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mai 2010 06h00 | Par Isabelle Castéra 0 commentaire(s)
Europe Écologie en objet
La Convention régionale d’Europe Écologie s’est tenue hier. Au menu : la construction de l’outil.
Hier à Bordeaux, les militants d’Europe Écologie en réflexion. photo Philippe Taris
Hier à Bordeaux, les militants d’Europe Écologie en réflexion. photo Philippe Taris
L’objet. L’outil. Marie Bové, Noël Mamère considèrent Europe Écologie comme un truc, un machin peut-être. En tous les cas, un moyen opportun de répondre à leurs néo-électeurs et à un projet écologique global. Hier, une bonne centaine de militants a participé à la Convention régionale d’Europe Écologie qui se tenait à Bordeaux. Une journée de débats, d’empoignades et d’ateliers de réflexion, en vue de rédiger un livre blanc. Derrière tout ce bla-bla écolo-participatif, émerge un dessein. La création d’une nouvelle entité politique, « une coopérative politique » qui ne tue personne, n’exclut personne, ne ratisse personne. Ou presque. Sauf à droite.
Associations, Verts, Cap 21, Alliance Indépendance Ecolo, tous étaient représentés hier. « On est dans la maïeutique », explique Gérard Chausset, adjoint vert de Mérignac. « Le travail d’accouchement. »
Il en profite pour se chamailler avec Noël Mamère, député-maire de Bègles. « On ne peut pas avoir de réflexe d’épicier, tonne Mamère. Europe Écologie ne sera pas une extension des Verts. Il faut jouer le jeu et partir sur une écologie qui marche sur ses deux jambes. Pas de logique d’assimilation ni de confédération. Autre chose. Un objet politique qui fonctionne comme une coopérative. Mais voilà : on n’a pas le gène qui nous rend plus fort que les autres, alors on va s’engueuler. On fera aussi fructifier l’intelligence collective. »
Quelle stratégie ?
Marie-Claire Dupouy est écolo depuis 1970. Elle fut la première présidente de l’association Les Amis de la Terre dans les Landes, en 1976. Convaincue par le projet, mais sceptique face au discours de son pote Noël Mamère. « Dans les Landes, on a créé un comité Europe Écologie avec des gens venus de plusieurs horizons, associatifs, Verts, militants isolés et ça marche. Pendant la campagne des régionales et des européennes, on s’est vraiment bien entendus. En fait, on sait bien que les Verts seront absorbés par Europe Écologie. Ils veulent faire avaler la pilule en douceur, histoire d’amadouer les apparatchiks. Un truc stratégique. Il faut travailler à la création d’un seul parti écolo qui rassemble et là je ne suis pas d’accord avec Noël. »
Quelques hiatus
Qu’est donc ce fameux « outil » au-delà des « clivages » ou des « clochers » ? Marie Bové invite à la construction. « Pas seulement avec les pros de la politique, mais aussi la société civile, dit-elle. Nous posons les bases d’un nouveau projet politique écolo, avec une volonté d’émancipation forte. Sans être définis de droite certes, mais pas de gauche forcément. Ni la gauche fainéante ni la droite libérale. Inventer une nouvelle offre. » Juste derrière cette déclaration, Mamère martèle devant un micro : « Nous sommes à gauche, parce que l’écologie ne peut pas être à droite. Incompatible. Sans excès d’orgueil, nous sommes la composante aujourd’hui la plus moderne de la gauche. »
Quelques hiatus plus loin, on remue tout ça et on réfléchit lors d’ateliers sur les retraites, les crises, la biodiversité, les discriminations, la jeunesse, les transports, la santé. On touille, on mixe. On pose le résultat noir sur blanc, avant la Convention nationale et l’échéance de l’automne, où se tiendront, à Paris, les États généraux de l’écologie politique.
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