délibération proposait d'émettre un avis favorable sur le versement d'une aide de 120 000 euros à Mésolia Habitat, pour la réalisation de la part sociale du projet (320 logements sur les 526). Sachant que cette somme doit venir en déduction du prélèvement acquitté par la Ville au titre de la loi SRU, laquelle impose une part de 25 % de logements sociaux dans le parc des résidences principales. À Mérignac, la proportion était de 24,6 % en 2014.

Au nom du groupe d'opposition « Ensemble, changeons Mérignac », Christophe Vasquez a salué divers aspects du projet urbain : place notable des espaces verts, mixité des logements, parkings en sous-sol, proximité du tram et des bus, relogement de certains occupants, etc. Il a pointé toutefois deux réserves : le sous-dimensionnement attendu de l'école Jean-Macé et surtout, la distribution jugée incohérente des futurs immeubles. Concrètement, il regrette que les constructions les plus élevées (jusqu'à six niveaux) soient situées à l'angle des rues Ouley/Goillot et sur la portion nord de cette dernière. « C'est-à-dire devant une dizaine de maisons individuelles qui pâtiront de cette proximité, a-t-il précisé. Nous ne pouvons fouler au pied l'intérêt de ces particuliers, dont la valeur des biens et la qualité de vie seront sévèrement menacées. »

Christophe Vasquez aurait préféré une implantation des plus grandes façades le long de l'avenue de l'Yser, puis face à la cité Yser et au centre commercial éponyme.

Les « Messieurs toutefois »

« On pourrait vous appeler les ‘‘Messieurs toutefois'' s'est agacé avec ironie Gérard Chausset. Vous êtes d'accord mais, toutefois, vous trouvez toujours quelque chose pour vous abstenir ou voter contre. Il y a un manque de franchise dans l'affirmation de certaines de vos propositions. Assumez le fait que le logement social ne vous plaît pas ici. »

Et le leader du camp adverse, Rémi Cocuelle, de lui répondre : « Sur les 38 délibérations de ce soir, nous en votons 34 de manière favorable. Je ne sais pas si vous êtes aussi bon en arithmétique qu'en écologie, mais il faut réviser vos classiques. ».Appelant l'opérateur social à amender son projet sur la disposition des immeubles, le groupe « Ensemble, changeons Mérignac » a décidé de s'abstenir.

  1. Mésolia Habitat communiquait au départ sur la construction de 521 logements.

 

Priorité sur deux quartiers

 

Les quartiers de Beaudésert et Yser/Pont-de-Madame seront les priorités mérignacaises du nouveau contrat de ville qui sera signé avec Bordeaux Métropole.

 

D’autres outils

Aux communistes mettant en exergue la division par deux du nombre de quartiers prioritaires à Mérignac, le maire assure que les autres secteurs de la ville ne seront pas oubliés.

« Le contrat de ville est un instrument parmi d’autres », a-t-il insisté, avant de citer le levier du soutien au monde associatif comme facteur d’intégration sociale.

S’agissant du projet de requalification de la résidence du Burck, il a rappelé l’existence d’une OPAH (opération programmée d’amélioration de l’habitat). « Après des années de réticences et de refus, la première copropriété a voté la rénovation de son immeuble. » Avec des sources de financement plurielles.

Le Conseil municipal a autorisé, vendredi dernier, le maire, à signer la convention cadre du contrat de ville avec Bordeaux Métropole. Le groupe communiste s'est abstenu.

Succédant aux contrats de cohésion sociale (CUCS), « ce dispositif fait suite à une réforme d'octobre 2012 », a rappelé l'adjoint à l'urbanisme Thierry Trijoulet. Jusqu'alors, la localisation des quartiers dits prioritaires dépendait d'une multitude de critères : taux de chômage, proportion de jeunes, taux de logements social…

Les contrats de ville s'appliqueront, eux, sur la base d'un indicateur unique : un revenu médian calculé à l'échelle d'un secteur de 1 000 habitants. Deux quartiers sont concernés à Mérignac : Beaudésert et Yser/Pont-de-Madame. Mais deux autres sortent de la géographie prioritaire, le Burck et la résidence des Pins. Selon le jargon administratif, ils deviennent des « territoires de veille active ». En clair, ils bénéficieront d'une attention particulière, notamment pour anticiper un éventuel décrochage.

Des résultats contrastés

L'élu d'opposition Rémi Cocuelle a profité de cette délibération pour braquer le projecteur sur l'histoire de la politique de la ville, « ses insuffisances anciennes et endémiques. » « Une dizaine de plans banlieues se sont succédé depuis le premier, lancé par Jacques Barrot, en 1977. Dans cette même période, il y a eu une trentaine de comités interministériels, des milliards d'euros dépensés en France et des dizaines d'agences créées. Pour quel résultat ? »

Hormis la création d'un ministère de la Ville en 1990 et la politique de rénovation urbaine issue de la loi Borloo (2003), Rémi Cocuelle retient surtout l'impuissance publique à résorber les inégalités sociales. Reprenant l'expression polémique de Manuel Valls parlant d'Apartheid territorial, social et ethnique, « ces mots prouvent, si besoin était, que l'on reconnaît l'échec de la politique de la ville au plus haut niveau de l'État », a-t-il souligné. Et d'appuyer sa démonstration sur des données fournies par l'Observatoire des zones urbaines sensibles en matière de chômage, de seuil de pauvreté, de diplômes.

« Cette énième réforme suffira-t-elle à inverser durablement la tendance ? Nous le souhaitons mais il est permis d'être interrogatif », a ajouté Rémi Cocuelle. Même s'il reconnaît que la priorité portée sur l'emploi et le développement économique est une bonne chose.

Pour l'élu communiste Joël Girard, le gouvernement de Manuel Valls s'apprête surtout écarter 1 200 quartiers du cadre de la politique de la ville, en France. « À l'échelle de l'agglomération, ils sont vingt, issus de huit communes, à sortir du dispositif en raison des nouveaux critères », a-t-il regretté, réitérant les exemples du Burck et des Pins pour Mérignac. « La pauvreté ne s'est pas modifiée dans ces quartiers », a renchéri sa collègue Claude Mellier. Pour elle, la loi n'a pas les moyens de ses ambitions. Lutter contre l'échec scolaire supposerait à ses yeux un retour des Rased. D'autre part, « le doublement de l'ISF (impôt de solidarité sur la fortune) permettrait de développer un investissement massif en direction des quartiers défavorisés. »

Extension au monde rural

Tempérant la vague critique, le conseiller départemental socialiste Alain Charrier a fait valoir un atout majeur du nouveau contrat de ville au regard aux outils précédents : « Grâce à celui-ci, des secteurs ruraux et périurbains du département comme Sainte-Foy- la-Grande, Lesparre ou Castillon-la-Bataille vont pouvoir être pris en compte. » Ce qui n'est pas un mince détail vu du Conseil départemental.

Pour répondre au constat d'échec national dressé par Rémi Cocuelle, « que se serait-il passé si rien n'avait été fait ? » a rétorqué l'écologiste Gérard Chausset. L'application de la discrimination positive doit, selon lui, beaucoup à la politique de la ville. Quant à l'idée de concentrer les efforts sur un nombre réduit de quartiers, l'élu EELV n'est pas contre a priori. Surtout si cela limite les effets de saupoudrage. « Laissons cette nouvelle politique se mettre en place », a-t-il plaidé, avec pragmatisme.

 

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