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Pour une gestion alternative des déchets ménagers

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Vous trouverez ci joint le courrier que j’ai adressé au Président de Bordeaux Métropole concernant la gestion des déchets ménagers, pour faire suite au conseil du 12 juillet où a été attribué la DSP de l’exploitation des incinérateurs de Cenon et Bègles et du centre du tri à la société SOVAL, filiale de VEOLIA.

Lors de ce Conseil, j’ai été un des deux seuls élus à m’abstenir. Je suis en désaccord sur la philosophie du dossier. Si à travers ce contrat, la Métropole réalise une belle opération financière avec une économie de 14 millions d’euros suite à la proposition défiant toute concurrence de la société SOVAL, qui propose un prix à la tonne incinérée de 18 euros au lieu de 80 euros en moyenne précédemment, ce nouveau contrat renforce la politique d’incinération des déchets au détriment des objectifs de la loi en terme de prévention, de réduction à la source, de valorisation et de recyclage. Bordeaux Métropole à un taux de valorisation matière de 27%. Quand on soustrait les 12% de déchets verts et les 4% de la collecte du verre, la valorisation matière du bac vert représente seulement 11 à 12%. C’est vraiment très faible, alors que le tri sélectif a commencé il y a plus de 20 ans !

Je considère que l’écologie est sacrifiée. Sur ces bases jamais la collectivité sera en mesure de réduire durablement sa production de déchets et de respecter les objectifs de la loi.

Ce courrier détaille la politique de gestion de nos déchets et ses carences. Il est assorti de propositions concrètes visant une gestion durable des déchets notamment avec une meilleur coopération avec les autres collectivités.

Gérard CHAUSSET

En revue de Presse l'article de Rue 89 et Sud Ouest

RUE 89 Bordeaux

Faut-il brûler la politique déchets de Bordeaux Métropole ?

Bordeaux Métropole a signé ce jeudi un contrat de délégation de service public confiant à Veolia la gestion des usines d’incinération et de recyclage des déchets ménagers de Cenon et Bègles. « L’écologie a été sacrifiée sur l’hôtel de la finance et de l’énergie pas chère », dénonce l’élu métropolitain Gérard Chausset, selon lequel le « tout incinération » obère l’objectif zéro déchet.

Il aurait du fermer en 2015. Finalement, l’incinérateur de Cenon pourra continuer à brûler 1100000 tonnes de déchets par an au moins jusqu’à fin 2027. C’est la durée de la nouvelle délégation de service public conclue par Bordeaux Métropole avec Veolia, dont la filiale SOVAL exploite déjà l’usine de la rive droite. Le contrat signé ce jeudi avec la multinationale lui laisse également les clés du site Astria de Bègles (centre de tri et incinérateur), géré jusqu’à présent par Suez, et qui « valorise » 240 000 tonnes par an.

Patrick Bobet, président de la métropole, a salué les « points d’améliorations réelles » que permettra cette DSP, dont l’ anticipation des nouvelles consignes de tri pour 2022 (qui concerneront l’ensemble des emballages en matières plastiques, NDLR), une mise aux normes européennes de pollution de l’air et de l’eau, et l’amélioration des techniques de valorisation énergétique.

Actuellement, l’incinération des déchets permet d’alimenter en chaleur « l’équivalent d’une ville de 34000 habitants et d’une ville de 100000 habitants en électricité », selon les éléments de chiffrage fournis.

L’incinérateur de Cenon (Bordeaux Métropole/DR)

Une « bonne affaire »

Par ailleurs, l’offre de Veolia fera faire de substantielles économies à la métropole : alors que cette dernière payait en moyenne 80€ la tonne à ses deux prestataires, elle s’acquittera désormais de seulement 53€. Somme de laquelle il faut retirer « 35 € par tonne issus du loyer que percevra Bordeaux Métropole pour l’utilisation de ses usines par le délégataire qui tirera des recettes complémentaires liées à la vente de déchets incinérés provenant d’autres collectivités hors Métropole ou d’entreprises, soit près de 8 millions d’euros an. ».

Ce calcul a été réalisé par le conseiller métropolitain (divers gauche) Gérard Chausset, dans une lettre adressée à Patrick Bobet, et que Rue89 Bordeaux a pu consulter. Certes, l’élu – qui s’était abstenu lors du vote de la délibération validant la DSP -, souligne la « bonne affaire » réalisée par la collectivité : « au final le coût de la tonne incinérée lui sera facturé 18€, soit une économie de 14 millions d’euros par an par rapport aux anciens contrats ».

