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Bordeaux, le 21 avril 2006
M. Francis IDRAC
Préfet de la Région Aquitaine
Préfet de la Gironde
Objet : Plan social SOGERMA
Monsieur le Préfet,
Suite au projet alarmant d’un plan de redressement qui inclurait 500 à 800 suppressions d’emplois à la Sogerma à Mérignac, nous nous permettons d’intervenir sur ce dossier.
Dans l’hypothèse où ce projet se confirmerait, comme on peut hélas le craindre, un plan social de cette envergure risque fort de menacer à terme le site dans son ensemble. Les conséquences économiques en seraient désastreuses : perte d’emplois, perte de compétences et incertitudes quant à l’avenir des entreprises locales sous-traitantes. Mais au-delà des aspects économiques, un tel plan social serait un drame social et humain pour la ville de Mérignac et pour la Communauté Urbaine de Bordeaux. Mille emplois menacés, ce sont autant de familles qui risquent d’entrer dans la précarité. Au regard de l’histoire de cette société, de son appartenance à un groupe tel que EADS et des investissements accordés par les collectivités publiques, cette situation nous semble d’autant plus inacceptable. Le groupe EADS semble n’agir que sur la base d’une stratégie financière, alors que sa croissance a largement bénéficié des investissements publics (encore récemment, dans le cadre du programme A380).
La Sogerma fait partie du patrimoine industriel de notre région. Créée dans les années vingt, elle a contribué à faire de notre région un pôle majeur en matière d’aéronautique. Comment se fait-il qu’en l’espace de 2/3 ans cette entreprise soit menacée de disparition ? S’agit-il d’un problème industriel ? S’agit-il d’un problème de coût de main d’œuvre ? Ou bien s’agit-il d’un choix politique et stratégique du groupe EADS ?
S’il s’agit effectivement d’un problème purement industriel, comment se fait-il que EADS ne tienne pas les promesses du dernier plan social, notamment concernant le plan de charges Airbus ?
Si le problème concerne les coûts de main d’œuvre, nous pouvons avoir de sérieuses inquiétudes pour le tissu industriel régional. Ce qui se produit actuellement avec la Sogerma peut se produire demain avec d’autres entreprises importantes de la région. D’autre part, dans un secteur aussi sensible que la maintenance aéronautique, sacrifier la compétence sur l’autel des coûts pose de nombreuses questions quant à la sécurité aérienne.
Si le problème est d’ordre politique, les pouvoirs publics ont alors leur mot à dire dans la stratégie du groupe, dans la mesure où EADS est un groupe international dans lequel l’Etat français occupe une part importante.
La Sogerma est une entreprise particulièrement compétente dans un secteur où la qualité des prestations est primordiale. Selon l’intersyndicale, des pistes existent pour sauver une partie des emplois et préserver les chances d’un avenir pour le site de Mérignac, notamment :
L’attribution de 2 des 4 Airbus A380 d’essais qui doivent être reconfigurés en appareils de série
La conversion des avions cargo en partenariat avec la filiale allemande EFW
Ces 2 pistes internes pourraient permettre de conserver plus de la moitié des emplois concernés par le plan social pendant 2 ans, ce qui laisserait à la Sogerma la possibilité de postuler pour le marché des C130 en décembre 2007 et celui de l’avion A400M en 2012.
Quelles sont les réponses de la direction à ce sujet ? Comment se fait-il que les promesses du dernier plan social n’aient pas été tenues ? Ayant participé directement au financement de certaines infrastructures industrielles de ce groupe, les pouvoirs publics sont en effet en droit d’attendre des réponses.
Par ailleurs, la situation inquiétante de la Sogerma rend incertain l’avenir de l’Institut de Maintenance Aéronautique (IMA) situé à Mérignac, formation unique en France, créée en 1993 et qui accueille 300 étudiants par an.
Il nous semble important que l’ensemble des pouvoirs publics, collectivités locales et représentants de l’Etat, s’unissent pour envoyer un signal fort à EADS et assurer les salariés de leur soutien. Nous souhaitons que tout soit mis en œuvre pour que le plan social soit suspendu. Compte tenu de l’histoire même du groupe EADS, les pouvoirs publics et les collectivités locales sont en mesure d’exiger des comptes de la part de ses dirigeants.
Sans préjuger de l’avenir de la SOGERMA, la situation actuelle nous paraît préoccupante, et on peut légitimement s’inquiéter de l’avenir des industries de l’aéronautique sur notre territoire, qu’elles soient civiles ou militaires. Il nous semble donc urgent de réfléchir dès maintenant à la diversification du pôle aéronautique de notre région. A cet effet, nous ne manquerons pas de faire prochainement un certain nombre de propositions allant dans ce sens.
Veuillez croire, Monsieur le Préfet, en l’assurance de nos sentiments distingués.
Gérard CHAUSSET
Vice Président de la CUB
Adjoint au Maire Mérignac Xavier SVAHN
Adjoint au Maire Xavier LHOMME
Groupe local des Verts de Saint-Médard-en-Jalles