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par Sudouest.fr
Les congrès régionaux du parti ont lieu aujourd’hui avant un congrès fédéral, le 11 juin.
EELV a connu des printemps plus fleuris. Secoués en permanence par les querelles internes, les militants ont bu le calice jusqu'à la lie avec la mise en cause du député Denis Baupin, accusé de harcèlement sexuel par plusieurs témoins - dont Sandrine Rousseau, porte-parole du mouvement. Il y a quelques jours, ils ont assisté, désemparés, à l'implosion du groupe parlementaire écologiste à l'Assemblée nationale. Six députés « réformistes » ont rejoint les socialistes.
C'est dans ce contexte crépusculaire pour l'écologie politique que le congrès « décentralisé » d'EELV se tient aujourd'hui. Dans chacune des régions ancien format (22 en métropole), il y aura un congrès régional puis un vote l'après-midi sur les cinq motions nationales. Les Aquitains se réunissent à Bègles (Gironde), les Picto-Charentais à Niort (Deux-Sèvres).
La synthèse est censée jaillir du chapeau le 11 juin lors du congrès fédéral, avec la désignation dans la foulée d'une nouvelle équipe dirigeante. Allié au porte-parole Julien Bayou, l'intérimaire David Cormand (il a remplacé Emmanuelle Cosse, partie au gouvernement) va tenter de se succéder à lui-même avec le soutien de Cécile Duflot. Il y a quatre motions, donc quatre listes face à la sienne.
L'enjeu n'est pas mince. La tendance qui l'emportera infléchira les choix pour 2017 : programme électoral, participation à une éventuelle primaire de la gauche ou candidature écologiste en solo à l'élection présidentielle, négociation ou non d'un accord électoral pour les législatives, etc. Pour éviter la disparition du mouvement, elle devra de toute façon redonner un minimum de cohérence à la ligne politique.
« Transformer l'or en plomb »
La pagaille qui prévaut depuis le départ du gouvernement de Cécile Duflot et de Pascal Canfin, en mars 2014, est ce qui désole le plus le député européen Yannick Jadot. « L'or d'Europe écologie en 2009 a certes produit du cash électoral jusqu'en 2012, mais avec des pratiques qui ont transformé cet or en plomb politique. Stratégies d'alliance illisibles, obsession de la participation gouvernementale ou de la relation au PS, opportunismes individuels, repli sur soi… tout ceci au détriment de l'ouverture à la société, alors que du climat au glyphosate, de l'Europe aux dynamiques locales, nos sujets sont au cœur du débat public », analyse-t-il.
Joint hier, il rentrait de Nantes, où EELV apporte son soutien aux associations qui militent pour le non au référendum sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, programmé le 26 juin. Un sujet emblématique pour les écologistes, « sur lequel nous sommes heureusement unanimes ! » ajoute Yannick Jadot.
« La discussion sur les motions s'est plutôt bien passée localement. C'est surtout “là-haut” que ça ne va pas », constate de son côté Gérard Chausset, un élu de terrain - il est adjoint au maire de Mérignac et président de la commission des transports de Bordeaux Métropole - fatigué par l'ambiance qui règne au sein d'EELV.
La primaire n'est pas enterrée
Yannick Jadot est, lui aussi, un brin désabusé. Au point de n'avoir pas signé de motion en vue du congrès fédéral du 11 juin. Partisan de la primaire à gauche, il espère que le sujet n'est pas enterré. Et que ce rendez-vous à hauts risques ne débouchera pas sur un nouveau psychodrame. « On a perdu des centaines d'élus, des milliers de militants et beaucoup de crédits, au propre comme au figuré. ça suffit maintenant », souffle de son côté Gérard Chausset. Mais qui dispose de l'autorité nécessaire pour siffler la fin de la récré chez EELV ?
Jean-Denis Renard
photo jacques demarthon/afp[]
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