Surcapacité

Mais il en tire de sombres conclusions, estimant que « ce prix défiant toute concurrence est en décalage complet avec les prix du marché et la volonté de favoriser les filières de recyclage » :

Les territoires ruraux mettront au pot

Ce contrat « pose un problème de solidarité territoriale pour la gestion des déchets », estime Gérard Chausset :

« Ce sont en grande partie les territoires ruraux qui vont de façon indirecte financer les futurs investissements de la politique déchets de la Métropole. En effet, notre collectivité va économiser près de 8 millions d’euros par an, grâce à la vente au prix fort par SOVAL de la surcapacité d’incinération (soit 115000 tonnes, financée par notre collectivité) aux autres syndicats du département ou de la région ou d’autres clients. »

Ceux-ci devront en effet s’acquitter de 110 à 120€ la tonne. Mais Patrick Bobet a tenté ce jeudi de désamorcer cette critique :

« Cette décision et les économies à la tonne que nous réaliserons ne se reportent pas sur les territoires périphériques, nous ne sommes en rien responsables du prix qui pourrait être payé par d’autres collectivités. (…) C’était impossible – nous l’avons regardé -, d’augmenter nos tarifs pour baisser ceux demandés à d’autres communes. A Veolia de leur faire des propositions acceptables. »

Le président considère en outre que Bordeaux Métropole contribue par ailleurs à la solidarité avec les territoires, via son apport à l’Agence Adour Garonne (19 millions d’euros) ou sa participation au car express Créon-Bordeaux, qui vient d’entrer en service (500000€ par an).

« L’écologie a été sacrifiée sur l’hôtel de la finance et de l’énergie pas chère ».

L’adjoint au maire de Mérignac, qui soutenait une opération Zéro Déchet dans le quartier d’Arlac dénonce en effet « le primat donné à l’incinération » :

« Depuis les années 90, la Métropole se trouve volontairement en surcapacité d’incinération. La fermeture de l’incinérateur de Cenon avait été envisagée, mais rien n’a été vraiment fait en ce sens, au contraire. Au final, cette surcapacité a toujours rendu difficile la mise en œuvre d’une politique volontariste de réduction des déchets à la source accompagnée d’une politique de prévention des déchets et de développement de filières de recyclage ou de valorisation. »

501 kilos par habitant

Pour Gérard Chausset, ce « surplace » peut s’observer dans la faible réduction de la production de déchets : 501,7 kilos par an et par habitant en 2018, contre 517 en 2010, et loin de l’objectif visé de 465 kilos en 2020. Cette baisse  est « plus le fruit d’initiatives privées ou associatives ou d’évolution du poids des emballages, que le fruit d’une politique ambitieuse », juge Gérard Chausset.

Il pointe aussi le taux de valorisation matière (c’est à dire le taux de recyclage) dans la métropole : 27%.

« Quand on soustrait les 12% de déchets verts et les 4% de la collecte du verre, la valorisation matière du bac vert représente seulement 11 à 12%. C’est vraiment très faible, alors que le tri sélectif a commencé il y a plus de 20 ans !
On est très loin d’un résultat en cohérence avec les annonces faites comme « les territoires zéro déchet », la collecte des bio déchets… »

Inversement, note-t-il, la part de l’incinération avec sa valorisation énergétique est de 52%, plus 9 % de part résiduelle (les déchets ultimes) mise en stockage au centre d’enfouissement à Lapouyade.

« Ce sont plus de 60% de nos déchets qui échappent à la valorisation matière et au recyclage, alors
qu’en moyenne on peut recycler plus de 80 % d’une poubelle. Ainsi on continue à incinérer ce qu’on appelle les « bio déchets » et les efforts faits pour développer le compostage ou leur collecte sont insuffisants au regard des enjeux. »

Le centre de tri et d’incinération des déchets de Bègles (Ville de Bègles/Flickr/CC)

Ça marche moins bien, mais c’est plus cher

Interrogés par Rue89 Bordeaux, les responsables de Veolia confirment que rien n’est prévu dans la DSP pour ces déchets organiques, qui représentent pourtant le tiers de nos poubelles. La société renvoie vers la métropole, dont le programme Zéro Déchet prévoit pour cela de développer le compostage individuel ou partagé (70 sites l’an dernier).

