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Après Vélov et Vélib, un service public de vélo dans toutes les villes ?

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Le lien dans Libération
« Après Vélov et Vélib, un service public de vélo dans toutes les villes ? »

La mise à disposition à grande échelle de vélos en libre-service, à Paris aujourd’hui, à Lyon hier et dans d’autres villes demain est une bonne chose. Et une bonne chose qui marche. Vélib’ vient de fêter son millionième utilisateur seulement trois semaines après son lancement.
Le fait que des élus de droite comme de gauche l’aient décidé et que des grands groupes en aient fait un « produit d’appel », nous y voyons une forme d’hommage à tous ceux qui, comme nous écologistes, se sont souvent battus pour le vélo en ville en ayant longtemps l’impression de prêcher dans le désert ! Cela change des sarcasmes sur le thème « écolo-vélo-rigolo »… Le vélo sort de son ghetto, intéresse les grands médias, devient un outil banalisé de déplacement quotidien ou touristique, voire un argument pour les prochaines campagnes électorales : qui s’en plaindra ?

L’enthousiasme des derniers convertis, notamment chez les élus, ne doit pas faire oublier quelques réalités qu’il est bon de rappeler et sur lesquelles il est urgent de s’interroger. Surtout, si l’on veut, comme nous le souhaitons, que se développent dans toutes les villes de France des services publics de location de vélo. Surtout si l’on veut que cela ne reste pas le privilège des grandes villes et plus particulièrement des centres-villes.
Pour avoir l’expérience de politiques de déplacements dans différentes villes françaises et pour avoir beaucoup étudié les différents systèmes existants dans le reste de l’Europe, nous savons que les services de locations de vélos doivent être diversifiés et intégrés à une palette cohérente de services de transports. La question du développement des transports en commun et des circulations douces se pose de façon de plus en plus criante pour rendre nos villes respirables et lutter contre l’effet de serre. Il faut et on peut réduire considérablement la place de la voiture en ville : aujourd’hui encore, environ la moitié des déplacements urbains en voiture font moins de trois kilomètres, avec une personne par véhicule !
Un service de location de vélos en libre-service ne participera à la réduction des émissions de gaz à effet de serre que s’il s’intègre dans une politique volontariste de complémentarité entre les différents modes de transports (notamment sur les trajets domicile-travail). Même si des progrès ont été réalisés ces dernières années, nous sommes encore loin de bénéficier de nombreuses « gares d’échange » qui permettraient en de multiples points des territoires de laisser stationné en sécurité son propre vélo à une gare SNCF, puis de voyager en TER ou RER et de prendre ensuite le transport public urbain, et enfin de pouvoir louer un vélo urbain pour une courte durée… le tout avec un titre de transport, unique et bon marché !
Une telle ambition, aujourd’hui réaliste, implique d’en affecter la responsabilité (et donc les budgets) aux autorités organisatrices des transports (grandes villes, agglomérations intercommunales et régions). Ces systèmes ne suffisent pas en eux-mêmes : ils doivent être des accélérateurs de politiques vélos et transports cohérentes. Il serait tout de même un peu décevant que les nouveaux utilisateurs de Vélib’ ne soient que des anciens utilisateurs du bus ou du métro plutôt que des automobilistes qui y auraient vu une bonne raison de laisser leur voiture au garage !

La deuxième interrogation porte sur le modèle économique proposé pour la mise en œuvre de ce nouveau service de location de vélo 24/24. Paris et Lyon ont fait le choix du deal « 
pub contre vélo ». Les promoteurs de ce système, à commencer par JC Decaux, ont réussi ce tour de force de faire croire à beaucoup de gens (y compris des élus) que ce système ne
coûtait rien à la collectivité ! Les actionnaires de tels groupes privés auraient de quoi s’en inquiéter ! En fait si les villes bénéficient d’un nouveau service, elles abandonnent en contrepartie une recette potentielle très importante : la redevance qu’elles toucheraient normalement avec les panneaux publicitaires.

Notre propos n’est pas d’être anti-pub. On peut en revanche s’interroger après des années
de combats (de plus en plus victorieux) sur la maîtrise de la pub en ville, si le vélo ne va pas servir à justifier une nouvelle inflation de panneaux en ville. Ce serait pour le moins écologiquement discutable !

