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Bordeaux Métropole : les poubelles au cœur du débat

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Dernier conseil de la Métropole avant les vacances, vendredi. La grève des éboueurs est terminée, mais elle continue d’alimenter les échanges entre les élus
La grève des éboueurs n'a pas laissé des traces que dans les rues de l'agglomération. Elle a aussi occupé les débats lors de la séance estivale du conseil de Bordeaux Métropole, vendredi matin. Les deux Alain les plus concernés, Juppé comme président de la Métropole, et David (maire PS de Cenon) en tant que vice-président chargé des ressources humaines, se sont félicités de concert de la fin de l'épisode qui a empesté la ville. Le premier parce que, les éboueurs n'ayant rien obtenu au terme de leur mobilisation, la Métropole reste « dans son objectif de maîtrise de la masse salariale ». Le second parce qu'il estime que la fermeté a payé.

« Outrance, mépris, surdité »
Mais pour Max Guichard (PC, Cenon), le compte n'y est pas. « Ce conflit a montré la dimension cruelle de la Métropole. Votre attitude laissera des traces, a-t-il lancé aux deux autres. Trois mots décrivent l'attitude de la Métropole : outrance, mépris et surdité. » L'élu en veut à Alain Juppé d'avoir « traité les grévistes de hooligans (sur les ondes de France Inter, NDLR). Pourquoi pas djihadistes, tant que vous y êtes ! » Le mépris, c'est parce la Métropole « a voulu punir les agents, en refusant d'étaler les jours de grèves qui seront retenus sur les salaires des éboueurs », selon Guichard. Surdité, enfin, parce qu'il aura fallu « attendre 10 jours pour ouvrir des discussions ». Réponse d'Alain Juppé : « J'ai parlé de hooligans car il n'est pas acceptable de déverser des bacs à ordures sur la chaussée ». Michèle Delaunay, avec ce ton apaisant qu'elle utilise parfois pour décocher des flèches, a conclu : « Monsieur Juppé, vous auriez pu recevoir personnellement une délégation des éboueurs. Cela aurait été un signe allant dans le sens de leur dignité ».

« Dans les clous »
Si les élus ont parlé des poubelles vendredi, ce n'est pas seulement parce que les ordures traînent encore dans de nombreux quartiers de la ville, tant l'accumulation a été forte pendant la grève. En fait, le sujet était bien à l'ordre du jour, avec la présentation du bilan annuel de la collecte des déchets. Celle-ci est assurée en régie dans 21 communes sur les 28 de Bordeaux Métropole (les 7 autres communes dépendent du Sivom de la rive droite). Selon le vice-président Dominique Alcala, qui a présenté ce rapport, l'agglomération est « dans les clous des objectifs nationaux en matière de réduction ». Elle a produit 323 kg de déchets par habitant en 2015, alors que le Grenelle fixe un standard de 363 kg/an/habitant. Ce qui est intéressant, c'est que ce volume baisse depuis plusieurs années : 339 kg/habitant en 2013 et 328 kg/habitant en 2014. En revanche, concernant les volumes recyclés, la Métropole n'atteint pas les objectifs du Grenelle. Elle est à 43,7 %, il faudrait arriver à 45 %. Mais elle est en progrès, puisqu'en 2014, la part de volumes recyclés n'était que de 35 %.
Voilà pour le bilan chiffré. Mais c'est sur le mode de traitement des déchets que les débats ont été vifs. Alain Juppé s'est récemment rendu en Haute-Loire, pour la visite d'une usine qui recycle 90 % des déchets ménagers, sans incinération ni stockage. « Il faudrait y envoyer une mission », estime-t-il. « C'est prévu en septembre », lui rappelle Dominique Alcala. Plein d'ironie, l'écologiste Gérard Chausset lui fait remarquer que « c'est bien, la primaire vous permet de visiter la France. Vous avez visité l'usine Vacher, qui est ce que l'on vous dit de faire depuis des années. Mais à Bordeaux, la Métropole est prise au piège de ses deux incinérateurs de Cenon et Bègles. Puisque nous les avons, nous sommes obligés de les alimenter, alors qu'il faudrait les arrêter ! ». En 2015, l'incinérateur de Cenon a traité 102 735 tonnes de déchets (contre 103 463 t en 2014). Celui d'Astria, à Bègles, a traité 103 929 tonnes (contre 108 635 tonnes l'année d'avant). On pourrait croire que ces baisses de tonnage signent un comportement moins tourné vers l'incinération. En fait, il est surtout lié à des incidents techniques qui n'ont pas permis aux incinérateurs de tourner à plein régime. Pour Gérard Chausset, l'incinération « ne va pas dans le sens de l'histoire ». Ces déchets, que deviennent-ils ? En 2015, l'incinérateur de Bègles a produit 66 500 tonnes de mâchefer (réutilisé notamment en sous-couche routière. Mais Astria sort aussi des déchets non dangereux enfouis à Clérac (Charente-Maritime) et plus de 6 550 tonnes de résidus dangereux enfouis à Graulhet (Tarn).
 

