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SOGERMA "intervention en conseil de CUB" après l’annonce d’un moratoire fait par EADS

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SOGERMA

Dans cette crise qui affecte notre communauté urbaine, l’annonce d’un moratoire sur la fermeture du site de la SOGERMA à Mérignac nous soulage tous.
Cependant, si ce moratoire est porteur d’espoir, il ne signifie pas pour autant le bout du tunnel pour les salariés de la SOGERMA.
La brutalité avec laquelle la direction de EADS a annoncé, il y a exactement une semaine, sa décision de fermer le site de Mérignac nous conduit en effet à la prudence. Par conséquent, nous restons extrêmement mobilisés, vigilants et solidaires sur ce dossier.

La décision prise par EADS et par le gouvernement Villepin complice, relève de la dépréciation de la valeur travail et le refus d’une gestion prévisionnelle des compétences sur un territoire.

Les collectivités publiques sont de plus en plus considérées comme des paillassons par les grandes entreprises. Plus soucieux de s’assurer une forte rentabilité financière à court terme que d’offrir à leurs filiales une stratégie industrielle solide, les groupes industriels comme EADS et Airbus bénéficient pourtant des largesses de l’Etat et des collectivités locales (on se souvient des fonds publics attribués aux hangars ou à l’itinéraire à grand gabarit ! A ce sujet, les Verts appellent les maires des communes concernées par la route à grand gabarit à empêcher le passage des pièces de l’A380).

Comment se fait-il que l’on donne des leçons aux Japonais et que l’on stigmatise le groupe américain HP lorsqu’il décide une vague de licenciements en Isère, et que l’on ne soit même pas capable de protéger des emplois créés par un groupe européen et dans lequel l’Etat français est actionnaire à 15% ?

Pour le cas de Hewlett Packard l’année dernière, Dominique de Villepin avait déclaré :
« Quand il y a aides publiques, il est important [...] d’empêcher qu’en fonction d’une stratégie nationale ou internationale, telle ou telle entreprise empoche des aides pour après finalement mettre la clef sous la porte et aller se développer ailleurs. »
La même détermination doit s’appliquer pour EADS !
Lorsque Ford connaîtra des problèmes à Blanquefort, quelle légitimité aura-t-on alors pour leur demander des efforts si nous n’avons pas été capables de sauver un site de 1000 emplois dans un secteur où l’Etat a une forte emprise ?

Dans tous les cas, nous devons soumettre les aides publiques à des principes d’éco-conditionnalité et de socio-conditionnalité.

La fermeture de la SOGERMA est une rupture dans le socle des relations privilégiées entre l’Etat, le militaire et le civil, socle sur lequel l’Aquitaine avait bâti son pôle industriel.
Le lynchage de la SOGERMA par EADS ne peut avoir lieu sans la complicité du gouvernement. C’est la marque d’une rupture plus que symbolique, c’est la fin d’une époque et la traduction concrète de la mondialisation dans le secteur militaire traditionnellement sous protection de l’Etat.
Pour preuve, c’est la perte du marché des C130 par la SOGERMA qui a provoqué une spirale infernale.

L’impact direct de la fermeture de SOGERMA Mérignac sur le tissu industriel local sera sévère et immédiat. L’effet domino est à craindre : moins de travail, moins de sous traitants, pertes de compétences et de compétitivité et affaiblissement général de la ressource pour l’ensemble du tissu régional. Pour la seule Communauté Urbaine, la perte sèche de Taxe Professionnelle s’élève à 5 millions d’euros.

Ce précédent lève un tabou sur la fermeture d’un site industriel en Gironde et risque de donner des idées aux autres industriels pour s’engouffrer dans la brèche. Ceci est inacceptable !
Doit-on se résigner à la disparition à terme de ce secteur sur notre territoire ? Est-ce que notre bassin d’emploi n’est plus pertinent ?
L’Aquitaine est en passe de devenir un territoire voué à la logistique, au transit et au tourisme. La capacité de notre région à concevoir, construire et fabriquer est largement menacée.
Pourtant les capacités d’accueil du complexe bordelais sont uniques et réelles.
Quand on parle d’un pôle de compétitivité aéronautique, on ne peut pas envisager qu’il n’y ait pas de place pour la maintenance aéronautique, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité aérienne !

Nous attendons aujourd’hui une véritable concertation entre la direction de EADS et ses salariés afin qu’ils définissent ensemble une stratégie industrielle durable pour la SOGERMA Mérignac.
Des transferts de charges sont possibles dès aujourd’hui, et nous ne doutons pas qu’un projet industriel solide puisse être dessiné pour cette entreprise.

Par ailleurs, la crise de la SOGERMA nous démontre, une fois encore, que la France souffre d’une absence totale de culture d’anticipation des problèmes. Déjà largement éprouvée dans le domaine de l’environnement, on remarque que sur le plan économique et social, on ne fait guère mieux ! Le maire de Mérignac était en effet déjà intervenu en mars à l’Assemblée Nationale au sujet de la crise qui s’annonçait à la SOGERMA ! Et pourtant, cela n’a pas alerté le gouvernement !

Mais en matière économique, le manque de vision à long terme n’est pas nouveau, que ce soit pour refuser d’envisager le pire, ou au contraire pour condamner un peu vite une entreprise (on se souvient de la magnifique erreur d’appréciation de Juppé concernant Thomson en 1996 : « Thomson, ça ne vaut rien, ça vaut 14 milliards de dettes ! », pour ensuite découvrir que la branche privatisée Thomson-Multimédia est en pleine santé financière)

Pour ne pas répéter les mêmes erreurs, il nous semble urgent qu’en marge de la situation de la Sogerma, la CUB et la Région mènent dès aujourd’hui une réflexion sur les possibilités de diversification industrielle sur notre territoire.
Nous avons ici notamment toutes les compétences et l’ingénierie pour lancer une industrie des énergies renouvelables notamment, pour ce qui concerne les matériaux, les pales, le fuselage, les turbines : notre région a des ressources.
Enfin, une solidarité entre les régions Midi-Pyrénées et Aquitaine est absolument nécessaire pour d’aboutir à un réel équilibrage des territoires.

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