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Quand l’écologiste compte les minutes…
14/02/2017 à 3h38
Gérard Chausset (EELV) anime la commission transports de Bordeaux Métropole. Il s’interroge sur le projet de ligne Gradignan-Cenon, entre tramway et BHNS.
patrick faure
La construction d’une ligne de tramway partant de Gradignan-Beausoleil en direction de Cenon (avenue Thiers) en passant par Talence, Pellegrin, les boulevards et le pont Chaban-Delmas, fait toujours couler « beaucoup d’encre », si l’on ose s’exprimer ainsi… à l’époque du numérique.
Michel Labardin, maire (sans étiquette) de Gradignan et vice-président de Bordeaux Métropole en charge des transports de demain, est en première ligne sur le projet. Avec son voisin talençais Alain Cazabonne (Modem), qui fait partie de la même majorité sur l’agglomération, celle d’Alain Juppé, ils sont tombés d’accord sur le tracé, qui avait longtemps fait débat. La ligne principale devrait emprunter le Cours de la Libération, une fourche à hauteur du Creps permettant de desservir le quartier de Thouars jusqu’à la piscine (« Sud Ouest » du 7 février).
Dans le même sens
Gérard Chausset, élu mérignacais (EELV) et président de la commission transports de Bordeaux Métropole (1), tient à faire connaître son point de vue, comme il l’a fait en réunion de ladite commission. Une manière de voir les choses, au demeurant, n’est guère éloignée de celle d’Alain Cazabonne quant à la circulation en direction de Thouars, relativement au mode de transports et à la fréquence.
Sur le projet global, l’élu écologiste affirme qu’il « n’a rien contre le principe » de cette liaison Gradignan-boulevards-Cenon. « Bien sûr, il faut que les études la justifient et que cette ligne soit supportable financièrement. D’autant plus que l’étude du budget 2017 pointe des dépenses en investissement et en fonctionnement sur le budget transports qui augmentent fortement ».
Il ajoute : « Le projet est passé de plus de 500 millions d’euros à 413 millions simplement en augmentant (éventuellement, NDLR) la part de la pratique du vélo sur les boulevards, permettant ainsi une insertion plus facile du tramway ». Il reconnaît toutefois « que si on ne peut que souscrire à cette éventualité de l’augmentation de la part du vélo à 10 %, elle est purement virtuelle et relativement acrobatique financièrement ». En clair, il craint que la réduction des voies réservées aux véhicules ne crée un engorgement.
« Une réflexion plus large »
Selon lui, donc, « la volonté absolue de proposer un tramway ne doit pas empêcher une réflexion plus large sur les autres modes, BHNS (bus à haut niveau de service) et aussi sur l’ensemble de l’aménagement des boulevards, puisqu’aujourd’hui, à peine la moitié des boulevards seraient aménagés dans ce cas de figure entre Saint-Augustin et le pont Chaban ».
L’élu d’Europe Écologie-Les Verts se satisferait « d’un tramway reliant directement Gradignan au CHU Pellegrin par la Médoquine, permettant de faire un maillage avec la ligne A, qui aurait un coût plus acceptable et permettrait à terme également la mise en œuvre d’un projet de transport sur les boulevards. »
Quant au quartier de Thouars, M. Chausset rappelle « qu’il nous est présenté un scénario en fourche avec une desserte toutes les 15 minutes et une connexion à la gare de la Médoquine. Mais cette fréquence au quart d’heure n’améliore pas ou très peu la desserte de Thouars ».
Thouars a déjà son bus
Il précise « qu’actuellement la desserte TBM (par bus) de ce quartier se fait déjà au quart d’heure, avec la liane 8 + reliant le CHU à Gradignan-Malartic, en 18 minutes pour aller de Thouars au CHU, un bus toutes les 15 minutes en heure de pointe ».
« S’il est vrai que le tramway apporte une revalorisation urbaine non négligeable, on peut s’interroger légitimement sur l’intérêt de desservir Thouars au quart d’heure, (la desserte en fourche ne permettant pas de faire mieux), alors qu’une desserte rapide en site propre par BHNS permettrait d’avoir des fréquences à 10 minutes voir moins en heure de pointe ».
(1) Ses responsabilités décisionnelles sont moindres que celles d’un vice-président du Conseil métropolitain comme l’est Michel Labardin.