Notre souhait est donc de séparer les deux activités, qui n’ont d’ailleurs pas de lien intrinsèque : gérer des panneaux de pub est un métier, gérer de la location de vélo en est un autre. Est-il équitable que des opérateurs professionnels du vélo soient, de fait, systématiquement écartés des marchés de vélo au motif qu’ils ne proposent pas de créer et de gérer de l’affichage publicitaire, existant ou créé pour la circonstance ? Il existe en France des milliers de marchands de vélos, autant d’entreprises ou associations qui réparent ou louent des bicyclettes. Il existe des structures coopératives comme Movimento
à Toulouse, qui gère des milliers de vélos en location. Il existe aussi des opérateurs de transports qui ont des offres de services innovants, comme Transdev ou Effia, qui a récemment remporté un marché portant uniquement sur le vélo à Orléans. Séparer les choses dans l’attribution des marchés permet d’avoir une plus grande transparence sur la comparaison des coûts, ce qui n’est pas la moindre des choses quand on parle de services publics, confiés au privé pour de longues durées. Mais cela permet surtout de préserver la diversité des acteurs et d’éviter que ne se constitue un quasi-monopole sur les locations de vélo en libre-service. Cette séparation éviterait de surcroît des guéguerres politiciennes comme cela commence à arriver : ainsi, l’absurdité du cas de Rouen où la ville-centre, de droite, a décidé de faire cavalier seul en lançant un appel d’offre « vélo contre publicité » une semaine après que la communauté d’agglomération, de gauche, ait délibéré en faveur d’un appel d’offres vélo global.
Enfin, le fait que les systèmes de location de vélo soient séparés de la pub permet d’envisager plus sereinement une meilleure implantation du système sur les territoires : sans quoi, la mise à disposition des vélos sera toujours liée à l’installation de panneaux publicitaires, rentables uniquement dans les hauts lieux de passage et de… pouvoir d’achat : autrement dit, les centres-villes ! Les quartiers ou communes plus périphériques s’en trouveraient de facto exclus.
Les collectivités locales ont une vraie responsabilité dans les choix qu’elles feront pour développer ces systèmes - car il faut les développer. Services limités aux centres -villes ou extension du service public de transports à de nouveaux usages individuels et non polluants ?
Appui aux velléités de monopole de quelques multinationales ou soutien au pluralisme des opérateurs et à l’économie solidaire ?Bel exemple de réflexion pour la gauche et les écologistes, à quelques mois des élections
municipales !
François de Rugy, Député de Loire-Atlantique et adjoint au maire de Nantes chargé des
transports
Jean-Philippe Magnen, Conseiller Communautaire de Nantes Métropole en charge de
l’économie sociale et solidaire et Vice-président du réseau des territoires pour une
économie solidaire
Eric Quiquet, vice-président de Lille Métropole chargé des transports
Claude Taleb, Vice président de la Région Haute Normandie chargé de l’économie sociale et
solidaire

Ouest-France Actualité locale (Nantes Metropole) Paru dans l’ édition du mercredi 08 août 2007

Les Verts : pour un « service public » de vélos

François de Rugy et Jean-Philippe Magnen demandent la création d’un service public de location de vélos dans les grandes villes françaises.

Les Verts François de Rugy et Jean-Philippe Magnen souhaitent « un service public de vélo ».
Un bon thème de campagne à 8 mois des municipales...
Ils sont quatre Verts. François de Rugy, le tout nouveau député de Loire-Atlantique et par ailleurs le monsieur circulation Nantes métropole, mais aussi Jean-Philippe Magnen, conseiller communautaire de Nantes Métropole en charge de l’économie sociale et solidaire. Il y a aussi Eric Quiquet, vice-président de Lille Métropole chargé des transports et Claude Taleb, vice-président de la région Haute Normandie, chargé de l’économie sociale et solidaire. Tous les quatre réclament la mise en place d’« un service public de location de vélo » dans les grandes villes.

« Pour avoir l’expérience de politiques de déplacement dans différentes villes françaises, expliquent-ils, nous savons que les services de locations de vélos doivent être diversifiés et intégrés à une palette cohérente de services de transports. La question du développement des transports en commun et des circulations douces se pose de façon de plus en plus criante pour rendre nos villes respirables et lutter contre l’effet de serre. Il faut et on peut réduire considérablement la place de la voiture en ville : aujourd’hui encore, environ la moitié des déplacements urbains en voiture font moins de trois kilomètres, avec une personne par véhicule ! »

Hélas, regrettent les quatre élus, « nous sommes encore loin de bénéficier de nombreuses « gares d’échange » qui permettraient, en de multiples points des territoires, de laisser stationner en sécurité son propre vélo à une gare SNCF, puis de voyager en TER ou RER et de prendre ensuite le transport public urbain, et enfin de pouvoir louer un vélo urbain pour une courte durée... le tout avec un titre de transport, unique et bon marché ! »

Mais pour les quatre mousquetaires de l’écologie, pas question de confier ce nouveau service de location à un publicitaire style Decaux comme à Paris ou à Lyon. « Gérer des panneaux de pub est un métier, gérer de la location de vélo en est un autre. Il existe en France des milliers de marchands de vélos, autant d’entreprises ou associations qui réparent ou louent des bicyclettes. Il existe des structures coopératives comme Movimento à Toulouse, qui gère des milliers de vélos en location. Séparer les choses dans l’attribution des marchés permet [...] d’éviter que ne se constitue un quasi-monopole sur les locations de vélo en libre-service. »

Et les quatre élus d’enfoncer le clou : « Le fait que les systèmes de location de vélo soient séparés de la pub permet d’envisager plus sereinement une meilleure implantation du système sur les territoires : sans quoi, la mise à disposition des vélos sera toujours liée à l’installation de panneaux publicitaires, rentables uniquement dans les hauts lieux de passage et de... pouvoir d’achat : autrement dit, les centres-villes ! Les quartiers ou communes plus périphériques s’en trouveraient de facto exclus. »

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