La Table de Ken a-t-elle été victime des travaux de la phase 3 du tramway ? Christophe Léon, patron de l’ancien établissement, en est persuadé et estime être à ce titre éligible aux indemnisations de la CUB. Seulement voilà, son dossier est dans l’impasse. Explications.
En avril 2008, cet entrepreneur a un coup de cœur pour La Table de Ken, restaurant semi-gastronomique situé sur l’avenue de Magudas, sortie 9 de la rocade. L’établissement profite allègrement du passage. La clientèle afflue. Il faut dire que cet emplacement est dédié à la restauration depuis 30 ans. « Quand vous mettez 600 000 euros sur la table, il vaut mieux que ça tourne, d’autant que je me suis porté caution personnelle. Si je coule ici, c’est fini », dit-il sans détour.
Chute de l’activité en 2012
Les premières années se déroulent comme prévu. Son chiffre d’affaires est en augmentation constante malgré la crise de 2008. « Je remboursais normalement mon emprunt. » Jusqu’à ce que le vent se mette à tourner. Les nuages noirs s’amoncellent à mesure que les travaux du tramway se rapprochent. En septembre 2012, les restrictions de circulation cadenassent l’avenue de Magudas. Le chantier de l’extension s’empare également de la rue Alphonse-Daudet. Les places de stationnement partent en fumée. Dans la foulée, l’entrepreneur mérignacais, frappé d’alignement, perd le petit parking devant sa devanture. Pour les clients, l’accès relève du parcours du combattant. Ceux de la zone du Phare et des parcs industriels voisins ne s’y hasardent plus. « On faisait entre 40 et 50 couverts par midi. Du jour au lendemain, on est tombé à zéro », assure-t-il.
Avant d’acheter, Christophe Léon s’était renseigné sur l’incidence éventuelle des travaux du tram sur son activité. « On m’avait tenu des propos rassurants, sachant que le tracé n’était pas totalement arrêté. Si j’avais su où je mettais les pieds, je n’y serais pas allé. »
Réexamen de son dossier
En trois mois (de septembre à novembre 2012), il affirme enregistrer un manque à gagner de 120 000 euros. Deux solutions s’offrent alors lui : préserver l’existant au risque d’aller dans le mur ou essayer de s’adapter à la nouvelle donne. Ce qu’il fait en lançant une brasserie, ouverte du mardi au samedi, midi et soir, avec des concerts les jeudis et samedis.
La Table de Ken ferme ses portes en décembre 2012. Christophe Léon engage des travaux d’aménagement intérieur en puisant dans ses ultimes réserves de trésorerie. Le Rock Blues Café naît le 2 février 2013.
Entre-temps, cinq personnes ont été licenciées et les objectifs économiques revus à la baisse. Tout en essayant de garder la tête hors de l’eau, il sollicite un avocat pour monter un dossier de demande d’indemnisation auprès de la CUB. Il fait également appel à un expert immobilier agréé auprès de la cour d’appel de Bordeaux. Bilans financiers, factures, registres de réservations… tout est compilé et épluché.
Il y a une quinzaine de jours, il reçoit un coup de fil de la mairie de Mérignac. Les nouvelles ne sont pas bonnes. La commission instruisant les dossiers a proposé un rejet pour M. Léon. Toutefois, la décision n’est pas officielle puisqu’il appartient au président de la CUB de prendre l’arrêté final de rejet ou d’indemnisation.
À la demande du maire Michel Sainte-Marie, Gérard Peccabin, directeur général des services de la ville de Mérignac, reconnaît avoir rencontré son homologue à la CUB, pour lui faire part de la position de la commune. « J’ai essayé de plaider la cause de cette entreprise », indique-t-il, au regard de la chute d’activité subie par La Table de Ken en 2012. Selon la Ville, la suppression du stationnement a forcément eu une incidence sur l’accessibilité du restaurant. Elle a conseillé à Christophe Léon de formuler un recours gracieux. De son côté, Gérard Chausset, vice-président de la CUB chargé des transports de demain, assure qu’aucune décision n’a été notifiée. « Le dossier va être réexaminé ».
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Anonyme replied on Permalien
indemnisation
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