TRANSPORTS. Les bus rouleront mieux si on leur réserve des voies. Comme sur l'axe Pellegrin-Pessac-Talence
Il ne se passe pas une réunion de consultation sur le futur réseau TBC sans que les responsables de Keolis et les élus de la Communauté urbaine de Bordeaux ne soient interpellés sur le sujet : « Comment allez-vous pouvoir faire passer un bus toutes les dix minutes sur des axes très chargés ou régulièrement embouteillés ? »
Une question clé effectivement dans le futur dispositif. Il ne suffit pas de créer des Lianes (nouvelles lignes structurantes) ou Corol (lignes de périphérie à périphérie) pour que les bus que l'on trouve un peu traînards aujourd'hui deviennent soudainement plus rapides et surtout plus réguliers. Il va falloir impérativement multiplier le nombre de kilomètres de bus en sites propres, à l'exemple de la rue de Tauzin sur l'axe de bus Pellegrin-Pessac-Talence. Sinon, cela ne marchera pas.
De nouvelles priorités
Bruno Danet, le directeur régional de Keolis, en convient, même s'il s'empresse de noter « qu'une bonne régulation découle aussi d'une bonne organisation ».
Gérard Chausset, vice-président de la CUB, chargé des transports de demain, reconnaît le problème. « La réorganisation prévue nous met incontestablement au pied du mur. Nous souhaitions un réseau bus aussi performant que le réseau tram, le voilà ! Il nous plaît, nous l'avons adopté mais si nous voulons maintenant l'optimiser, il va nous falloir revoir totalement notre façon de penser en matière d'aménagement. Lors de tout projet de création ou de rénovation de voie urbaine, la réalisation de couloirs réservés aux transports en commun ne devra plus être une option mais une obligation. »
Un axe exemplaire
La CUB sait ce qu'il faut faire. Elle le démontre actuellement de façon exemplaire sur l'axe Pellegrin-Talence-Pessac-Universités, avec l'embryon du parcours qu'empruntera à compter de février prochain la Liane 8 (Pellegrin-Gradignan Malartic).
La « transversale », remaniée par la CUB, part de l'entrée de l'hôpital, descend la rue Canolle, passe à l'arrière du stade, rejoint la rue Bechade, longe Charles-Perrens, tourne à gauche à hauteur de la rue Bethmann pour emprunter la rue de Tauzin, traverse le cours Galliéni (limite Talence-Pessac), suit les vignes de la Mission Haut-Brion et rejoint la zone universitaire de Talence (avenue Albert-Schweitzer).
Cet axe CHU-universités n'existait pas totalement jusque-là. Il est devenu possible lorsque le tronçon Canolle-Bechade a été créé au début des années 2000 et qu'à l'autre bout, au Sud, un autre tronçon est venu plus directement relier l'avenue Mission Haut-Brion à l'avenue du Docteur-Schweitzer (voir infographie). Et qu'un nouveau pont est venu aussi remplacer la passerelle Peybouquet au niveau de la Médoquine.
Tout a été vraiment fait ici pour améliorer la circulation. Celle des voitures, celle des bus et celle des deux-roues.
Plate-forme de 18 mètres
Sur l'ensemble du parcours, plus aucun feu de trafic. Tous les carrefours sont dotés d'un rond-point : Canolle, Béchade, Bethmann (à terminer), Galliéni, Edmond-Rostand.
Sur trois kilomètres, enfin, de Pellegrin au nouveau pont de Peybouquey, la chaussée est équipée, ou le sera en phase finale, de couloirs de bus. Une « première » au sein de la CUB, aucun autre axe n'offrant à ce jour une telle longueur de « voies partagées ».
La rue de Tauzin, en cours de finition, est un modèle du genre. Après acquisitions, tous les murs des propriétés riveraines ont été repoussés et reconstruits afin de délimiter une plate-forme de 18 mètres de large. Ce qui a permis de réaliser deux voies de circulation pour les voitures au milieu, deux couloirs de bus (un de chaque côté), des pistes cyclables et de beaux trottoirs. Les travaux seront terminés en novembre.
À ce jour, le gros du chantier se situe rue Béchade. Le mur de Charles -Perrens a été abattu et reconstruit de façon à réaliser un couloir de bus, un seul, car la chaussée n'est pas assez large. Tout sera ici terminé à la fin de l'hiver.
Pour faciliter la circulation des bus, c'est ce qu'il faudrait prévoir partout, mais cela coûte inévitablement cher. À terme, sur ce seul parcours, la CUB aura dépensé 27 millions d'euros, 20 millions pour les travaux et 7 millions pour les acquisitions foncières sans lesquelles la réalisation des voies réservées au transport en commun était impossible.
La Communauté urbaine de Bordeaux n'est pas la moins bien lotie en matière de couloirs de bus mais elle est très loin des communes les plus performantes.
« Nous avons seulement 20 kilomètres de couloirs de bus alors que Nantes en possède le double », constate Gérard Chausset, vice-président de la CUB, « Monsieur transports en commun » de demain. Nantes est très souvent cité en exemple dans l'hémicycle de Mériadeck. Au début, c'était pour le tram. Aujourd'hui, c'est pour ce que la Communauté nantaise fait pour améliorer son réseau de bus.
Les élus bordelais se sont même rendus sur place ces derniers mois pour juger les installations réalisées en Loire-Atlantique, notamment le busway, le top du top. Là, ce ne sont pas de simples voies délimitées sur la chaussée, c'est une chaussée totalement réservée (comme une ligne de chemin de fer) sur laquelle les bus sont les seuls à circuler, au même rythme et pratiquement aux mêmes vitesses que les trams.
Des busways, il y en aura probablement un jour au sein de la CUB. Il en est question pour relier directement le réseau tram (ligne A) à l'aéroport. Pour alimenter la rive droite aussi. Dans les ex-couloirs de chemin de fer délaissés par RFF, tant côté Bastide que côté Floirac, par exemple.
La priorité semble être toutefois pour l'instant la multiplication des passages bus. « Il faudrait rapidement doubler, voire tripler le nombre de kilomètres proposés à ce jour », pense Gérard Chausset.
Selon l'élu, on pourrait rapidement améliorer les choses sans engager des dépenses considérables. En transformant des couloirs de stationnement en couloirs bus (ce qui serait possible à maints endroits) ou en revoyant l'aménagement de certains grands carrefours pour que le passage des bus devienne prioritaire.
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