Olivier delhoumeau
On comprend mieux désormais les raisons qui ont conduit Alain Anziani à présenter la charte de l’urbanisme à la presse une semaine avant son passage en conseil municipal. Sans doute souhaitait-il prendre une longueur médiatique d’avance sur les désaccords qui se sont exprimés vendredi soir.
Présentant la délibération, Thierry Trijoulet, adjoint à l’urbanisme, réaffirme l’objet du nouvel outil : clarifier en 10 points et annexes complémentaires les orientations de la commune en matière d’urbanisme. Que ce soit en direction des promoteurs ou des habitants des différents quartiers.
Au nom de l’opposition, Hélène Delneste assure que certaines préoccupations figuraient dans le programme électoral de son groupe en 2014. Comme le respect de l’identité architecturale des quartiers ou la concertation en amont des riverains. D’autres lui semblent en revanche intenables. Et de citer la capacité à produire des logements de qualité, accessibles à tous les budgets, tout en privilégiant des propriétaires occupants. Son groupe doute encore de la capacité de cette charte à s’imposer comme un outil de lutte contre la spéculation foncière.
À l’arrivée, elle déplore surtout la sortie tardive du document : « À moins de deux ans des futures élections municipales, la ficelle est grosse. Vous auriez pu anticiper pour arrêter l’hémorragie de béton dès le début de votre mandat. »
« Pas faite pour plaire à tous »
Piqué au vif, le maire en appelle à « l’honnêteté intellectuelle » des uns et des autres. Répétant son opposition constante à la vision d’une agglomération bordelaise millionnaire, il considère que le PLU 3.1, en vigueur depuis seulement février 2017, n’est pas allé assez loin. En attendant une nouvelle mouture qui prendrait au bas mot entre deux et trois ans, cette charte est censée donner un cadre, une ligne directrice aux promoteurs, quitte à en chagriner certains. « Elle n’est pas faite pour plaire à tout le monde, ni sur ces bancs ni à l’extérieur », insiste-t-il, ajoutant que Mérignac prendra néanmoins sa part dans la production de logements dans certaines zones ciblées comme Marne-Soleil, le centre-ville (lire ci-dessous), La Glacière.
Au-delà des piques habituelles de l’opposition, Alain Anziani a surtout dû se confronter aux attaques de son camp. Tout en identifiant quelques points positifs, le groupe Europe Ecologie-Les Verts a multiplié ainsi des réserves. Le principal point noir concerne l’axe numéro 5 : « prévoir des capacités de stationnement supérieures aux seuils imposés par le PLU ». « Cette disposition est en contradiction complète avec les objectifs de l’Agenda 21 », assène Sylvie Cassou-Schotte. Par ailleurs, l’élue ne note aucun mot dédié à l’évaluation de la charte. Pas de bâton, ni de carotte. Autre motif de regret : l’absence de travail collaboratif et coopératif avec les élus et les acteurs concernés. Un peu plus tard, Gérard Chausset lui emboîte le pas.
Charte semblable à un arrêté
« Cette charte a vocation à envoyer un message politique plutôt que de favoriser un urbanisme négocié », lâche l’élu de LREM. Dénonçant l’absence « de projet urbain et affirmé », il regrette un mode d’écriture semblable à celui d’un arrêté. Et cite en contre-exemple la charte du bien construire adoptée par Bordeaux Métropole. Toutefois, ni les écologistes ni Gérard Chausset ne franchissent la ligne rouge en votant contre cette charte. À l’image du groupe Ensemble, changeons Mérignac, ils s’abstiennent. Seule Catherine Tarmo a voté défavorablement. En phase avec le contenu de la charte, les élus communistes ont apporté leur soutien au maire.
Balayant l’accusation électoraliste de l’opposition, Alain Anziani a rappelé à ses opposants que depuis l’adoption du PLU 3.1 en février 2017, « la moitié des permis de construire déposés a fait l’objet d’un refus. On a donc pris un sacré tournant » a-t-il conclu, persuadé que d’autres collègues de la Métropole suivront bientôt son exemple.
le
piéton
A réussi à photographier le document relatif à la pose de la première pierre de l’îlot 2 de la ZAC, avant que celui-ci ne soit coulé dans le béton entre deux parpaings. Conçue à la manière d’un parchemin, la feuille de papier mentionne les noms des principaux protagonistes du projet : Pascal Gérasimo, Alain Anziani et Patrice Pichet. Malheureusement, il ne donne aucune indication sur un éventuel trésor planqué dans les entrailles des fondations de la future résidence.
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