PARC DU CHÂTEAU. --Inaugurée ce soir par le maire, la
clairière de contemplation est l'oeuvre de José Le Piez. Un
espace qui invite à l'observation et la méditation
Sculpteur d'arbres
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| Au départ, il a été arboriste, autrement
dit chirurgien des arbres. Puis il a décidé de les sculpter. «
Je travaille des morceaux, pas des bouts. Comme ça, j'ai une
pensée pour ce qu'ils ont été. » Chaque essence le passionne.
Celles du parc du château aussi. Les chênes d'abord. « Ils ont
une bonne longévité, sont solides, imputrescibles, offrent de
beaux diamètres ». Les pins ensuite. « Leur vie est plus
éphémère, ils se dégradent plus vite. Mais une fois morts, ils
ont encore un rôle à jouer, celui de niche écologique dans
laquelle les animaux s'abritent, insectes, oiseaux, mouches
etc. » C'est donc ici, dans un coin du parc du château que
José Le Piez a créé la clairière de contemplation. « Un havre
de paix », dit Gérard Chausset, adjoint à l'environnement qui
est à l'origine de l'initiative. « La nature en ville n'est
pas qu'un lieu de décoration mais aussi un service public qui
répond aux aspirations de la population. Les parcs sont des
sites où on se promène, on court, on joue, on respire, où les
citadins peuvent lâcher prise. C'est pourquoi nous avons eu
l'idée d'un endroit simple où on peut lire, se reposer,
chercher la quiétude ou faire la sieste. Cette aire offre un
moment spirituel. »
L'arbre de
vie.
Elisabeth Fournier, directrice du centre technique de
l'environnement, a contacté José Le Piez qui avait déjà
organisé un concert « d'arbrassons » à la vieille église. Car
le sculpteur sait aussi faire chanter les arbres, une autre
facette de son savoir. « Au départ, la commande portait sur du
mobilier. J'ai donc créé des sièges comme cette méridienne
pour deux ou ce fauteuil. Ce sont des objets que l'on peut
utiliser. Ils sont perceptuels. » Déjà, alors que l'espace
n'est inauguré que ce soir, les promeneurs viennent y goûter
des moments de tranquillité, le regard tourné vers les cimes
des pins bousculées par le vent. Magique. Apaisant. Au centre
de la clairière, l'artiste a « planté » un arbre de vie, un
tronc central autour duquel gravitent quatre billes biseautées
porteuses des quatre points cardinaux que sont l'air, l'eau,
la lumière et la terre. « L'arbre du milieu met tout cela en
relation. Il a dans cette mise en scène un aspect
scientifique, écologique, mythologique », explique José Le
Piez qui a déjà réalisé des sculptures environnementales au
parc de Majolan, à Blanquefort, et dans la banlieue
parisienne.
500 litres d'eau par
jour.
Plusieurs pins « totémisés » encadrent l'espace. « On y voit
les cernes du bois qui permettent de lire son passé, la météo
des ans, la qualité de l'air. La coupe met en évidence les
bourrelets de gemmage, les cicatrices qui en ont résulté.
» Les
sièges dissimulés dans les fougères, invitent à la méditation
et au repos. « Le but n'est pas de rassembler des foules ici
mais d'y être au calme. » José Le Piez s'attarde sur un tronc
couché qu'il a évidé : « L'arbre est une rivière qui monte
vers le ciel. Il évapore 500 litres d'eau par jour, ce qui
signifie qu'il y circule des dizaines de milliers de litres,
venant du sol ou du ciel. » À l'entrée de l'allée
Cavalière, une sculpture indique le chemin de la clairière de
contemplation. « On ne mettra pas de panneaux explicatifs. Ce
n'est pas l'objet de la démarche ; on préfère que les gens
aillent chercher l'information sur d'autres supports s'ils en
ressentent le besoin. » Les troncs sculptés seront surmontés
d'animaux présents dans le bois : des papillons, des
écureuils, des loirs et une salamandre. « Tout cela n'a rien
de didactique. On souhaite simplement que les promeneurs
prennent ici le temps de vivre. »
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