Au fil des débats, élus et techniciens ont insisté sur le fait qu’une extension de la ligne A du tram des Quatre Chemins vers l’aéroport n’aurait aucune incidence sur la fréquence de desserte actuelle du centre-ville de Mérignac et du Haillan-Rostand. Toutefois, la perspective d’une liaison directe entre la gare Saint-Jean et l’aéroport s’éloigne. En effet, une rupture de charge, porte de Bourgogne, semble aujourd’hui inévitable. Car les aménagements techniques nécessaires « dégraderaient la ligne C et entraîneraient des temps d’attente assez longs », plaide Nicolas Fontaine, directeur général adjoint en charge de la mobilité à Bordeaux Métropole.
De son côté, Michel Labardin, vice-président en charge des transports de demain, soutient que le temps d’attente, porte de Bourgogne, demeure relativement faible malgré tout (3 minutes à 3 min 30) pour les voyageurs devant prendre un train ou un avion.
Lors des échanges, Dominique Lestynek, représentant la Fédération des syndicats et comités de quartier, a fait un véritable plaidoyer pour le tramway, allant jusqu’à proposer une interconnexion entre les lignes A et B du tram. Par extension, cette option permettrait de gérer les déplacements intermodaux au niveau de la ligne TER Bordeaux-Arcachon.
Également présent, Pascal Personne, a rappelé la position de la société aéroportuaire. « Elle est clairement pour le tramway, idéalement en voie double car il faut se situer dans un horizon de 10 ou 15 ans », a-t-il glissé. Selon le directeur, cette variante est plus « cohérente » au regard du potentiel de développement économique de la zone. D’autant que le surcoût annoncé en comparaison de la voie unique n’est que de 10 millions. Il met également l’accent sur l’attractivité sans égal du tramway. « Pour la clientèle internationale qui arrive par l’aéroport, ce serait indéniablement un atout. » Enfin, il a salué la « complémentarité » entre le tramway Aéroport/Quatre Chemins et le bus Aéroport/Pessac Alouette. Sachant que cette solution conduirait à l’abandon de la navette existante.
À l’inverse, l’élu écologiste Gérard Chausset considère qu’un tram en voie unique depuis les Quatre Chemins est largement suffisant pour l’instant. « On est loin de la saturation, il y aura de la marge. On peut très bien concevoir un équipement avec des réserves foncières pour s’adapter le cas échéant à une hausse de la fréquentation. »
Liaisons complémentaires
Six scénarios ont été passés au crible : le tramway en voie double des Quatre Chemins vers l'aéroport, le tramway en voie unique sur le même itinéraire, un bus à haut niveau de service (BHNS) Quatre Chemins-aéroport, un BHNS reliant les Quinconces à l'aéroport, la solution aérienne du câble, et un BHNS dit optimisé Aéroport-Quinconces. Sachant que chacun d'entre eux est assorti d'une desserte complémentaire en bus entre l'aéroport et la gare de Pessac-Alouette via la rocade. Sous réserve d'obtenir le régime dérogatoire idoine par rapport au code de la route.
Plusieurs critères ont été étudiés : la fréquentation attendue, le temps de parcours, l'estimation financière ainsi que l'évaluation socio-économique présentant les coûts et les avantages de la situation avant et après projet.
Que dit l'analyse comparative ? À titre d'exemple, le temps de parcours de référence entre l'aéroport et les lycées de Mérignac est estimé aujourd'hui à 17 minutes par la liane 1. Avec le tram, ce temps tomberait à 12 ou 13 minutes. Idem avec le BHNS.
Depuis les Quatre Chemins, le tram serait plus performant en termes de nombre de voyageurs montants : 4 800 et 5 100 personnes transportées par jour contre 3 700 pour le BHNS sur la même portion. Toutefois, ce dernier ferait un meilleur score en partant des Quinconces. Reste que cette option est de loin la plus onéreuse. Son coût est évalué à 148 millions d'euros, pour une quinzaine de kilomètres. Pour sa part, le tram en voie double depuis les Quatre Chemins atteint 82 millions, pour un aménagement de cinq kilomètres. En voie unique, il faut compter 72 millions.
Sans présumer des options qui seront retenues à l'arrivée, l'analyse a justifié l'approfondissement de deux scénarios : le tram en voie simple et le BHNS optimisé entre l'aéroport et les Quinconces, qui ne prévoit pas de couloir en site propre sur l'ensemble du tracé.
Station à Mérignac Soleil
En voie simple, le tram présente un coût au kilomètre d'environ 14 millions d'euros. Nettement inférieur à celui des phases précédentes, ce ratio inclut, par précaution, la construction d'un ouvrage de franchissement de la rocade, à hauteur de l'avenue Kennedy. La pertinence de sa réalisation fera l'objet, toutefois, d'une étude spécifique.
Quatre nouvelles stations seraient créées via ce scénario : à Mérignac Soleil (avenue de la Somme), à proximité des entreprises Lapeyre et Cofinoga et au niveau du hall B de l'aéroport. Deux options d'insertion du tramway ont été présentées sur le secteur de Mérignac Soleil (avenue de la Somme, rue Schweitzer). La première implique la suppression de la haie végétale existante. En contrepartie, l'impact foncier est limité. La seconde maintient la contre-allée dans sa situation actuelle, mais engendre des acquisitions foncières plus conséquentes. Sachant que dans les deux cas, la plate-forme du tram est censée occuper le terre-plein central, entre les deux sens de circulation.
Le deuxième scénario (BHNS depuis les Quinconces) nécessite l'aménagement d'un linéaire de 15 kilomètres et l'aménagement de 24 stations entre Bordeaux et l'aéroport. À l'instar du tram, ce bus emprunterait sur le dernier tiers de son parcours la zone de Mérignac Soleil, puis les axes Matosinhos, Kennedy et Cassin jusqu'à l'aéroport.
Le détail des études présentées lundi sera bientôt versé au registre. Selon le calendrier prévisionnel, la concertation se poursuivra jusqu'à la fin de l'année. À cette date, le recueil des avis sera provisoirement arrêté, avant d'être relancé durant l'enquête publique. Une fois les travaux enclenchés, les deux dessertes (Pessac Alouette et Quatre Chemins ou Quinconces) devraient être opérationnelles fin 2019.
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