Soumis par Anonyme le
12 juillet 2004
Les deux tiers des rivières et nappes souterraines françaises étaient contaminés en 2002 par des pesticides, selon l’Institut français de l’environnement (IFEN)
Les deux tiers des rivières et nappes souterraines françaises contrôlées en 2002 étaient contaminés par des pesticides, selon le sixième rapport annuel publié ce lundi par l’Institut français de l’environnement (IFEN). En rivière, 75% des points contrôlés présentaient au moins un pesticide, c’est à dire une substance chimique utilisée pour lutter contre les mauvaises herbes, les insectes et les maladies en agriculture, mais aussi pour désherber les voies ferrées ou dans les jardins par exemple. 57% des contrôles en eaux souterraines révélaient une concentration de pesticides. Ces chiffres sont quasiment identiques à ceux de 2001 (73% des eaux de surface et 57% des eaux souterraines contaminées), attestant la permanence du phénomène. Ce sixième bilan met aussi en évidence le développement continu des moyens de surveillance des eaux continentales depuis six ans, puisque le nombre de points de surveillance a quasi quadruplé tandis que le nombre de substances recherchées a pratiquement doublé. Cependant, les données, recueillies> auprès des différents gestionnaires des réseaux d’observation (services de l’État, établissements publics, distributeurs d’eau, collectivités locales.), sont encore trop hétérogènes et insuffisamment documentées pour en tirer une image précise et représentative, à l’échelle du territoire national, de la nature et de l’évolution de la contamination. Elles permettent néanmoins de caractériser la présence des pesticides dans les nappes et les rivières. Ainsi, on répertorie près de 200 pesticides différents dans les eaux superficielles et souterraines, mais à des niveaux variables selon les types de ressources et les substances. Des mesures de gestion du risque ont d’ores et déjà été prises pour limiter la présence de substances actives dans les eaux. L’amélioration constante du système national d’information sur les pesticides dans les eaux s’appuie notamment sur les échanges réguliers entre l’Ifen, responsable de l’outil informatique associé -Sysiphe- et les groupes régionaux "phyto", en charge du volet régional du plan de réduction des pollutions par les phytosanitaires. Mais l’information est toujours lacunaire concernant les quantités de produits utilisés et leurs usages. L’association écologiste Eau et Rivières de Bretagne a dénoncé samedi dans un communiqué le « recul du gouvernement » sur le projet de taxation des nitrates des exploitations agricoles, dont l’abandon a été annoncé vendredi par le ministre de l’Agriculture Hervé Gaymard. Le ministère de l’Ecologie proposait, dans son projet de loi sur l’eau, de taxer l’azote des engrais et des lisiers des élevages, qui se transforme en « nitrates », polluant les eaux et les sols. Mais la taxe a été abandonnée la semaine dernière après un arbitrage de l’Elysée, selon une source gouvernementale. « Si cet arbitrage se confirmait, le gouvernement choisirait de poursuivre l’application du principe pollué-payeur : les consommateurs d’eau de Rennes, Strasbourg et Marseille continueraient de payer la dépollution des élevages industriels de porcs ou des grosses exploitations céréalières », estime l’association. « Ce recul aura deux conséquences », selon l’association. « Il rendra encore plus difficile la lutte contre la pollution, pour laquelle les collectivités dépensent des sommes astronomiques (et) il aggrave le risque d’une condamnation de la France, actuellement menacée d’une importante amende par la Cour européenne de Justice pour la pollution des eaux de Bretagne ». « Les consommateurs ne comprendront pas ce mauvais coup porté à la protection de l’environnement, au moment où le président de la République ne cesse de discourir sur la nécessité de veiller à la protection des ressources naturelles », conclut Eau et Rivières.