« Le fondement de notre politique est « l’aspiration des déchets vers l’incinération » plutôt que sa réduction à la source. (…) Pour autant cette politique coûte cher, puisque l’analyse financière comparative coûts par habitant ou coûts à la tonne de l’ADEME, dévoile un différentiel de 20% avec les collectivités de même strate. »

Le coût du traitement des déchets est ainsi de 128 € par an et par habitant, contre 106 pour la moyenne des collectivités françaises. La faute notamment au nombre de collectes des bacs noirs, pointe Gérard Chausset :

« La priorité donnée à l’incinération exige notamment des fréquences de collectes importantes qui renchérissent le coût du service. Une grande partie des villes de la Métropole sont en fréquence 3 (2+1), 6 pour certains secteurs de Bordeaux, alors qu’une politique volontariste permettrait aisément de supprimer une fréquence. »

Au centre de tri des déchets de Bègles (SB/Rue89 Bordeaux)

Pollueurs payeurs

L’élu écologiste enjoint la métropole de consacrer les 14 millions d’euros annuels économisés à « une politique massive de prévention et de réduction », avec de l’éducation au tri et au recyclage auprès des habitants et sur des lieux générateurs de déchets, les centres commerciaux, les entreprises, les manifestations…

« La prévention et la réduction des déchets auront également un effet immédiat sur les incivilités et la propreté en ville. En effet le manque de propreté est le plus souvent le résultat de containers qui débordent sur l’espace public. »

Et il recommande de programmer rapidement « la redevance incitative testée actuellement sur 4 quartiers de façon confidentielle », et à blanc… Donc sans effet mesurable immédiatement sur la facture, comme l’expliquait Rue89 Bordeaux à son démarrage. Or les villes qui font payer plus cher l’enlèvement des ordures aux ménages qui jettent beaucoup ont obtenu des résultats spectaculaire.

 

 

Article de Sud Ouest

Veolia va traiter nos déchets pendant 7 ans



Veolia va traiter nos déchets pendant 7 ans
[LEG_LEGENDE_DROITE_WW]Veolia, le nouveau délégataire, s’est engagé à investir un peu plus de 50 millions d’euros sur les unités de Bègles, Cenon et au centre de tri (ci-dessus).
Archives Guillaume Bonnaud

La nouvelle délégation de service public (DSP) pour la valorisation et la gestion des déchets a été paraphée hier. Un contrat de 405 millions d’euros qui court sur sept ans.

Xavier Sota

 

Une forte délégation du groupe Veolia a emboîté le pas d’Antoine Frérot, son PDG, pour signer un gros contrat avec Bordeaux Métropole, hier. Il s’agit de la nouvelle délégation de service public (DSP) pour la valorisation et la gestion des déchets de la métropole, soit 770 000 habitants. Montant, 405 millions d’euros pour une durée de sept ans.

Un deuxième gros contrat en l’espace de quelques années pour le groupe qui compte 171 000 salariés dans le monde, puisqu’en 2018, il avait décroché le marché de l’assainissement. Le contrat, qui sera effectif au mois de février 2020, a été signé pour un bail pour 7 ans et 10 mois exactement. « Nous faisons le choix de délégation la plus courte possible pour remettre sur la table les améliorations possibles du service public », relève Patrick Bobet, président de Bordeaux Métropole.

225 000 tonnes/an

Veolia va ainsi prendre la main sur les unités de valorisation de Bègles, l’incinérateur de Cenon ainsi que le centre de tri, actuellement gérés par Suez. Pour traiter les 225 000 tonnes déchets produits dans la métropole mais aussi réaliser des investissements sur les trois unités, et les mettre en ligne avec les futures réglementations européennes, plus exigeantes que les actuelles.

Ce qui représente un peu plus de 50 millions d’euros. « Cela permettra d’anticiper les réglementations les plus strictes. Bordeaux devrait être en avance », selon Antoine Frérot. Ces nouvelles normes devraient être mises en place en 2022.

Économies

Pour la collectivité, c’est un bon contrat : « Il va permettre des améliorations techniques, une meilleure valorisation énergétique, et une diminution des rejets pour maintenir la qualité de l’air et des eaux de la Garonne », souligne Patrick Bobet. Et permet de réaliser de substantielles économies.

