Soumis par Anonyme le
LUDON-MEDOC. — Il n’aurait pas fallu grand-chose, hier soir, pour que le deuxième débat public sur le grand contournement de Bordeaux tourne au vinaigre. Les opposants réclament un référendum
L’opposition à la route reste totale : Jean-Paul Vigneaud
Une salle bondée pour écouter et critiquer les explications du directeur de l’Equipement
PHOTO CLAUDE PETIT
« Si vous amenez le goudron, on amènera les plumes ! » Cette phrase, écrite à la main et collée dans l’entrée de la salle des fêtes de Ludon-Médoc, donnait le ton, hier, pour le deuxième grand débat public organisé sur le grand contournement de Bordeaux.
Une pointe d’humour qui se voulait aussi une menace. L’auteur de l’écrit a pris le micro une heure plus tard pour rappeler sa promesse à François Peny, le secrétaire général de la préfecture, et à Yves Massenet, directeur régional de l’Equipement.
« Ayez la politesse de vous lever ». Couverts de plumes, les animateurs de la réunion ne l’ont pas été, heureusement, mais ils ont été fortement malmenés et couverts de propos peu aimables. Du style : « Répondez au moins aux questions qu’on vous pose ! » Ou encore : « Ayez la politesse de vous lever lorsque vous nous parlez ! »
Avec 600 personnes, peut-être plus, la salle était si bondée que les portes de secours ont dû rester ouvertes pour faire face à tout phénomène de foule. « Même en période électorale, je n’ai jamais vu ça », confiait un habitant de Ludon coincé contre un mur. « Si, avec ça, ils ne comprennent pas qu’on n’en veut pas de leur route. »
Un à un, les intervenants ont attaqué les arguments avancés pour sa construction. Morceaux choisis. Francis : « Cette pseudo-concertation n’a pas lieu d’être. Le vrai débat public n’a pas été mené à terme. Donc, toute cette concertation ne vaut rien. » Franck : « Vous avez vu le prix du baril ? Et vous voulez maintenant favoriser le tout camion ? » Vincent, représentant d’un syndicat viticole : « Pas question que cela touche un rang de vigne. Si vous voulez désenclaver le Médoc, vous n’avez qu’à passer plus au nord. »
Un habitant de Macau : « Un jour, vous classez le château Plaisance monunent historique ; le lendemain, vous faites passer dessus un pont autoroutier. » Colette : « A croire que la presqu’île d’Ambès est une réserve d’Indiens. On passe dessus. On ne nous dit rien. On n’y organise même pas une réunion publique. » Un ingénieur à la retraite sur cette même presqu’île : « C’est le comble, vous faites passer une route sur un site Seveso. A gauche comme droite, c’est pire qu’AZF ! » Thierry, jeune habitant : « Quel est votre architecte des Bâtiments de France ? Le mien m’impose de construire avec des pierres de Fronsac. Le vôtre vous autorise du béton. »
Bref, coup de colère sur coup de colère, tandis que, dans les rangs, deux pétitions circulaient : l’une pour dire définitivement non à la voie de contournement, une autre réclamant un référendum.
Ce référendum est une idée de la coordination d’élus créée récemment et cette idée a fait son chemin. Il a été dit cependant, hier soir, qu’il ne devait pas être organisé à l’échelle d’une commune mais à l’échelle des cantons concernés, voire de l’ensemble du département.
« Elle ne se fera jamais ». Yves Massenet et François Peny ont pris bonne note et répondu tant bien que mal à toutes les questions et accusations. A titre d’exemple, ils ont promis de rajouter une réunion publique au programme, à Ambès, tout prochainement. Cela n’a pas calmé le jeu. Bernard Chausset, élu vert, a été le seul à trouver les mots pour le faire et décroché du même coup le grand prix à l’applaudimètre : « L’opposition a cette route est frontale et radicale. Pour une raison toute simple : il est impossible de la faire passer là où ils veulent la faire passer. Alors cessons d’en parler ! Cessons surtout d’en avoir peur ! Elle ne se fera jamais ! »