LGV, CONSEIL GÉNÉRAL ET RÉFORME TERRITORIALE. Le Département se concentre sur ses compétences propres, affirmant « ne plus avoir les moyens de se disperser »
Le Conseil général bouderait-il ? À en croire Alain Juppé qui parle de « grève politique » (lire « Sud Ouest » d'hier) ou des élus de la CUB, à l'instar du Verts Gérard Chausset, le Département refuserait de participer à la moindre opération d'envergure. Ainsi, a-t-il décliné l'offre de siéger au sein du futur établissement public gérant l'OIN, la grosse opération d'urbanisme d'intérêt national Euratlantique accompagnant l'arrivée de la LGV.
Pour couronner cette impression, le président Philippe Madrelle s'entourait vendredi dernier de ses vice-présidents et même du premier secrétaire de la fédération du PS, Ludovic Freygefond, pour lancer lors d'une conférence de presse une vraie « menace » : celle « d'arrêter immédiatement le financement des compétences de l'État » (lire « Sud-Ouest » de samedi). La cause de ce courroux : la réforme des collectivités territoriales. Celle-ci envisage de créer des conseillers territoriaux à la double casquette - départementale et régionale -, mais aussi de supprimer la clause générale de compétence qui permet aux collectivités locales d'aller au-delà de leurs missions obligatoires. Sauf, qu'en mettant ses menaces à exécution, le Département ne devance-t-il pas l'appel, faisant ainsi le jeu du gouvernement et de ceux qui défendent la réforme ? C'est ce que certains, même à gauche, murmurent.
La peur de la réforme
Pour Gilles Savary, vice-président du Conseil général, ce n'est pas si simple. Certes, « on ne boude aucun lieu de concertation mais pourquoi rentrer dans des structures comme l'OIN d'où l'on risquerait d'être chassés dans six mois en cas de réforme ? », explique celui qui aurait dû occuper le siège proposé. Cela ne l'empêche pas de vouloir remettre les pendules à l'heure : « Le Conseil général engage 138 millions d'euros dans la LGV, là où la Ville ne met rien (lire ci-dessous). Nous participerons au pôle multimodal, car cela concerne les transports interurbains du département, et au programme de logements sociaux. »
Autant de points qui rentrent dans le champ de compétences du Département. « En revanche, poursuit Gilles Savary, on ne va pas se lier les mains dans la gestion d'une opération d'urbanisme, ou dans la réalisation d'un grand stade qui peut, à notre avis, totalement s'autofinancer. » Si le premier argument est bien celui de « l'incertitude quant à nos compétences futures », le second se veut massue et indiscutable.
L'argument de la crise
C'est celui du manque de moyens qui vaut aussi pour l'opération Campus ou encore le développement du réseau de tram. « On est dans une très grande difficulté budgétaire, martèle le vice-président. On ne fait donc pas une grève politique mais bien une grève de la hausse de la fiscalité. » Or, celle-ci, affirme-t-il, « serait inéluctable en cas de dispersion. Car il nous faut assurer nos obligations, à commencer par l'action sociale. On aimerait bien participer à des projets plus sexys mais nos compétences obligatoires ne sont pas sexys et donc, nous ne sommes pas sexys... Notre collectivité est la seule à être soumise aux dépenses sociales, dont la hausse est incontrôlable en raison de la crise. »
Le Conseil général est pourtant loin d'être dans le rouge. Quand l'État dépense à tout va depuis un an, Philippe Madrelle, lui, refuse l'endettement. Conviction, stratégie ou aveu d'une certaine inertie ? « Augmenter les impôts serait faire le jeu de Sarkozy, rétorque Gilles Savary. Après nous avoir transféré nombre de charges, il reproche déjà aux collectivités locales de trop peser sur les ménages. La CUB a du mal à boucler le budget du tram mais accepte de participer au financement du grand stade ou du centre culturel du vin ? Nous, on a la stratégie inverse. C'est moins clinquant. »
Bordeaux, comme les autres villes concernées par la LGV Bordeaux-Tours, n'est pas sollicitée pour le financement de l'opération d'un montant total de 7,1 milliards d'euros. À la différence des autres collectivités comme la Région Aquitaine qui devrait apporter 369 millions d'euros, le Département de la Gironde (138 millions) ou encore la Communauté urbaine dont la participation dépasserait les 85 millions d'euros. Mais si Bordeaux ne met pas un centime, « 34 % des recettes de l'agglo viennent de la ville-centre », tient-on à préciser à la mairie.
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