Alain Juppé séduit par Altriom, le centre de traitement des ordures ménagères de Polignac
 


Le maire de Bordeaux, président de la Métropole est venu faire son marché à Polignac, dans l’entreprise Altriom, centre de tri, de recyclage et de valorisation des ordures ménagères. - eveil

 

 

Mercredi matin, dans l’entreprise Vacher, Alain Juppé était plus intéressé par le concept novateur comme maire de Bordeaux, que potentiel futur président. 

Le maire de Bordeaux, président de la Métropole est venu faire son marché à Polignac, dans l’entreprise Altriom, centre de tri, de recyclage et de valorisation des ordures ménagères. Alain Juppé, dans le cadre de sa campagne pour la primaire de la droite, est en déplacement en Haute-Loire.

 

Des visites d’entreprises locales

 

Après un accueil politique au Puy-en-Velay, par les sénateurs Gérard Roche et Olivier Cigolotti, le président du Conseil départemental, Jean-Pierre Marcon, Madeleine Dubois vice-présidente et Jean-Noël Barrot, conseiller, l’homme politique a commencé une tournée dans le département. 

 

> A lire aussi : La société Vacher effectue les premiers essais de son centre de tri innovant situé à Polignac (02/06/14)

 

Et Altriom était son premier rendez-vous de la journée. Matthieu et Fabien Charreyre, les dirigeants de Vacher, lui ont expliqué leur travail, en particulier leur concept innovant, certifié par quatre brevets, qui vise à trier, recycler et valoriser 90 % des ordures ménagères, contre seulement 16 % actuellement en France. Leur système permet même de se passer du tri sélectif chez les particuliers. Et le tout, pour un coût de 107 € la tonne contre 110 pour l’enfouissement et 160 pour l’incinération ou le tri. Un sujet qui a beaucoup intéressé le maire Alain Juppé. « Nous avons le débat d’un incinérateur depuis des années », explique-t-il. « On met des bacs enterrés avec tri dans les nouveaux quartiers de Bordeaux, c’est idiot ? », demande-t-il. Les frères Charreyre l’ont rassuré que c’était un héritage industriel qui amène ce type de politique. Qu’il ne fallait critiquer ce qui s’est fait, mais évoluer. « Nous n’avons que 25 ans d’histoire ici », explique Fabien Charreyre. 

 

Après une visite du site, entre toutes les machines de tri, Alain Juppé très intéressé par la technique, les débouchés industriels en particulier de ces matières retraitées, a déclaré qu’il enverrait ses services de Bordeaux Métropole en visite chez Altriom.

 

Après cela, le candidat est reparti vers Saint-Front pour visiter une exploitation agricole, productrice de Fin Gras du Mézenc. Puis, ce sera à Rosières, chez Morey production et Watts électronics pour les nouvelles technologies avant un rendez-vous très politique au Moulin de Barette, à 20 heures avec les militants, où il sera certainement plus question du candidat à la présidentielle. 

 

Cédric Citrain

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

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