L’unité de mesure en la matière est le prix du traitement à la tonne. Cette nouvelle DSP permet de faire sensiblement baisser la facture pour la Métropole, passant ainsi de 80 euros la tonne à 51 euros. Soit une économie estimée autour de 14 millions d’euros pour la collectivité. Des prix compressés : « On ne signe pas de contrats à perte, estime Antoine Frérot, PDG de Veolia. C’est la loi de la compétition économique qui nous pousse à une émulation technique ».

L’araignée

Il a justement levé un coin de voile sur les dites innovations, expliquant « vouloir accompagner l’ambition d’une métropole qui grandit ».

Environ 35 millions d’euros des investissements prévus par Veolia seront dévolus au centre de tri, qui comptera parmi les usines les plus modernes. Veolia a mis au point un robot, une espèce de grosse araignée, qui procédera à un tri extrêmement fin de tous les déchets, notamment de tous les emballages plastiques. L’automatisation, le digital au service du tri des déchets : « Le tri est ainsi de plus en plus poussé. La robotisation permet de faire baisser le coût, multipliant ainsi la capacité et augmentant les volumes, ce qui permet de créer de l’emploi », a tenu à préciser le numéro un de Veolia.

La valorisation des déchets de la métropole permet, à l’heure actuelle, de couvrir les besoins énergétiques de l’équivalent d’environ 34 000 habitants en chauffage et 100 000 habitants en électricité, « s’inscrivant ainsi dans les objectifs de Bordeaux Métropole 2050, territoire à énergie positive », estime Patrick Bobet. Les deux unités de valorisation énergétiques (Bègles et Cenon) bénéficieront, elles, de 20 millions d’investissements qui devraient « maximiser la production d’énergie renouvelable électrique et thermique pour alimenter, notamment, les réseaux de chaleur métropolitains », indique la collectivité.

Autre élément avancé par cette dernière : « Les sites de Bègles et Cenon seront intégrés architecturalement dans leur environnement et privilégieront l’écocitoyenneté, avec des espaces dédiés pour mieux apprendre à recycler, réduire, réemployer et valoriser les déchets, et des espaces d’agriculture urbaine partagés au bénéfice des riverains. »

 

Traitement des déchets dans l’agglo de Bordeaux : l’incinération, une fausse bonne idée ?



Traitement des déchets dans l’agglo de Bordeaux : l’incinération, une fausse bonne idée ?
L’incinérateur de Cenon a une capacité de 110 000 tonnes par an.
Archives G. B.

Pendant que l’on incinère les déchets, on n’investit pas dans le tri ni dans la réduction de leur production à la source, déplorent deux élus métropolitains, Gérard Chausset et Vincent Feltesse.

Pour le conseiller métropolitain Gérard Chausset (Mérignac), ex-Europe Écologie-Les Verts et La République en Marche, aujourd’hui sans étiquette, l’incinération « à l’aveugle » empêche d’adopter une bonne politique de gestion des déchets.

« On prolonge la vie des incinérateurs, qui devaient s’arrêter entre 2017 et 2020. Cela ne pousse pas la collectivité à miser sur le tri et sur la réduction des déchets à la source. Sur ce plan, on est très mauvais, pas du tout à la hauteur des enjeux. »

« Surcapacité »

Vendredi 30 août, Gérard Chausset a envoyé un long courrier au président de la Métropole, Patrick Bobet, pour lui dire tout le mal qu’il pense du contrat passé avec Veolia, désormais en charge des deux incinérateurs de l’agglomération (Cenon et Bègles).

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« La Métropole dispose d’une capacité d’incinération de 350 000 tonnes, dont 240 000 à Bègles et 110 000 à Cenon. Or, elle n’envoie aux incinérateurs que 225 000 tonnes de déchets par an. Nous sommes donc en surcapacité, situation qui ne nous pousse pas à développer le tri et la valorisation des déchets. »

Selon lui, Bordeaux Métropole ne valorise que 11 à 12 % des déchets des bacs verts. « C’est vraiment très faible, alors que le tri sélectif a commencé il y a plus de 20 ans ! » écrit-il à Patrick Bobet. Si le contrat signé avec Veolia est intéressant sur le plan financier (il réduit considérablement le coût de l’incinération), il sacrifierait les enjeux écologiques.

Ce point de vue est partagé par Vincent Feltesse, ex-président PS de la Communauté urbaine : « La durée de vie de l’incinérateur de Cenon est prolongée, c’est un signe très négatif. On est très en retard sur la question des déchets. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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