RÉGIONALES. Noël Mamère et Pierre Hurmic, les deux fortes personnalités des Verts, sont en froid. Histoire d'un conflit particulier
Il fallait bien qu'un jour, battling Mamère et punching Hurmic en arrivent à s'affronter au milieu du ring écologiste. Quand un parti politique dispose dans ses rangs de deux fortes personnalités un tantinet individualistes, connues au-delà de leur pré carré et habiles à trouver le mot cinglant, la coexistence pacifique peut vite se transformer en guerre froide.
Sont-ils fâchés ? Ils disent que non. Noël Mamère évoque « une péripétie liée à un contexte électoral ». Pierre Hurmic reconnaît « plus de différences que de divergences » avec le maire de Bègles, qui se réfère aux mêmes maîtres que lui (Jacques Ellul et Simon Charbonneau) et l'a fait entrer en politique dans les années 1990 : « J'étais son avocat pour ses procès en diffamation avec la mairie communiste de Bègles ; dans la voiture qui nous emmenait au tribunal correctionnel de Toulouse, nous avons eu de longues discussions qui m'ont amené à le rejoindre à Génération Écologie. C'est un compagnon de route dont je me suis senti proche. »
Les racines du conflit
Notons au passage le passé composé. Car entre Mamère et Hurmic, il s'agit bien aujourd'hui d'un conflit, et celui-ci empoisonne la vie des écolos girondins depuis deux mois.
Tout a commencé en juillet dernier quand Noël Mamère, pressenti pour être la tête de liste d'Europe Écologie aux régionales, mais peu emballé par cette perspective, a sollicité Pierre Hurmic : « Je connaissais ses qualités de débatteur, il pouvait bien représenter notre électorat en Gironde où se fait l'élection. Nous avons déjeuné deux fois ensemble et il a accepté. Mais à ce moment-là, Monique de Marco a souhaité être elle aussi candidate ; alors, je me suis assez vite rendu compte que Pierre n'avait aucune chance parce qu'il n'appartient à aucun courant des Verts. C'est pourquoi j'ai sollicité Marie Bové en octobre. »
Le précédent de la CUB
Noël Mamère évoque alors « une fuite dans la presse venue des écologistes » qui a mis le feu à la candidature de la fille de José Bové, survenue de surcroît en pleine affaire Jean Sarkozy : « Peut-être ai-je été un peu maladroit en n'ayant pas réussi à convaincre Pierre de se retirer », reconnaît le maire de Bègles.
Pour sa part, Hurmic place le conflit sur le terrain politique. Il relève d'abord le choix de deux élus béglais de lui préférer Gérard Chausset pour représenter les Verts à la CUB, alors qu'il était le président sortant : « À l'évidence, Mamère et d'autres ont privilégié l'entente avec les socialistes. Pour ma part, je n'ai pas oublié que le PS de la CUB a été partisan du contournement autoroutier et suit aujourd'hui Juppé pour le grand stade. »
Dans ce contexte, le choix par Mamère de Marie Bové, alors employée par le groupe socialiste de la CUB, a agi comme un chiffon rouge devant les yeux du Basque Hurmic. Ce dernier a cru avoir marqué un point lors de l'assemblée générale des Verts régionaux samedi dernier, en faisant capoter le scénario monté par Voynetistes et Maméristes, qui avaient trouvé un accord. Mais mercredi soir, coup de théâtre. Marie Bové est réapparue comme tête de liste d'Europe Écologie en Gironde. Mamère et ses amis avaient repris l'avantage sur Hurmic et les siens : « Le scénario d'appareil que je dénonçais a finalement prévalu, c'est le politburo des Verts qui a eu le dernier mot contre l'assemblée générale », clame l'élu bordelais.
Cet épisode n'a évidemment rien fait pour réchauffer les relations entre les deux sanguins. Hurmic, qui hésitait à se porter candidat, assure désormais : « Je n'ai rien à faire dans cette aventure, mais j'ai retrouvé ma liberté de parole. » Le Bordelais le dit et le répète, il n'est pas un professionnel de la politique et n'appartient à aucun clan, ce qui ne l'a pas empêché d'être choisi par les militants pour occuper l'une des cinq places masculines du vivier où la liste va puiser.
Les faire dégainer ensemble
Le plus curieux de ce conflit, c'est que l'un et l'autre militent pour que les Verts réduisent leurs prétentions hégémoniques au bénéfice d'Europe Écologie. D'où le reproche formulé par un élu des Verts : « Je les mets dos à dos parce que leur stratégie est basée sur la notoriété et sur les petites phrases, parce qu'ils ne savent pas s'appuyer sur les militants et les instances. Mamère ne vient jamais aux assemblées départementales et Hurmic est un opposant autant en interne qu'en externe. » Le même interlocuteur fait remonter les premières tensions au mariage homosexuel de Bègles, peu goûté par Hurmic dans la forme. Mais celui-ci insiste davantage sur la candidature de Mamère pour les européennes de 1994, aux côtés d'un certain Bernard Tapie...
Quoi qu'il en soit, les écolos auront toujours du mal à se passer de ces deux pistoleros. L'enjeu consiste désormais à les faire dégainer ensemble... contre l'adversaire.
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