L’écologie s’est-elle perdue dans le triangle des Bermudes?

L’écologie s’est-elle perdue dans le triangle de Bermudes?
Le résultat des primaires du PS met en perspective un risque de disparition d’EELV.
 
En effet, en quelques semaines, Benoît Hamon a mis en haut de l’étagère du projet PS les thèmes que les écologistes portent depuis belle lurette!
Le revenu de base, la transition écologique et l’économie sociale et solidaire seront maintenant un socle solide de la gauche quelque soit le résultat final de la primaire, puisqu’il a dit « qu’il ne penserait plus le social sans penser l’écologie ».
 
La percée soudaine de Benoît Hamon, sans négliger ses qualités personnelles,  ne tient pas d’abord à son charisme ou à une personnalité hors norme, mais surtout à quelques idées nouvelles, pour le PS, qu il a su mettre en résonance avec les aspirations d’une partie de la société comme le revenu de base.
 
‎Il en va de même, à une moindre mesure,  sur un autre registre avec Emmanuel MACRON. Si l’ADN commun avec l’écologie est plus aléatoire, l’idée européenne que défend l’ex Ministre de l’économie constitue à mon sens un pont non négligeable avec les valeurs de l’écologie.
 
Et pour conclure, la conversion‎ effectuée par Jean-Luc Mélenchon met également en évidence la mue de la gauche communiste productiviste et radicale sur les questions environnementales, là ou Montebourg a échoué en quelque sorte.
 
Ainsi, on constate une véritable OPA sur l’écologie politique. En l’espace de quelques mois, 3 acteurs émergeants ont mis en avant à des degrés divers des thèmes centraux‎ du fonds programmatique des écologistes et réussi à marginaliser encore plus EELV.
 
Ce phénomène installé met en exergue, pour le déplorer, l’échec politique et stratégique d’EELV.
En effet, le succès de 2009 et 2010 d’EELV s’est bâti sur une aspiration citoyenne qui visait à travers la préoccupation écologique et solidaire d’occuper un espace politique orphelin allant d’un spectre large de Bayrou au PCF et laissé vacant jusqu alors par le PS gestionnaire.
En l’espace de quelques années, EELV s’est laissée dépouiller par Mélenchon, avec sa planification écologique, supplantée sur les questions européennes par Macron et sur les questions sociétales par Hamon.
‎L’écologie politique n’ à pas su incarner un réformiste radical du centre à la gauche sans tomber dans la caricature gauchiste alors qu’elle avait tout en main  pour le faire notamment par l’effondrement  du projet du PS.
Cette occasion manquée n’est peut être pas grave pour nos idées mais comporte un risque pour notre mouvement.
 
Car nous aurons beau dire que nous sommes heureux de voir nos idées se propager dans la société, nous n’aurons bientôt si cela continue plus que nos yeux pour pleurer!
‎Il n’y pas un quelconque triangle des Bermudes pour expliquer la disparition programmée d’EELV mais tout simplement une erreur politique stratégique majeure sinon comment expliquer que 3 hommes politiques aux parcours politiques différents peuvent faire leur miel d’une partie des idées que nous défendons depuis des années?
 
C’est pourquoi il est si essentiel que Yannick JADOT soit le candidat de l’écologie pour ne pas habituer la société à penser et à faire de l’écologie sans les écologistes. Yannick JADOT est porteur d’un projet ouvert, solidaire, positif ancré sur la société civile. C’est le seul projet qui s’appuie à la fois sur les 3 piliers que sont, l’écologie pour répondre aux défis planétaire, la justice sociale et solidaire pour faire face aux aspirations d’une société nouvelle et  la rénovation de la démocratie et des institutions en promouvant un projet européen  plus juste et plus et équitable face au libéralisme dominant. 
 
Il est essentiel que ces 3 piliers soient portés par le même projet ce qui n’est pas le cas de Hamon, de Mélenchon ou de Macron.
 
Gérard Chausset