Jean Lassalle et Monique de Marco sont en concurrence directe pour attirer un électorat opposé au PS et à l'UMP et toujours tenté de zapper
Le premier tour des régionales le 14 mars ne se réduira pas à un match entre la liste d'Alain Rousset et celle de Xavier Darcos. Celui qui opposera pour la troisième place supposée celle de Jean Lassalle à celle de Marie Bové et Monique de Marco s'annonce tout aussi intéressant. Surtout dans la perspective du deuxième tour et d'une éventuelle triangulaire, voire quadrangulaire.
Certes, les listes du Front national et du Front de gauche peuvent aussi dépasser les 10 % de voix leur permettant de se maintenir. Néanmoins, l'affrontement du Modem et d'Europe Écologie est plus décisif, électoralement parlant : d'abord parce que le dernier sondage de « Sud Ouest » les situe respectivement à 12 % et 11 %, en concurrence directe ; ensuite parce que les centristes, grâce à François Bayrou aux présidentielles, et les écologistes, lors des dernières élections européennes, ont su capter successivement la traditionnelle frange mouvante de l'électorat qui manifeste d'abord son rejet de la bipolarisation droite-gauche.
Électeurs zappeurs
Mais qui sont ces électeurs catalogués comme modérés ou zappeurs ? À défaut de les définir, on peut les repérer. Par exemple sur le canton de Blanquefort, celui de Joan Taris, directeur de campagne de Jean Lassalle. François Bayrou y a obtenu 21 % des voix en 2007 et Europe Écologie 19 % aux élections européennes de 2009 (1), scrutin où le candidat Modem Robert Rochefort n'a pas atteint les 9 %. Aux législatives 2007, Joan Taris lui-même avait perdu huit points sur le score de François Bayrou.
Cet électorat « orange-vert » théorique, on le détecte aussi à Gradignan (22 % pour Bayrou, idem pour Cohn-Bendit-Bové-Joly deux ans après) ou à Bordeaux 3 (23 % Bayrou, 21 % Cohn-Bendit), secteurs où Robert Rochefort a plafonné à 10 %. À Bordeaux 8 (Caudéran), canton solidement tenu par la droite, le bon score aux législatives de la Modem Véronique Fayet (14,6 %) est assez voisin de celui des écolos aux européennes (16,8 %). D'autres exemples pourraient être trouvés à Talence, mais aussi à Blaye.
Pour Bruno Asseray, élu bouscatais du Modem mais soutien d'Europe Écologie au nom de son mouvement Cap 21, « il est évident que les deux électorats se chevauchent et c'est bien pourquoi une confédération souhaitée par Corinne Lepage avec les écologistes et les démocrates aurait pu atteindre les 20 % ; d'ailleurs, Cohn-Bendit la souhaite ».
Lassalle ratisse large
Analyse radicalement opposée de Philippe Meynard, candidat en troisième position sur la liste de Jean Lassalle : « On se trompe complètement en se fondant sur des statistiques qui reposent sur des élections différentes ; par sa personnalité et son histoire, Jean Lassalle transcende tous les courants politiques et séduit aussi bien les chasseurs que les électeurs écolos, ceux de l'UMP comme ceux du Front national, même des socialistes ; dans son cas, l'étiquette Modem est un détail. Ce qui compte, c'est la casquette Lassalle parce qu'il y a un rendez-vous entre un candidat et le peuple. »
Bref, pour le maire de Bazas, Jean Lassalle va réaliser dans ces régionales la même performance que François Bayrou à la présidentielle : « Il n'y aura pas photo avec Europe Écologie, qui n'est qu'une auberge espagnole de la politique. »
Confusion TGV-LGV
L'écologie n'aurait-elle donc été qu'un défouloir aux européennes ? Les amis de Marie Bové pensent évidemment le contraire puisqu'ils ont toujours prétendu que le mouvement en faveur de leurs idées est profond et durable. « Si les électeurs dépassent la notion de notoriété et lisent seulement les programmes, ils verront forcément la différence entre Lassalle et nous », assure Michel Daverat, numéro deux sur la liste Marie Bové. Gérard Chausset caractérise même Jean Lassalle de « catastrophe écologique à lui tout seul pour l'action menée en vallée d'Aspe ».
N'empêche, malgré les certitudes affichées, les écolos se posent parfois des questions. En particulier à cause du dossier de la LGV, loin de faire l'unanimité chez eux sur la manière dont il est traité. Impression corroborée par le Cap 21 Bruno Asseray : « Une confusion s'est installée dans l'esprit des gens entre TGV et LGV, entre le train à grande vitesse et les lignes à construire, dit-il ; et puis, certains se demandent pourquoi voter pour les écologistes s'ils doivent rejoindre le PS au deuxième tour. »
Voilà pourquoi il est vital pour les écolos de devancer Forces Aquitaine. Mais en choisissant un label plus souple que le Modem, Lassalle a sûrement décomplexé les électeurs de droite de voter pour lui : « Ce qui est étrange, c'est la différence entre le niveau de Lassalle en Aquitaine et celui du Modem national alors qu'on sait très bien qu'il ne siégera pas s'il n'est pas élu président, du fait du cumul des mandats », glisse Bruno Asseray.
Reste l'aspect irrationnel d'un vote où l'abstention sera vraisemblablement élevée. Philippe Meynard réagit vivement quand on taxe son leader de populisme ou d'opportunisme : « Les gens voteront pour un gars authentique et sincère, à l'opposé des costards trois pièces en C6 à fauteuils en cuir. » Le vote anti-établissement sera-t-il la clé des régionales ?
(1) Les scores des européennes sont à modérer en raison de la forte abstention.
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Le BARP
le 06/03/2010 à 10h27
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