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"De l’eau plus claire" par D Delaage de Sud Ouest

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Une poignée de main, des sourires et mêmes des applaudissements : le soulagement était palpable hier à la Communauté urbaine de Bordeaux au moment de voir Alain Rousset, le président PS, et Bernard Guirkinger, le PDG de la Lyonnaise, enterrer la hache de guerre sur le contrat de l’eau (notre édition d’hier). Signé par l’ensemble du conseil communautaire en 1992 pour trente ans, à l’exception du groupe communiste, renégocié en 1997 lors d’un premier avenant quinquennal, ce contrat était contesté depuis de longues années par l’association Trans’CUB. Celle-ci avait pointé comment, en appliquant de juteux taux de rémunération à ses propres investissements dans le calcul du prix de l’eau à l’usager, la Lyonnaise s’apprêtait à engranger de conséquents « surprofits » jusqu’en 2021. Un « surprofit » évalué à 430 millions d’euros par l’association. L’audit initié par la CUB, sous la présidence Juppé, afin de préparer le deuxième avenant au contrat, puis mené à son terme sous la présidence Rousset, avait conforté l’argumentation de Trans’CUB et évalué à 29 millions d’euros les « surprofits » sur la période 1997-2002. Il revient à Alain Rousset et Jean-Pierre Turon, le maire PS de Bassens en charge de la Commision eau à la CUB, d’avoir tiré cette affaire au clair grâce au travail de l’Inspection des services de la CUB confié à Jean-Louis Joecklé. Une inspection des services qui a évalué à 50 millions d’euros ces « surprofits » de 1992 à 2003. Il revient également à Alain Rousset et Jean-Pierre Turon d’avoir « rudement » renégocié avec la Lyonnaise, alors que certains réclamaient la rupture du contrat. Avant d’être soumis à l’approbation du conseil en décembre, Alain Rousset et Bernard Guirkinger ont donc signé hier un protocole d’accord par lequel le concessionnaire s’engage à consacrer 233,7 millions d’euros supplémentaires d’ici à 2021 en investissements et dépenses d’exploitation. Sans augmentation du prix de l’eau. « Il n’y a pas eu de faute lourde », a précisé Alain Rousset, craignant de voir ces propos utilisés par les partisans d’une rupture du contrat devant les tribunaux. « Il a fallu changer la culture de la Lyonnaise des eaux d’accepter les contrôles, d’avoir une transparence totale, de limiter ses profits. » Pour Bernard Guirkinger, « cette négociation illustre très bien ce que doit être le bon fonctionnement entre une collectivité et un délégataire de service public. »

« 61 engagements ». Non seulement la Cub a repris la main sur ce contrat, mais elle fixe à la Lyonnaise « 61 engagements » à respecter sous peine de pénalités. A l’augmentation de 156 millions d’euros des investissements, qui serviront notamment au renouvellement des canalisations et aux changements des raccords en plomb, s’ajoute une augmentation de 42 millions des dépenses d’exploitation.
La CUB a également obtenu une baisse de 10 % du prix de l’eau sur les cinquante premiers mètres cubes d’eau consommés (un coût évalué à 22,3 millions d’euros) ainsi que la remise gratuite des compteurs et d’un système de télétransmission du relevé en fin de contrat (13,4 millions). Une baisse qui se répercutera de façon très faible sur la facture de l’usager. Et qui laisse le mètre cube bordelais au niveau le plus cher des grandes agglomérations.

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