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Mérignac-Pessac : duel de contraires

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En coulisses, les dossiers Thales et les tracés de la troisième phase du tramway opposent les socialistes Alain Rousset et Michel Sainte-Marie

Entre Alain Rousset, qui n’est pourtant plus le maire de Pessac, et Michel Sainte-Marie, qui ne sera bientôt plus celui de Mérignac, la bagarre est réelle pour leur ville. La desserte de l’aéroport à Mérignac ou le choix de Thales de regrouper ses activités à Mérignac suscitent de vifs débats entre les villes et leurs deux hommes forts.La relation, emprunte de rivalité, entre Mérignac et Pessac n’a jamais été un long fleuve tranquille. Entre Alain Rousset, qui n’est pourtant plus maire de Pessac, et Michel Sainte-Marie, qui ne le sera plus à Mérignac dans quelques mois, la bagarre est réelle, sourde. Il faut dire d’abord que tout oppose les deux hommes.

Le premier est un réalisateur, expert en développement économique. Il est communiquant à l’excès et sans doute inclassable dans les mille et un courants du Parti socialiste. Le second est d’abord un politique, discret, issu de la famille Léo Lagrange (il était proche de Pierre Mauroy) et homme de réseaux s’il en est. Alain Rousset a incontestablement dynamisé la ville de Pessac à compter de 1989. Le second, qui a succédé à Robert Brettes, a sans conteste donné une nouvelle attractivité à la capitale

Alain Rousset ne décolère pas depuis que le groupe Thales a fait le choix de Mérignac pour regrouper ses deux usines, celle du Haillan et de Pessac, sur le site de l’Aéroparc, non loin de l’aéroport. L’industriel veut y construire d’ici à 2016 une usine flambant neuve, un des plus beaux investissements industriels français des prochaines années. L’usine jouxtera celle de Dassault, son actionnaire de référence, où sont assemblés les Rafale et les Falcone.

Le président du Conseil régional a d’abord pesé de tout son poids (y compris financier) pour imposer le site de Pessac, en compétition avec Mérignac et trois autres dans l’agglomération. Il l’avait il est vrai conforté en 2000 en y attirant quelque 600 salariés et de nouvelles activités, à forte valeur ajoutée. Elle devra déménager, un crève-cœur pour l’ancien maire de Pessac. La ville de Mérignac a su jouer de ses atouts en coulisses, répondant point par point aux demandes de Thales : « Le site de Mérignac est d’abord et avant tout un choix industriel », tempère le sénateur Alain Anziani, candidat (PS) à la succession de Michel Sainte-Marie. Les complémentarités avec l’usine Dassault apparaissaient comme tellement évidentes que les Mérignacais se sont agacés de la pression pessacaise. Ce négociateur mérignacais se souvient aussi que le président de la CUB Alain Rousset avait refusé, il y a quelques années, à l’Aéroparc le label de Zone d’activités concertée (ZAC), donc l’accès direct aux financements communautaires…

Le match n’est pas fini. Le président de Région, fort de ses capacités financières, a imposé une chargée de mission dédiée à la reconversion du seul site de Pessac. Et s’étrangle presque quand il apprend que la CUB instruit actuellement une aide de 31 millions d’euros pour l’investissement de Thales et pour la reconversion de celui du Haillan mais pas, dans sa version initiale en tout cas, pour le site de Pessac. Il a eu une explication franche avec Vincent Feltesse sur ce sujet il y a quelques jours. Les responsables de Thales ne disent rien officiellement mais s’agacent de ces bisbilles de clochers qui, vu de Dubaï, paraissent bien secondaires. D’autant qu’ils se sont engagés à s’impliquer dans la reconversion des deux sites délaissés.

La troisième phase du tramway est à l’agenda communautaire du mois de décembre. Les études sont en cours pour juger de la pertinence des prolongements réclamés par de nombreux maires. La desserte de l’aéroport est une pierre d’achoppement. Après avoir étonné la France entière avec son projet de téléphérique (qui est pourtant la solution la moins chère), Michel Sainte-Marie compte bien faire acter la construction d’une ligne en site propre entre les Quatre chemins et l’aéroport, soit environ quatre kilomètres qui permettront aux passagers des compagnies de rejoindre le centre de l’agglomération. Problème : « Il faudra alors une heure pour rejoindre la gare Saint-Jean », assure un spécialiste des transports urbains. Trop long pour une agglomération qui dit vouloir devenir Métropole.

Alain Rousset et, plus discrètement, l’actuel maire de Pessac, Jean-Jacques Benoit, défendent un autre tracé, via la gare intermodale en construction de Pessac Alouette, en lien direct avec la plate-forme aéroportuaire. Le patron de l’aéroport, Pascal Personne, et la SNCF soutiennent cette solution. Le premier veut coûte que coûte arrimer son aéroport aux futurs flux de la LGV. Même avec un changement à l’Alouette, gare pour laquelle la Région ne ménage pas ses investissements, il faudrait alors une trentaine de minutes pour rejoindre la gare Saint-Jean, avec les fréquences du TER cadencées de la ligne Bordeaux-Arcachon.

« Je ne voterai pas pour cette solution », annonce déjà Gérard Chausset, en charge des transports à la CUB. L’élu écologiste (de Mérignac) s’est déjà vertement opposé à Alain Rousset sur ce dossier. L’avenir proche dira qui de Mérignac ou de Pessac emportera cette deuxième manche. Il sera d’ailleurs intéressant de connaître alors le choix personnel de Vincent Feltesse, le président de la Communauté urbaine de Bordeaux. La position du candidat (PS) à la mairie bordelaise sera en effet très observée.

 

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