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Politique | Journées d'été EELV à Pessac: militantisme, fête et débats

22/08/2014 | Le PCF a sa Fête de l'huma. Europe Ecologie Les Verts ses Journées d'été, qui se déroulent actuellement à l'Université Bordeaux Montaigne, à Pessac.
Des dizaines de stands « contre » : l'agression publicitaire, la corrida ou encore la chasse. Un concours - à l'ironie à peine déguisée - de Miss et Mister Croissance. Mais aussi des vendeurs de galettes bretonnes, de burgers de race bazadaise, et même un stand « disco soupe » animé par de jeunes écolos, dont le menu ne manque pas de saveur : « jus paix », « bande de gazpacho » ou encore « gauche guacamole ». Les écologistes ont le sens de la fête et du bon mot. Mais surtout le goût du débat.
Ce vendredi 22 août 2014, la Fondation de l'écologie politique organisait dans le cadre des journées d'été d'EELV un forum intitulé « Economie et écologie ». Marie-Monique Robin, auteure et réalisatrice, était venue notamment présenter en avant-première les cinq premières minutes de son documentaire « Sacrée croissance ! », qui sera diffusé le 4 novembre prochain sur Arte. Renoncer au concept de croissance, tel est le maître-mot de ce film résolument engagé, qui prône l'avènement d'une société post-croissance. Un terme qu'elle préfère au mot décroissance, qui fait, selon elle, trop peur aux gens. « Le modèle agro-industriel est emblématique d'un système économique, qui est basé sur la croissance illimitée. Dans ce système, l'agriculture ne vise plus à alimenter les populations mais à créer du profit en produisant toujours plus sans tenir compte des externalités : la pollution, les paysans et les consommateurs malades, l'épuisement des sols et le réchauffement climatique », dénonce-t-elle. Pour la réalisatrice, la seule clé de la transition énergétique, c'est le modèle collectif de propriété des installations, c'est-à-dire les coopératives. « Si on se réapproprie la production alimentaire, l'énergie et l'argent, c'est-à-dire les trois trucs dont on a besoin pour vivre, les multinationales peuvent aller se rhabiller ».
En finir avec le paradigme de la croissanceUne analyse qui va à contre-courant de ce qu'elle considère comme une pensée unique, alimentée par l'ensemble des hommes politiques et des économistes. « Toutes les analyses économiques et toutes les prévisions de l'INSEE montrent qu'il n'y aura plus de croissance dans les quinze prochaines années mais le discours des politiques et des économistes continue de faire l'apologie de la croissance. Les économistes ont oublié que ce qu'avait apporté la croissance après la Seconde guerre mondiale, ce bien-être dans les pays occidentaux, qui s'était toutefois fait au détriment du reste de la planète, c'est fini. Et les hommes politiques ont tous été biberonnés à l'ENA, qui ne jure que par la croissance donc ils ont un véritable problème de logiciel ». Philippe Lamberts, coprésident du Groupe des Verts au Parlement européen, va même plus loin, en parlant de la croissance comme d'une religion. Ce qui rend selon lui tout changement impossible : « dès l'instant où l'on a été éduqué dans une foi, il est très difficile au moyen d'arguments rationnels de demander à des gens de l'abandonner car bien souvent, ils ont construit leur identité et leur carrière sur cette foi ».
L'écologiste s'insurge contre le mythe de la croissance infinie. « Lorsqu'on s'imagine vivre dans un monde où la croissance infinie est possible, la question de l'inégalité n'est plus très importante car, même si certains vont accumuler plus vite que d'autres, tout le monde aura à terme sa part du gâteau. Mais si l'on accepte la notion que nous vivons dans un monde limité, ce n'est plus possible de se dire que grâce à la croissance, on va pouvoir toujours distribuer beaucoup plus à tout le monde. La question n'est donc plus celle de la distribution des fruits de la croissance mais celle du partage de ressources finies. Avec l'acceptation du fait que si l'on veut donner à Pierre, il faudra prendre à Jacques ».
Ruser avec le capitalismeForcément, le discours plus pragmatique et nuancé de Pierre Ducret, PDG de la Caisse des dépôts et consignations climat, dénote et est accueilli par des sourires en coin de la part des autres intervenants et parfois par quelques protestations de l'assistance. « Pour moi, l'exercice est un peu plus difficile. Je vais dire certainement des choses qui ne vont pas vous plaire », confie-t-il. En effet, le public n'était pas forcément acquis à sa cause. La croissance, lui, ne crache pas dessus. « La corrélation entre croissance du PIB et l'emploi est beaucoup plus faible qu'elle ne l'a été à une époque mais elle existe toujours. Sans croissance du PIB, il y a instantanément une augmentation du chômage ». Pour Ducret, l'accélération de ce mouvement de transition vers un modèle économique sobre en consommation de ressources naturelles non renouvelables passe inévitablement par des investissements. Majoritairement privés. « Si on ne raisonne qu'en termes d'investissement public, on n'a aucune chance de traiter le problème ». Selon lui, l'action publique doit ruser avec le capitalisme, d'où la nécessité d'un compromis avec le marché. « Un compromis, pas une capitulation », précise-t-il. Un discours qui aura le don d'agacer un membre du public, nostalgique du productivisme, voyant dans ce compromis au sein du libéralisme un parallèle politique avec la social-démocratie.
Et qui lui vaudra une pique de la part de Marie-Monique Robin : « la croissance verte, je n'y crois pas un instant ». Le Vert Philippe Lamberts reconnaît, lui, qu'il y a une place pour le marché dans l'économie et ne croit pas à l'Etat omniscient, rappelant qu'il n'a jamais été convaincu par les économies dirigées. Toutefois, pour lui, le dogme de la libre circulation des capitaux doit être remis en cause si l'on souhaite pouvoir réguler la finance et mettre en place une démocratie mondiale. « Si nous n'avons aucune règle au niveau mondial à mettre en face de ce marché mondial transfrontalier, alors la souveraineté suprême ne résidera plus dans la collection de démocraties individuelles mais dans les marchés financiers », alerte-t-il.
 
