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20 août 2010 07h23 | Par Jean-denis renard 0 commentaire(s)
Verts / Europe écologie : De la fusion dans l’air
Les Journées d’été du mouvement se sont ouvertes hier à Nantes dans une ambiance souriante.
Cécile Duflot et Eva Joly lors des Journées des Verts et d’Europe Écologie à Nantes. La première pourrait prendre la gouvernance du mouvement. photo maxppp
Cécile Duflot et Eva Joly lors des Journées des Verts et d’Europe Écologie à Nantes. La première pourrait prendre la gouvernance du mouvement. photo maxppp
La convention interrégionale Europe Écologie du mois de juin a été aussi houleuse que confuse. Jean-Vincent Placé, le n° 2 des Verts, a traité Eva Joly de « vieille éthique ». Daniel Cohn-Bendit lui a répondu dans la foulée qu’il n’était rien d’autre qu’un crétin. À l’aune de cette histoire récente, les Journées d’été des Verts et d’Europe Écologie auraient pu être aussi irrespirables qu’un mois d’août à Moscou, l’incendie en prime.
Rendez-vous à Lyon
C’est tout le contraire. Le militant écologiste, présent pour trois jours sur le campus de Nantes, est une créature équipée d’un sourire ensoleillé et d’un sac Quechua. Il remarque à peine que la fac de droit qui l’abrite est digne de figurer dans le Top 10 des très remarquables mochetés architecturales de l’Hexagone, catégorie gris stalinien. Il rit tout fort devant le bar où l’on échange des cafés contre des coupons qu’on a auparavant achetés par paquets de dix, une usine à gaz typiquement écolo. Il babille en enfournant joyeusement des galettes bio aux céréales. Il est heureux de faire partie d’une grande famille prête à décarboner l’économie.
Plus de 2 000 personnes sont inscrites à cette université d’été, un record. « Ce sont des journées historiques ! », lance Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts, lors de la séance d’ouverture devant un amphi plein à craquer.
Cécile Duflot en pole position
Faire nombre n’augure pas forcément le succès. Mais, hier soir, à la veille du rendez-vous, les cadors des Verts et d’Europe Écologie ont entériné la création d’un nouveau mouvement unitaire lors des prochaines assises des écologistes, qui se tiendront à Lyon à la mi-novembre. La dualité Verts/Europe Écologie, c’est bien fini ? « Localement, on fonctionne déjà en groupes élargis. Le coup est parti. Il n’y aura pas trop de réticences », promet Monique De Marco, la vice-présidente du Conseil régional d’Aquitaine.
« Il y a des gens nouveaux, chez les Verts comme chez Europe Écologie. On va s’entendre. L’important, c’est de conserver un ancrage à gauche. Il est difficile aujourd’hui d’être écolo et de s’accommoder du monde libéral tel qu’il est », renchérit Gérard Chausset, l’élu de Mérignac et de la Communauté urbaine de Bordeaux, qui a lui aussi fait le déplacement à Nantes.
Selon Pascal Durand, le délégué national Europe Écologie, les obstacles à franchir d’ici aux assises n’ont rien d’insurmontable. Il faut surtout aux écologistes rassemblés sous la même bannière s’entendre sur la gouvernance du mouvement : un (ou une) secrétaire national ou deux ? Cécile Duflot tient la corde. Les grands textes fondateurs de ce nouveau mouvement - quel nom de baptême ? - et ses statuts devraient être présentés aux militants à la mi-septembre. Ceux-ci pourront voter sur les questions qui fâchent, afin de déminer le terrain avant les assises de Lyon.
Consensus autour d’Eva Joly
Ce climat de concorde va de pair avec l’apaisement des querelles de personnes. Cécile Duflot assume son renoncement à l’ambition présidentielle, ce qui ouvre la voie à une candidature d’Eva Joly en 2012. Tous les militants écologistes ne sont peut-être pas convaincus. Les médias, eux, adorent. Il n’y a qu’à observer la grappe de cameramen et de photographes qui emboîtent le pas à l’ex-juge d’instruction quand elle franchit le seuil de la fac de Nantes, hier à la mi-journée. « Eva Joly est-elle pour la semaine de 28 heures en quatre jours ? Et quel est le contenu de sa conviction écologiste ? C’est une bonne candidature, il y en aura peut-être d’autres », tempère Yves Cochet, le député de Paris, qui n’a pas renoncé à l’idée de faire un tour de piste.
Le relatif consensus sur la personne d’Eva Joly ne dit rien pour le moment sur le projet écologiste en vue de 2012, ni sur un éventuel accord de gouvernement avec les socialistes. Fidèle à ses habitudes, Daniel Cohn-Bendit fait entendre sa petite musique à propos du positionnement « antilibéral et anticapitaliste » réclamé par Jean-Vincent Placé. « Ètre anticapitaliste, ça a à peu près la même densité politique que de se déclarer pour le soleil et contre la pluie. On nous attend sur des sujets difficiles, sur la sécurité par exemple. Est-ce que c’est la ligne anticapitaliste qui va nous apporter des solutions ? Alors là… » répond-il, mi-moqueur, mi-lassé.
Les écolos ont beau être contents d’être heureux, ils ne sont pas tous devenus copains.