On partait de loin. Au début des années 2000, la CGFTE (ancêtre du réseau TBC) comptait 63 millions de voyages par an. En dix ans, ce chiffre a quasiment doublé. Le tramway, qui concentre 63 % de la fréquentation en 2012, a profondément changé notre rapport aux transports en commun dans l’agglomération. Avec un corollaire : la part des bus peine à progresser.

Au total, 117 millions de voyages ont été enregistrés sur l’ensemble du réseau TBC en 2012. Alors que dans les agglomérations françaises, l’utilisation des transports communs stagne, la fréquentation à Bordeaux progresse de 6 et 9 % chaque année depuis l’arrivée du tramway en 2003.

Un quart des flux sur la ligne A

« Mais on partait de très très loin. Pendant quarante ans, rien n’avait été fait », rappelle Gérard Chausset, vice-président en charge des transports de demain à la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB).

Dix ans après sa mise en service, le tram, à lui seul, continue à afficher des progressions de fréquentation à deux chiffres chaque année, au point d’être victime de son succès. Lien entre la rive droite et la rive gauche, la ligne A concentre, avec 29,7 millions de voyages en 2012, plus d’un quart des flux du réseau.

À son lancement, on pensait que le tramway n’allait fonctionner qu’aux heures de pointe. En centre-ville, il est souvent saturé à toute heure de la journée. Pour faire face à l’affluence, des terminus partiels sont en train d’être aménagés. Les quais de la ligne C vont être rallongés pour accueillir des rames plus longues. Même le week-end, certains parcs relais sont bondés, preuve que les non-Bordelais ont eux aussi adopté ce mode de transport qui a donné à la capitale aquitaine sa dimension de métropole.

Avec 164 voyages par an et par habitant en 2012, Bordeaux reste pourtant en queue de peloton des agglomérations de plus de 450 000 habitants en France (181 voyages en 2011). « Et on est très loin de Lyon, par exemple, qui affiche 220 voyages par an », avance Gérard Chausset.

Le retard pris pendant quarante ans n’explique pas tout. Le poids des bus, irriguant à eux seuls 60 % du territoire, stagne à 37 % en 2012 même si la fréquentation y progresse aussi depuis la remise à plat du réseau, en 2010.

2010 n’a pas eu trop d’effets

« Le bus n’est pas assez fiable par rapport au tramway, analyse Christophe Duprat, vice-président en charge des transports et des déplacements à la CUB. Les usagers veulent savoir à quelle heure exactement ils peuvent le prendre et à quelle heure ils arriveront. Nous devons aussi augmenter sa vitesse commerciale (NDLR : vitesse moyenne, qui tient compte de la vitesse de pointe, des arrêts et des embouteillages) pour le rendre plus attractif. »

Du mieux est annoncé fin 2014 (voir ci-contre). « On voudrait atteindre 200 à 220 voyages par an et par habitant à l’horizon 2020-2025 », espère Gérard Chausset. Le renforcement du réseau ne fera pas tout. Changer les comportements, dans une agglo où le nombre de voitures par foyer est supérieur à la moyenne nationale, prend du temps.