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Tribune : Navette BORDEAUX PARIS ORLY : pour un débat public !

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Le 19 mai 2020
 
Les propos de Bruno LEMAIRE le 4 mai sur les ondes France Inter conditionnant les aides des compagnies aériennes au titre du COVID à la suppression de certaines liaisons aériennes intérieures et appelant d’une façon plus globale à une réflexion profonde sur le trafic aérien et la filière ont pour le moins enflammés le microcosme politico économique Bordelais.
Quand un Ministre de l’économie conditionne les aides de l’industrie aéronautique à des engagements environnementaux je ne peux qu’applaudir. C’est une première, ce sont des paroles en attendant les actes mais cela traduit l’effet du COVID sur certains esprits et une évolution de la société où la défense de l’activité économique et de l’emploi devra réellement prendre en compte les impacts écologiques.
Le trafic aérien est en première ligne par ses impacts mais également par ce qu’il induit.
Le 6 avril 2019 j’avais tiré la sonnette d’alarme sur le développement non concerté et inconsidéré de l’aéroport de BORDEAUX MERIGNAC ceci bien avant le débat initié par François RUFFIN sur la suppression des vols intérieurs de moins de deux heures.
Pour autant il convient de ne pas s’enflammer et d’avoir un regard et une réflexion critique sur ce qui passe. Dans les conditions actuelles, la croissance du trafic aérien n’est pas supportable écologiquement notamment au regard de son impact environnemental, même si certains pensent qu’il y a des marges de progrès techniques.
La crise du COVID a mis en exergue la fragilité de ce secteur qui s’est développé ces dernières décennies grâces aux échanges mondialisés, au low cost et à une large exonération des contraintes environnementales, mais s’est écroulé tel un château de cartes.
Aujourd’hui, il est clair que cette filière doit entrer dans le rang, la baisse du trafic aérien est inéluctable pour quelques années. Il convient donc de profiter de cette période, et c’est là où Bruno LEMAIRE a raison, pour conditionner les aides en fonction des engagements des compagnies, pas seulement pour « verdir » à la marge mais surtout pour un véritable aggiornamento du trafic aérien avec une juste taxation du kérosène.
Cela implique aussi de la part de l’État et de la SNCF par exemple le retour des trains de nuit et le développement d’un réseau ferré régional rapide et efficace.
Pour autant la baisse souhaitée du trafic aérien passe t-elle forcément par la suppression de la navette BORDEAUX ORLY ?
Certes la navette est particulièrement dans le viseur car elle peut être compensée en partie par la LGV BORDEAUX PARIS de 2 heures. Elle ferait office de prise de guerre, un objet idéologique alors même que la baisse de sa fréquentation depuis l’arrivée de la LGV n’a pas empêché la forte croissance de la plateforme bordelaise à coût de low cost dont l’utilité sociale reste en partie à démontrer et les conséquences écologiques sont elles avérées.
La question mérite assurément d’être posée ; les premières réactions dont le courrier des collectivités face à cette annonce furent induites par un monde où prendre l’avion « pour un oui ou pour un non » est un réflexe pour les affaires, le travail ou bien sûr voyager à pas cher pour 50 euros à l’autre bout de l’Europe.
D’où l’idée de navette, « j’ai un rendez-vous sur Paris, hop, je prends l’avion sans me poser de question », prendre l’avion s’est démocratisé, s’est banalisé. Mais aujourd’hui, cette idée de navette est devenue saugrenue et doit être abandonnée car on ne peut plus prendre l’avion aujourd’hui comme on a pu le prendre hier sans se poser de question.
C’est pourquoi je propose qu’on abandonne l’idée même de « navette » et en revanche qu’on examine l’utilité sociale, économique et écologique de telle ou telle liaison. Ainsi, sans la supprimer totalement Il peut paraître nécessaire de conserver des liaisons régulières et quotidiennes entre ORLY et BORDEAUX, car cette liaison remplit des fonctions utiles économiquement pour l’industrie toute proche, pour les DOM TOM et certains vols internationaux.
Aujourd’hui, le trafic aérien se développe sans autres critères que celui de la croissance de la plateforme sans évaluation réelle des impacts des destinations proposées. Faut-il supprimer la liaison vers Orly mais se pose t’on la question de l’utilité de rejoindre ZADAR en CROATIE, BARI ou ALICANTE depuis BORDEAUX?
La baisse du trafic aérien est nécessaire mais aujourd’hui ce sont les compagnies aériennes qui dictent leur loi, qui imposent des liaisons improbables à moins de 50 euros, qui induisent des comportements à risques et développent une industrie polluante sans réflexion autre que celle de la croissance pour la croissance. Le développement autonome du trafic aérien, sans concertation, sans contrainte au seul nom du développement économique et de l’emploi n’est plus souhaitable. La crise sanitaire actuelle et la crise climatique doivent nous engager à revoir certains principes, même si cela dérange, mais pour être efficace cela doit se faire dans la concertation avec tous les acteurs y compris les habitants et les riverains.
Plus que la suppression pure et simple d’une liaison totem comme celle d’Orly, je propose la remise en cause du développement du trafic aérien tel qu’il est envisagé depuis plusieurs années sur notre Métropole, des solutions existent notamment :
- l’arrêt des liaisons qui génèrent des vols de nuit, la limitation des vols low cost et une baisse progressive et concertée des liaisons entre Bordeaux et Paris.
C’est pourquoi plutôt que de s’écharper à coût d’arguments entre ceux qui pensent détenir la vérité et ceux qui ont peur de perdre leur prérogatives je réitère ma demande d’organiser un vrai débat public sur l’avenir de la plate forme aéroportuaire de BORDEAUX MERIGNAC avec l’État, les collectivités, les agents économiques, les associations, les riverains, les habitants. Sur plusieurs semaines l’objectif serait de trouver un consensus pour un avenir apaisé sur le sujet.
Gérard CHAUSSET Adjoint au Maire de Mérignac, Président de la Commission Transport de Bordeaux Métropole

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