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Le grenelle, cet échec qui nous gouverne : intervention en conseil de CUB le 23 Septembre 2011

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Le Grenelle, cet échec qui nous gouverne !

Lors du conseil de la Communauté Urbaine de Bordeaux du 8 Juillet, dans le cadre du débat sur le projet métropolitain, confirmé le 5 Septembre lors de sa conférence de presse de rentrée, Alain Juppé a souhaité ré-ouvrir les études sur le grand contournement de Bordeaux en prétextant la faillite du fret ferroviaire, « ça ne marche pas ».
Qu’en est-il réellement ?

L’article 10 de la loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement du 3 août 2009, donne pour objectif au niveau national de réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports d’ici à 2020. Le plan BORLOO, baptisé « engagement national pour le fret ferroviaire » (ENFF) prévoyait un objectif affiché en matière de transport de fret ferré de 17,5% en 2012 et 25 % en 2022. Pour autant, le gouvernement laisse la SNCF abandonner le transport par wagon isolé qui de facto reportera sur la route près de deux millions de camions en plus par an. En 10 ans la part du fret ferroviaire est passée de 55,4 milliards de tonnes kilomètre (GTK) à 26,5 milliards de tonnes kilomètre (GTK). Avec une part modale de 15 % (80 % pour la route), le fret ferroviaire en France régresse au contraire de l’Allemagne (33 %), l’Autriche (37 %) ou la Suisse (40 %).
La réduction des transports routiers doit être une priorité et le fret ferroviaire une priorité nationale si l’on veut réellement répondre au constat partagé lors du Grenelle de l’urgence écologique. Mais peu de projets consacrés spécifiquement à sa relance sont directement mis en œuvre notamment dans le cadre du Schéma National des Infrastructures de Transport (SNIT).

Le développement du fret ferroviaire nécessite un changement radical notamment de la politique d’exploitation de la SNCF et des investissements massifs soutenus d’abord par le niveau national. Une politique incitative de report modal avec la mise en œuvre de mesures d’accompagnement comme la taxe carbone ou l’euro vignette pourvoyeuses de recettes pour financer les infrastructures ferroviaires est nécessaire. En Allemagne la taxe LKW MAUT à laquelle sont soumis les poids lourds sur les autoroutes à rapporté 4 milliards 4 de recettes en 2009. Si la France n’est ni l’Allemagne ni la Suisse, pays exemplaires dans le domaine, nous roulons malgré tout à contre courant. Le réseau autoroutier a plus que doublé depuis 1980 passant de 4 900 km à 11 000 km. Nous construisons des autoroutes, comme la Langon Pau que les automobilistes ne fréquentent pas, tandis que les poids lourds continuent à encombrer les routes nationales, gratuitement. Pendant ce temps, le réseau ferré national est passé de 34 000 km à 29 000 km. De surcroît son état de vétusté est inquiétant, le sous investissement en la matière est patent, plus de quatre heures pour relier Bordeaux à Nantes, trajet dont l’aller retour en train pour des raisons professionnelles est quasi impossible à réaliser dans la journée.
Le fret ferroviaire est quasi inexistant entre l’Espagne et la France, à peine 4 % des échanges, alors qu’il représente 30 % entre la France et l’Italie.
Le rail en France est sous la tutelle d’institutions nationales (RFF, SNCF...), il est donc du ressort du gouvernement de mettre la même énergie sur le développement du fret ferroviaire que celle qu’il met sur les LGV, les infrastructures routières ou le nucléaire.
Mais en revenant sur sa position emblématique, Alain Juppé a fait tomber le masque de l’écologiste qu’il prétendait être devenu, comme d’ailleurs le Grenelle devait être l’étendard écolo de la politique du gouvernement. Sa position contre le grand contournement de Bordeaux avait valeur de symbole et servait en quelque sorte de rempart face aux positions archaïques.
Ce n’est pas l’échec du fret ferroviaire auquel nous assistons, mais tout simplement à celui d’une politique de développement soutenable qui doit être marquée par un minimum de volontarisme en la matière, comme l’abandon des projets autoroutiers ou des contournements routiers qui facilitent évidemment la circulation des poids lourds.
Si les élus locaux en sont à proposer un Grenelle local, c’est bien par ce que le Grenelle national est un échec.

Gérard CHAUSSET, adjoint au Maire de Mérignac, Vice Président de la CU de Bordeaux.

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