Débat Sud Ouest sur la circulation : raisonner différemment et les vidéos du débat

Après une semaine consacrée aux difficutlés de circulation le journal Sud Ouest a organisé un débat ou j'étais invité voici  mes rélflexions qui ont alimenté mes prises de positions.

raisonner différemment

Sur le débat actuel concernant la thrombose  automobile, il faut prendre de la hauteur  et essayer de comprendre la situation.

Le problème de l’engorgement est le fruit d’une histoire, celle de 50 ans d’urbanisme.

En 1968, la Gironde avait 1 million d’habitants, la ville de Bordeaux, 266 mille soit 26 % de la population, Bordeaux représentait  56 % de la population de la CUB (550 mille habitants).

En 1990, la Gironde avait 1.220 millions d’habitants, la ville de Bordeaux, 210 mille soit 17 % de la population de Gironde, Bordeaux ne représentait plus que 33 % de la population de la CUB qui avait 624 mille habitants.

En 2014, la Gironde avait 1.5 millions d’habitants, la ville de Bordeaux, 244 mille soit 16 % de la population, Bordeaux représentait  32 % de la population de la CUB qui a 760 mille habitants.

En une cinquantaine d’années, la ville de Bordeaux a perdu en densité par rapport au reste de la CUB et de la Gironde.

Ces habitants sont allés en périphérie, (Mérignac, Gradignan Pessac etc) mais également  vers les cantons éloignés comme Castelnau + 13 mille habitants depuis 1982, Créon + 25 mille habitants entre 1975 et 212, et je ne parle pas du Bassin ou du Blayais.

Si on prend en comparaison Lyon on s’aperçoit que si le phénomène a été le même mais de façon moins forte, la densité de population, deux fois plus d’habitants sur la même superficie, permet un meilleur rendement des réseaux de transport notamment. Ainsi le réseau de transport de Lyon génère 347 voyage par habitant par an tandis que celui de bordeaux est à 190 pour 2017, alors qu’on a la plus forte croissance des réseaux urbains depuis plusieurs années, cela illustre bien le retard qu’on doit rattraper.

L’étalement urbain a fait son œuvre, avec deux autres phénomènes, l’absence d’investissement dans le transport entre 1960 et 2003 (seulement le Tram) et la croissance du modèle de la grande distribution (aspirateur à voiture) puisque la Gironde compte 30 % de surfaces  commerciales de plus que la moyenne nationale.

Il faut ajouter à ce cocktail, l’absence de politique foncière publique et l’attractivité de Bordeaux depuis 10 ans.

Actuellement les éléments positifs, attractivité, développement viennent renforcés les déficits. Le tramway et la rénovation du réseau de transport « éponge » le surplus mais n’arrive pas à corriger en profondeur le phénomène de l’étalement urbain. 60 % des déplacements se font toujours en voiture alors que nous sommes passés de 90 millions de voyages à 150 millions sur le réseau TBM en 8 ans.

Nous sommes dans une période de transition où il faut mettre le paquet sur l’intelligence de nouveaux comportements avant de remettre au gout du jour des recettes anciennes.

Nous devons accélérer la mise à  3 voies de la rocade, mais en réguler le trafic, c’est possible technologiquement, la 3 voie doit être intelligente, interdire les PL mais également instaurer une vignète de régulation, développer les transports express,  mettre plus de passagers dans chaque voiture (covoiturage), dédiée des sorties aux covoitureurs, ne pas avoir peur du péage avec compensation sociale.

En d’autres termes il faut raisonner différemment, le grenelle des mobilités qui doit être mis à jour en 2018 comportait pourtant de nombreuses idées qui avaient été signé par beaucoup d’acteurs, y compris économiques.

Il faut également s’appuyer sur des ruptures technologiques, comme le digital, le numérique mais aussi le Vélo à assistance électrique qui bien articulé avec les transports collectifs ouvre de nouveaux horizons (10 km facile) pour de multiples usagers. Je propose que la prime à l’achat de VAE soit de 500 euros pendant deux ans pour les actifs afin de créer un choc modal.

Les entreprises les administrations doivent également mettre le paquet sur les plans de déplacements avec le bureau des temps. Je propose de réunir le Préfet, le Président de Bordeaux métropole, de la Région du Département et le Recteur pour proposer un étalement des horaires et le développement du télétravail.

Le transport par cars doit aussi être mis à jour avec des lignes express, des retours tardifs et des voies dédiées sur autoroute comme en région parisienne.

Nous devons trouver de nouvelles recettes financières, sur ce point il faut mettre à contribution les parkings de grandes surfaces avec une redevance de 50 € par places.

 Si certains veulent relancer le métro (1 km coute 120milliosn d’euros), nous avons en revanche un outil sous utilisé qui est celui du réseau de chemin de fer avec des TER et la ligne de ceinture qui doit être cadencée, cela offre une vraie possibilité d’avoir un transport de masse. Nous devons réfléchir à leur connexion. Les temps de parcours sont imbattables, 5 minutes entre Arlac et la gare Saint-Jean. Il est essentiel de proposer une nouvelle gouvernance avec un syndicat mixte départemental.

Pour conclure, la relance du grand contournement par l’Est qui est dans la tête de beaucoup et constitue un viatique, ne résoudra en rien le problème du trafic local. Il faudra au moins une dizaine d’années pour le réaliser et trouver plus 1 milliard et demi d’€uros pour construire une telle infrastructure contraire aux engagements de réduction des gaz à effet de serre.

Il convient donc de trouver des solutions sur la base de nos infrastructures existantes.

 Gérard CHAUSSET

Lyon

Bordeaux