Sud Ouest du 1 Mars
Michel Labardin, vice-président aux transports de demain au sein de la Métropole, défend bec et ongles son projet de nouvelle ligne par Talence et les boulevards.
patrick faure
Le maire de Gradignan, Michel Labardin, et Alain Cazabonne, son homologue et voisin talençais, se sont récemment accordés sur le tracé d’une nouvelle ligne de tramway entre les deux villes. Ce tracé n’effectuerait plus un détour par Thouars, mais suivrait en ligne droite le cours de la Libération vers le pont de l’échangeur 16, puis le cours du Général-De-Gaulle, à Gradignan.
Ceci n’étant qu’une partie du projet porté par le premier magistrat gradignanais, par ailleurs vice-président de Bordeaux Métropole en charge des transports de demain. Il s’agit seulement d’une partie du projet de ligne circulaire partant du sud de Gradignan vers Cenon, par Talence, Pellegrin, les boulevards et le pont Chaban-Delmas. Au passage, à partir du cours de la Libération, une fourche à hauteur du Creps permettrait de desservir le quartier de Thouars.
Le financement
Ceci étant posé, Gérard Chausset, élu mérignacais (Les Verts) et président de la commission transports de Bordeaux Métropole s’était interrogé publiquement, mais aussi dans nos colonnes (« Sud Ouest » du 14 février). Après avoir affirmé « n’avoir rien contre le principe de cette liaison Gradignan-boulevards-Cenon », il émettait des restrictions. « Il faut que les études la justifient et que cette ligne soit supportable financièrement. D’autant plus que l’étude du budget 2017 pointe des dépenses en investissement et en fonctionnement sur le budget transports qui augmentent fortement ». M. Chausset craint aussi « que la réduction des voies sur les boulevards ne crée un engorgement. »
Tram ou BHNS
L’élu écologiste souhaite donc « une réflexion plus large sur les autres modes, BHNS (bus à haut niveau de service) et aussi sur l’ensemble de l’aménagement des boulevards ». Estimant pouvoir se satisfaire d’un tramway reliant directement Gradignan au CHU Pellegrin par la Médoquine, « permettant de faire un maillage avec la ligne A, pour un coût plus acceptable ». Une intervention que Michel Labardin, membre de l’exécutif métropolitain contrairement à M. Chausset, a moyennement apprécié.
« Précautions et préalables »
M. Labardin tient ainsi à rappeler sa position : « Cette ligne métropolitaine Gradignan – Talence – Bordeaux boulevards – Cenon est un projet qui avance », dit-il.
« Des études d’optimisation de l’insertion aux carrefours sont lancées en préalable à la mise en concertation publique. Et pourtant, aucune ligne ne fait autant l’objet de discours de prudence, de précautions, de préalables ! » Et d’ajouter : « Nous parlons d’une ligne circulaire, la première dans la Métropole qui va relier toutes les autres et accélérer de manière spectaculaire l’utilisation des transports collectifs ; d’une ligne transportant 74 000 voyageurs par jour, soit trois fois et demie les chiffres de la ligne D en construction ou quinze fois ceux de l’extension de la ligne C vers Blanquefort (Comme le Tram-Train du Médoc) ».
Les boulevards
Le maire estime aussi qu’il s’agit « de la ligne la moins onéreuse au kilomètre (moins de 20 millions d’euros au lieu de 25 à 30 millions d’euros actuellement) qui, associée au projet de rénovation des boulevards de Bordeaux, redonnera un caractère vivant et sain à cette voie emblématique ».
« Il faut faire face au besoin croissant de mobilité en répondant à l’attractivité démographique et économique d’une grande métropole bientôt à deux heures de Paris. Cette ligne répond aussi aux exigences environnementales en réduisant massivement l’utilisation de la voiture ».
Volontariste à l’extrême, Michel Labardin « attend que l’audace et la confiance en l’avenir l’emportent. Investir c’est aller de l’avant pour incarner une vision métropolitaine de la mobilité ».
Plus un coup de griffe au passage : « à la métropole, certains pseudo-écologistes s’expriment de manière désordonnée, sans doute pour essayer de faire oublier leur opposition, lorsqu’ils étaient aux affaires, à ce grand projet ».
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