L'actu vue par Gérard Chausset, conseiller communautaire EELV à la CUB et adjoint au maire de Mérignac
Duflot
J'aime bien Cécile Duflot mais je pense qu'elle prend les journées d'été en otage avec son livre, or les Français attendent autre chose de nous. J'aurais préféré qu'elle fasse un livre de propositions plutôt que ce biopic de ses deux ans passés au gouvernement. Elle a une volonté de beaucoup personnaliser la politique, avec en ligne de mire son objectif pour la présidentielle. Je regrette aussi qu'elle ait quitté le gouvernement. Refuser le poste de n°2 du gouvernement, à savoir la transition énergétique, dans le pays le plus nucléarisé du monde qui est le nôtre, pour moi c'est incompréhensible. J'aurais préféré que l'on reste au gouvernement et qu'il y ait un clash sur un désaccord lié à des mesures ou à une loi. Du coup, aujourd'hui, on a beaucoup moins de force pour influer vu qu'on n'est plus au gouvernement. Par rapport à la question du nucléaire, Henri Proglio ne pouvait pas rêver mieux.
Valls
Pour moi, Manuel Valls n'est pas pire que Jean-Marc Ayrault. Ne le diabolisons pas plus qu'il ne le faut. On a supprimé les peines plancher sous Manuel Valls. Le problème, ce n'est pas le premier ministre, c'est un problème de gouvernance.
Mélenchon
S'il décide de prendre du recul, en quittant la co-présidence du Parti de gauche, c'est très bien. Mélenchon a beaucoup de talent. Le problème c'est qu'il est dans une posture excessive. Il est tombé dans les travers peu glorieux du cabotinage médiatique. Ça a un peu marché au début mais après, ça tournait en boucle. Il a essayé de faire le lien entre la gauche du PS et le PC alors qu'il a été pendant trente ans un apparatchik du PS. Avec le Front de gauche, il a essayé d'emprunter à l'écologie, qui d'ailleurs ne nous appartient pas, mais il a des différences fondamentales avec nous dans la doctrine et dans l'approche. Notamment sur la remise en cause de la croissance, de l’exploitation des ressources naturelles, ou encore du nucléaire. Même s'il a essayé d'évoluer sur le nucléaire.  
Bayrou, Juppé...
L'écologie doit s'adresser à l'ensemble de la société. On doit être en mesure de discuter avec l'ensemble des citoyens et donc l'ensemble des forces politiques, sauf celles anti-écolo bien sûr. Il y a des gens au centre qui peuvent être tout à fait fréquentables comme François Bayrou. Ou même à droite comme Alain Juppé. Le maire de Barsac (N.D.L.R. : Philippe Meynard) a mis à disposition des poulaillers, c'est une décision tout à fait écologiste. Il ne faut pas avoir peur que nos idées soient reprises, ce n'est pas pour ça qu'elles vont disparaître. Notre grand défaut, souvent, c'est qu'on ne parle qu'à nous-même. Or ce n'est pas en parlant aux 3 ou 4% d'écolos radicaux convaincus, que l'on va faire bouger la société. Je suis réaliste et pragmatique, j'ai toujours été sur cette ligne.
 

La désillusion bien calculée de Cécile Duflot dans Sud Ouest

La publication du livre témoignage de l’ex-ministre du Logement a fait l’événement politique, à l’ouverture de l’université d’été du parti, à Pessac.

