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L’intervention proposition de Cécile DUFLOT dans les colonnes du Monde à de quoi surprendre au lendemain d’une déconvenue pour les écologistes. Les résultats des élections Régionales 2015 imposent forcément une réflexion à l’ensemble des partis politiques mais bien-sûr à nous autres écologistes. En pleine réflexion planétaire sur l’avenir de la vie sur terre, le Front National à occupé tout l’espace politique. Le constat est dur pour qui a la prétention comme nous de proposer un nouveau paradigme politique.
Alors que l’échelon régional est celui où nous excellons le mieux avec les élections Européennes, nous avons essuyé un sacré revers. Certes il était prévisible, mais alors que la COP 21 battait son plein, les électeurs nous ont le plus souvent oubliés, nous laissant à nos querelles, divisions et autres fantasmes « gauchisants ».
Le solde est négatif. C’est plusieurs dizaines d’élus régionaux qui sont partis «en fumée »! Nous passons de 260 élus à une petite soixantaine ! Aucun élu dans le Nord, le Sud, l’Est et la Bretagne. La plupart du temps nous serons réduits au rôle d’opposants ou de supplétifs car absents des exécutifs.
J’ai bien peur que cette fois-ci comme au lendemain des présidentielles on oublie la nécessaire analyse et auto critique, tétanisés par les résultats et par le souci de ménager les petits intérêts des uns et des autres. La proposition de Cécile DUFLOT risque d’esquiver le débat de fond.
Depuis 40 ans les Verts et maintenant EELV incarnent l’écologie politique. Plus la planète va mal, plus la prise de conscience s’amplifie mais plus les écologistes politiques apparaissent en difficultés. Pour paraphraser la chanson de Maxime Le Forestier « à qui la faute, pas à mon père, pas à ma mère » mais à qui alors?
Je vois deux ou trois raisons.
La gouvernance Hollande emporte l’ensemble de la gauche dans son sillage. Et il y a là comme un paradoxe de voir Hollande et Fabius émus à la COP 21 alors que ce gouvernement a accumulé beaucoup de renoncements jusqu’ alors. Le psychodrame de l’été avec les départs de Jean-Vincent PLACE et de François DE RUGY n’explique pas tout non plus, ce serait trop facile. Alors que les scores aux municipales des listes EELV étaient tout à fait honorables, nos électeurs et sympathisants, n’ont pas digéré la façon dont nous avons quitté le gouvernement en 2014 pour se jeter dans les bras de Mélenchon quelques temps après, même si l’idylle a été de courte durée mais avec des alliances de ci de là plus qu’hasardeuses avec le Front de Gauche. Cette façon de faire de la politique nous la payons « cash » aujourd’hui. L’écologie est un espoir que nous avons déçu.
Ils nous ont oubliés aussi, lassés depuis des années par nos débats incessants. On laisse l’impression de ne pas avoir de priorité. Tout est à plat. C’était déjà flagrant pendant les présidentielles avec Eva Joly.
Au bout du compte, c’est très bien dit par Daniel BOY dans Sud-Ouest du 08 Décembre, on pèse peu sur les dossiers les plus écolos, c’est quand même dommage…
L’alliance avec la gauche de la gauche a été un échec. Cela n’interdit pas de discuter avec les autres forces politiques mais les résultats des Régionales sont là, devant nous. Il était surréaliste de croire qu’on pouvait arriver devant le PS dans des régions où le FN était déjà à plus de 25 %. On a eu à faire à un aveuglement collectif. Face à un Front National puissant qui étend sa toile à chaque élection, nous devons réagir.
Le résultat de tout ça, c’est que nous sommes devenus illisibles politiquement. Et si on a franchi la barre fatidique des 5 %, sauf dans le Nord et la Bourgogne et la Franche-Comté et éviter ainsi la faillite, nous devrons affronter un « plan social » politique.
Je n’ai pas de solution ni de projet cousu main, mais après vingt cinq ans de présence militante sans discontinuer je prends la parole tout simplement pour tirer la sonnette d’alarme. Je ne suis pas certain que la proposition de Cécile DUFLOT apporte la sérénité dont nous avons besoin. Nous devons profiter de ce « plan social » qui s’annonce pour faire un examen de conscience, une auto critique sérieuse, s’ouvrir à l’ensemble de la société pour reconstruire un mouvement cohérent sur ses bases écologiques autonome. Evitons de nous précipiter vers la présidentielle où on courra à notre perte…une fois de plus.
Gérard CHAUSSET
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