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Des poils sur les œufs : Les écologistes s’interrogent sur les conditions d’attribution d’une unité foncière pour un projet d’exploitation de 24 000 poules pondeuses… bio.

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Les écologistes s’interrogent sur les conditions d’attribution d’une unité foncière pour un projet d’exploitation de 24 000 poules pondeuses… bio.
o.delhoumeau@sudouest.fr
Lundi soir, le Conseil municipal a voté à l’unanimité l’acquisition par la Ville d’une parcelle de 8 000 mètres carrés à proximité du chemin de Sabatey, pour une valeur de 6 621 euros. Sa finalité ? Servir d’espace forestier tampon entre de futures zones agricoles et les habitations du secteur de Courtillas, à Beutre (1).
Cette délibération aurait pu passer comme une lettre à la poste mais le groupe EELV en a décidé autrement. Méthodique, Gwénaëlle Girard a d’abord salué la mise en place, par la Safer et ses partenaires, d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour affecter les 27 hectares de terres à vocation agricole. Avant de pointer dans la foulée les « limites d’un mode de gouvernance » à ses yeux « perfectible ».
Mode de désignation pointé
En cause, le processus de désignation des bénéficiaires des parcelles par la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural). L’AMI proposait divers lots de 1,3 à 9 hectares dans l’objectif d’y installer de nouveaux exploitants et une agriculture de production alimentaire locale. « La commission technique de la Safer a statué en juillet. N’étant pas membres de cette commission, Bordeaux Métropole et la Ville de Mérignac n’ont pas participé à l’attribution des lots. Même si ces deux entités ont fait l’objet d’une consultation en amont. »
Quant à la profession agricole, « elle était représentée, selon nos informations, par des producteurs de maïs ; une catégorie trop éloignée à nos yeux des enjeux alimentaires périurbains », a regretté Gwénaëlle Girard.
Concrètement, les lots vont se partager entre maraîchage, permaculture, aquaponie et petit élevage. Les écologistes ont coincé précisément sur le choix de privilégier un élevage de 24 000 poules pondeuses bio. Notamment parce qu’il a conduit à écarter un maraîcher expérimenté, « anciennement installé à Bruges et aujourd’hui sans terre ». « Or le projet de ce dernier nous paraissait plus cohérent avec les autres activités. » D’autant plus qu’il recouvrait une partie des sols « les plus favorables à la culture maraîchère. »
Surtout, Gwénaëlle Girard s’est dit surprise d’apprendre que le terrain en question « aurait été attribué à un candidat ayant des liens familiaux étroits avec un des membres de la commission technique. Une personne issue d’une famille déjà détentrice d’un patrimoine foncier agricole très important sur la métropole. » Et l’élue de solliciter le maire pour éclaircir ce point avec la Safer.
« Vous vous trompez de cible »
Contre toute attente, le premier tir de barrage est venu de Gérard Chausset, ancien leader du groupe EELV aujourd’hui macroniste. « Vous vous trompez de cible », a-t-il adressé à ces anciens collègues Verts. Personnellement, il préfère se féliciter de l’issue favorable trouvée à ce délicat dossier. « La Safer aurait très bien pu se passer des avis de la Ville et de la Métropole. Elle avait le droit pour elle. Mais le maire a œuvré pour qu’il en soit autrement. À l’arrivée, on a quand même réussi à gagner 10 hectares supplémentaires pour des projets agricoles. » Dix hectares prélevés sur le futur centre équestre qui doit également voir le jour le long du chemin de Sabatey. « Quant au lien familial dont vous parlez, je crois qu’il est au cinquième degré. Je ne sais pas si vous connaissez vos cousins du cinquième degré mais ça fait très lâche… »
« Si vous avez écouté Gwénaëlle Girard, nous avons bien fait la part des choses entre le pouvoir de la Ville et de la Métropole et le rôle de la Safer », a rétorqué Sylvie Cassou-Schotte, visiblement agacée par la sortie inattendue de Gérard Chausset. Avant de redire : « Ce qui importe, c’est d’interroger les modalités de traitement des dossiers par la Safer et la Chambre d’agriculture. »
Puis Alain Anziani est monté au créneau pour rappeler qu’il s’était saisi de cette affaire en alertant le ministre de l’Agriculture de l’époque (Stéphane Le Foll) et le préfet. « Juridiquement, c’est vrai, nous n’étions pas en bonne position. L’affaire était dans le sac, il a fallu développer d’autres arguments, faire preuve de volonté politique », a-t-il asséné.
Réfutant la suspicion de combines visant la Safer, « le maraîcher écarté n’était pas en mesure de se porter acquéreur de l’ensemble de la parcelle qu’il convoitait, a justifié l’édile. Du coup, ça nous obligeait à racheter plus d’espace, ce qui n’est pas la vocation de la municipalité. »
(1) Le projet global dans ce secteur repose sur la création d’un centre équestre, d’une réserve foncière de compensation (par Dassault Aviation), d’un pôle d’agriculture périurbaine et de la parcelle municipale qui a fait l’objet du vote en Conseil, lundi soir

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