 

Gilles Guitton g.guitton@sudouest.fr Le « notre amie Duflot » lâché, tout sourire, par Alain Rousset, à l'ouverture de l'université d'été d'Europe Écologie-Les Verts, hier à Pessac, n'a pas trompé grand monde. La publication le même jour par « Le Nouvel Obs » des « bonnes feuilles » - c'est-à-dire les plus assassines - du livre de l'ex-ministre du Logement sur son expérience gouvernementale a donné de l'urticaire au président de la Région. En qualifiant François Hollande de « président de personne » et en jugeant Manuel Valls à l'aune de Nicolas Sarkozy, le tout alors que les gauches au pouvoir perdent leurs boussoles, elle s'est invitée au centre des débats. « Des débats inutiles et méprisés des Français. Je m'en bats l'?il », lâchait...

Gilles Guitton

 

Le « notre amie Duflot » lâché, tout sourire, par Alain Rousset, à l'ouverture de l'université d'été d'Europe Écologie-Les Verts, hier à Pessac, n'a pas trompé grand monde. La publication le même jour par « Le Nouvel Obs » des « bonnes feuilles » - c'est-à-dire les plus assassines - du livre de l'ex-ministre du Logement sur son expérience gouvernementale a donné de l'urticaire au président de la Région. En qualifiant François Hollande de « président de personne » et en jugeant Manuel Valls à l'aune de Nicolas Sarkozy, le tout alors que les gauches au pouvoir perdent leurs boussoles, elle s'est invitée au centre des débats.
« Des débats inutiles et méprisés des Français. Je m'en bats l'œil », lâchait Alain Rousset, en coulisse. À la tribune, il s'était contenté d'une remarque sur « le courage de la responsabilité » et d'une appréciation à double tranchant sur la politique du logement. Sur le thème : merci, mais j'aurais fait mieux…
« C'est violent et blessant »
Même irritation de Jean-Paul Huchon, venu en président d'une Île- de-France au fort bataillon vert dans sa majorité : « C'est violent et blessant, pas de très bonne qualité. C'est à discuter entre eux, tous ne sont pas d'accord. » Chez les écologistes justement, Marie Bové, conseillère régionale d'Aquitaine, retourne le compliment : « La famille socialiste est profondément divisée. Mais ce n'est pas à nous de dire aux frondeurs ce qu'ils doivent faire. »
Gérard Chausset, adjoint au maire PS de Mérignac, tacle la Parisienne : « On sent qu'elle est dans la diabolisation de Valls, mais je ne suis pas sûr que Valls soit plus mauvais que le précédent. »
Stéphane Saubusse, secrétaire régional d'EELV, est ravi de la sortie de son chef de file. Il n'est pas le seul. « Ce témoignage a l'intérêt de dessiner plus clairement une ligne. Quand on discute en interne sur la participation au gouvernement, c'est 80 % contre et 20 % pour. »
Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale du parti, doute du chiffre et veut calmer le jeu. Du bilan Duflot, elle dit : « Ces propos lui appartiennent. Je ne fais pas de la politique en portant des jugements sur Valls et Hollande. Je leur dis que quand on a une majorité il faut lui donner les moyens. »
La vedette du jour savoure. Dans quel gouvernement de gauche pourrait-elle gouverner ? « L'écologique. Le sujet, ce n'est pas plus ou moins à gauche, c'est écolo ou pas. Le vrai sujet, c'est une erreur d'analyse sur la crise. Les réponses apportées n'étaient pas adaptées, et leur amplification ne fait qu'aggraver la situation. » Et d'ajouter en rappelant les avertissements donnés à Matignon : « La réalité électorale nous a donné raison aux municipales, la réalité économique nous donne raison aujourd'hui. »
« Le degré zéro du débat »
Là-dessus, les chefs d'EELV ont l'air à peu près d'accord. Il faut que la gauche au pouvoir change de politique. Mais avec qui ? Jean-Vincent Placé veut parler « pourquoi pas avec Bayrou et Borloo ». Emmanuelle Cosse remarque que « les écolos auront toujours une place à part à gauche parce qu'ils ne viennent pas du socialisme ». Cécile Duflot s'amuse « par provocation » à dire qu'elle est « 100 % d'accord » avec un texte d'Alain Juppé de 2010, lu à la tribune… Et Pascal Canfin, lui aussi « ex » du gouvernement Ayraud, résume un sentiment très général en tançant : « Qualifier ceux qui ont des désaccords d'irresponsables comme l'ont fait Hollande et Valls, c'est le degré zéro du débat. Nous sommes plus que jamais fondés à incarner une alternative au sein de la majorité. » Ce qui est sans aucun doute le but de l'opération Duflot.

 
 
 
 
 
 
 
 

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