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Déchets des villes et déchets des campagnes, où comment la Métropole montre le mauvais exemple

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Lors du Conseil de Métropole du 12 juillet 2019, alors que tous les groupes politiques ont voté pour,  je me suis abstenu sur l'approbation de la DSP pour le traitement des déchets, c'est à dire l'incinération et le tri au profit de la filiale de VEOLIA. Suite à cette abstention, je me suis expliqué dans un courrier auprès du Président de la Métropole où j'ai détaillé, chiffres à l'appui, les raisons du vote et l'ineptie du choix de la Métropole. Ce que je prédisais c'est avéré exact, notamment les syndicats ruraux se trouvent dans l’obligation d’augmenter la fiscalité pour répondre aux augmentations du cout du traitement imposé par VEOLIA pour compenser le « formidable »  prix obtenu par la Métropole. Ils paient plus cher pour que nous nous puissions payer moins cher, voici un bel exemple de solidarité territoriale! Le SEMOCTOM voit le cout de la tonne incinérée croitre de 20 % à 120 euros  alors qu'au final la Métropole paiera 18 euros la tonne! J'ai demandé une compensation financière pour atténuer la charge et bien sûr une autre politique écologique et solidaire  pilotée au niveau départemental.

Deux articles de Sud-Ouest illustrent le dossier un du 14 décembre  et un du 20 décembre qui rend compte de mon intervention lors du Conseil du 19 décembre.

Publié le 21/12/2019 à 8h53 par Aude Boilley avec Arnaud Dejeans.

La facture du traitement des déchets va augmenter en dehors de la Métropole.

De nombreux élus girondins déplorent l’inégalité des coûts pour incinérer les déchets.

C’est une situation de victimes collatérales dont se seraient bien passés de nombreux syndicats et Communautés de communes en charge de la collecte et du traitement des déchets ménagers dans le département. Au fur et à mesure qu’ils renégocient leur contrat pluriannuel avec Soval, filiale de Veolia, pour faire incinérer leurs déchets, ils ont la mauvaise surprise de voir la facture augmenter.

Depuis cet été, le géant des déchets gère les trois sites d’enfouissement et d’incinération de Cenon, Bègles et Lapouyade. Le nouveau marché est très profitable pour les habitants de la Métropole puisque la tonne de déchets traitée passe de 80 à 53 euros la tonne (18 euros si l’on soustrait le prix du loyer de l’incinérateur de Bègles qui appartient à la Métropole).

« Pas d’autres choix »

Les autres collectivités du département, qui doivent presque toutes utiliser les sites de traitement gérés par Veolia, n’ont pas profité de ces négociations. Au contraire. Le prix de prise en charge des déchets va encore augmenter pour les autres syndicats.

La semaine dernière, lors du comité syndical du Semoctom, le président a annoncé une hausse de 13 % (de 90 euros la tonne en 2019 à 102 euros en 2020). Jean-Luc Lamaison, maire de Nérigean, redoute d’autres augmentations à l’avenir.

Il ne faut pas oublier que la Métropole produit de l’énergie avec nos déchets incinérés

« Le souci, c’est qu’on ne peut pas faire autrement », déplore celui qui est aussi maire de Nérigean. « Le site d’enfouissement de Lapouyade est aussi la propriété de Veolia. Ceux situés dans le Médoc ou en Charente sont proches de la saturation. Au-delà, on n’a pas le droit de transporter des déchets sur longue distance. »

Construire un nouveau centre pourrait également être envisagé. Sa gestion en régie permettrait une maîtrise des tarifs. « Le plan de gestion des déchets au niveau régional signé il y a quelques semaines ne nous autorise pas à créer de nouveaux sites. On ne peut donc pas imaginer une gestion en régie. On est obligé d’accepter les conditions de Veolia… »

Quelques jours plus tôt, ce sont les élus du syndicat du Sud-Gironde (Sictom) qui avaient eux aussi dénoncé cette grosse inégalité lors de son comité syndical du 27 novembre. « Ces millions d’économies pour Bordeaux Métropole ont comme conséquence une explosive augmentation des prix pratiqués par Veolia pour le reste des territoires girondins », fulminent les élus du Sictom dans une motion.

Ils pointent du doigt leurs homologues de la Métropole : « Il n’est plus possible de laisser les élus de Bordeaux Métropole parler d’échanges équitables et de coopération entre la Métropole et les territoires ruraux. »

Position partagée par les élus du Semoctom. « La Métropole aura besoin de nos territoires quand elle devra produire de l’énergie verte… Il ne faut pas qu’elle l’oublie », signale Fred Lataste, le maire de Capian. « La Métropole produit de l’énergie avec nos déchets incinérés », rappelle Marie-Claude Agullana, maire du Tourne et vice-présidente du Département. Le président du Sictom, Jérôme Guillem, rappelle aussi qu’une partie de l’eau potable de Bordeaux vient du Sud-Gironde.

Un risque pour l’usager

Le problème de la hausse des tarifs de traitement s’ajoute à celui de la baisse des recettes liées au recyclage. Les syndicats et les Communautés de communes hors Métropole, qui avancent en ordre dispersé dans les négociations avec Veolia, n’ont plus de marge de manœuvre. Ils vont devoir : puiser dans leurs économies, réduire les déchets ou répercuter la hausse sur les usagers. Les votes de budgets qui interviendront avant les élections municipales risquent d’être animés. En attendant, sept syndicats et Communautés de communes ont décidé d’écrire à la Région et à la préfecture pour savoir s’il n’existe pas un abus de position dominante de Veolia dans ce dossier. Le service communication de la multinationale a fait savoir hier à « Sud Ouest » qu’elle ne pouvait pas réagir sur ce sujet en pleine procédure d’appel d’offres.

Question posée à la Métropole

Vendredi, en conseil de Métropole, Gérard Chausset a déploré les « conséquences néfastes de la Délégation de service public » : « Si c’est sûrement une bonne affaire financière, elle se fait sur le dos des autres collectivités qui vont devoir payer plus pour que nous, nous payions moins. C’est amoral. On marche sur la tête. On souhaite coopérer mais on met en œuvre une politique qui pénalise ceux avec qui on veut travailler. Sur ce dossier, je mets en cause la vision strictement financière, sans même réfléchir aux conséquences. »

L’élu mérignacais avait déjà écrit au président de la Métropole fin août à ce sujet. Hier, il lui a demandé « qu’une partie des 14 millions d’euros économisés viennent compenser les surcoûts des collectivités imposés indirectement par nos choix ».

« Les compensations que vous demandez, c’est illégal, ce n’est pas réglementaire. Oui, c’est vrai, la Métropole a fait une bonne affaire. Les autres communes paient plus cher, mais c’est nous qui avons investi pendant des années. En tout cas, nous ne pouvons pas leur apporter une aide directe », lui a répondu Patrick Bobet.

 

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