ENVIRONNEMENT. Nombre de municipalités intègrent désormais les nécessités du développement durable
Non, toutes les villes de la région ne passent pas au vert comme un seul homme. Néanmoins, quelque chose frémit sur le front du développement durable. Menée sur les 20 villes les plus peuplées de notre région à partir de quelques grands indicateurs (voir l'infographie ci-contre), notre enquête atteste que des efforts notables y sont diligentés pour économiser l'eau et l'énergie, ou encore pour développer l'offre de transport en commun et la part du vélo en ville. L'héritage n'est pas le même partout, la volonté des édiles non plus. Mais la tendance est à comparer avec la superbe solitude de La Rochelle quand elle multipliait les innovations, il y a déjà une trentaine d'années...
1 Haro sur le gaspillage
Les grandes villes deviennent attentives à leur consommation en fluides (eau, électricité). En cette matière, la couleur politique des municipalités ne dit pas tout. Convictions mises à part, il s'agit de réduire les gaspillages et, in fine, d'épargner l'argent du contribuable. Au Pays basque, la commune d'Anglet vient ainsi d'embaucher un Monsieur Antigaspillage sur la base d'un calcul simple : la charge salariale de son poste sera inférieure aux économies réalisées. « Son champ d'action couvre l'ensemble de l'action municipale, des douches des vestiaires sportifs aux ordinateurs que l'on n'éteint pas en partant », dit-on à la mairie.
À Mérignac, la ville girondine la plus peuplée après Bordeaux, la problématique est grosso modo la même. « On fait très attention à la consommation d'eau et aux fuites éventuelles. On peut dire qu'on a économisé 500 000 euros depuis la mise en place de cette politique, en 2003. Il n'y a pas meilleur placement au monde. Pour tous les fluides, l'écologie commence par l'économie », indique à titre d'exemple Gérard Chausset, le maire adjoint (Verts) chargé de l'environnement.
La hausse vertigineuse du prix des carburants au cours de l'année 2008 n'a fait que renforcer ce credo dans les mairies. La Ville de Pessac, à l'ouest de Bordeaux, a ainsi réduit sa consommation de carburant de 2 000 litres l'an dernier. Et elle remplace tous ses véhicules en fin de vie par des modèles à énergie alternative, soit 39 % de sa flotte en 2007.
2 Les villes, moteur de l'innovation
À La Rochelle, deux bus de mer électrosolaires viennent d'entrer en service pour assurer la liaison entre le Vieux Port et les Minimes.
Des bateaux qui progressent sans bruit et sans odeur, grâce à des batteries et à des cellules photovoltaïques installées sur leur toit. Le marché, d'un coût de 1,8 million d'euros à la charge de la communauté d'agglomération, illustre l'importance de la commande publique locale pour l'innovation. Plus généralement, la ville apparaît souvent comme l'échelon adéquat pour avancer concrètement sur le développement durable. Le Pédibus ou Car à Pattes - un système de ramassage scolaire à pied - est un bon exemple de ces modes de vie plus vertueux qu'initient les municipalités. C'est le cas à La Rochelle, à Échillais, dans la banlieue de Rochefort, dans plusieurs communes de l'agglomération bordelaise ou encore à Pau. Chaque semaine qui passe voit une nouvelle réflexion s'engager sur ce registre dans la région.
3 Un thème porteur pour l'image
Rien de tel pour attirer l'attention des médias que d'entreprendre dans le domaine du développement durable. Villenave-d'Ornon, dans la banlieue sud de Bordeaux, a frappé fort en louant les services de... moutons pour tondre les friches municipales. Soucieuse de son rang, La Rochelle entend le conserver en multipliant les initiatives. L'arrivée du Yélo, le vélo municipal - jaune, évidemment - en est un nouvel épisode. Bordeaux ne perd pas non plus une occasion de communiquer sur sa politique cyclable, qu'il s'agisse des sens interdits ouverts aux vélos dans le centre-ville ou des 200 kilomètres d'aménagements (pistes et bandes). On se situe là dans une bataille d'image dont le théâtre est national. Lyon l'a appris à ses dépens. On y a lancé le Vélib' (sous le nom Vélo'v), dont tout le bénéfice médiatique est revenu à Paris.
Des engrais par tombereaux et des pesticides aspergés par bidons entiers pour obtenir des feuilles grasses d'un vert pétard : c'est la vieille école. Si elle perdure encore dans certains services des espaces verts, elle n'a plus le vent en poupe. Depuis une demi-douzaine d'années, des usages plus respectueux de l'environnement essaiment dans les parcs et jardins publics. Plus que chez les particuliers, bien souvent...
Dans l'agglomération bordelaise, Mérignac se targue ainsi de décrocher cette année une écocertification pour six de ses parcs urbains - « la seule ville du Grand Sud-Ouest dans ce cas », souligne la Ville. Les méthodes de culture, le respect de la biodiversité et la formation des agents municipaux sont autant de critères pris en compte. D'autres villes s'engouffrent dans une voie similaire en remplaçant des essences gloutonnes en eau par d'autres plus adaptées au climat régional.
Le mois dernier, la Ville de Bordeaux a entrepris de broyer en copeaux les branches, troncs d'arbre et souches qui lui restaient sur les bras après la tempête Klaus du 24 janvier. Les quelque 1 000 mètres cubes de copeaux obtenus seront utilisés pour le paillage du pied des arbres et des massifs d'arbustes. Cette méthode permet de conserver l'humidité dans le sol et de contribuer à la formation de l'humus.
Cet exemple parmi d'autres tend à montrer que le développement durable en matière d'espaces verts est plus une question de pratiques que d'hectares mis à la disposition de la population. Il est d'ailleurs très difficile d'établir un palmarès fiable sur ce dernier point, chaque ville ayant sa propre définition de l'espace vert. Quid du terre-plein central engazonné d'un rond-point...
Au-delà de ces problèmes de comptabilité, les villes sont très tributaires de leur géographie et de leur héritage urbain. D'évidence, il est plus difficile de créer de nouveaux jardins dans des centres anciens que dans des communes de périphérie possédant de larges réserves foncières.
Il n'est pas aisé de trouver des critères pertinents pour évaluer la volonté écologique d'une ville. Mais en choisissant plusieurs thèmes, puis en les croisant, on parvient à obtenir une image à peu près conforme à la réalité verte d'une municipalité.
L'Agenda 21
Il s'agit d'une démarche de développement durable issue du Sommet de la Terre de Rio de 1992.
Les collectivités locales ont été, depuis ce sommet, incitées à s'inscrire dans cette démarche. Un certain nombre de communes ont fait ce choix en impliquant les habitants dans des projets.
Cette démarche peut indiquer un volontarisme. Par ailleurs, certaines villes ont choisi d'adhérer par le biais de leur intercommunalité. Mais dans le tableau ci-dessous, il ne s'agit que des communes qui se sont inscrites en direct.
Eau et énergie
La volonté d'économiser les ressources naturelles est également le signe d'un intérêt pour une démarche écologique.
C'est pourquoi nous avons demandé aux municipalités d'indiquer leur consommation d'eau, que nous avons rapportée au nombre d'habitants. Il faut cependant relativiser ces chiffres, puisque certaines communes ont, par exemple, des piscines importantes à gérer par rapport à leur taille. C'est notamment le cas de Villenave-d'Ornon.
Pour l'énergie, c'est un peu le bilan carbone des communes que nous proposons avec les dépenses en euros par habitant. Là encore, la superficie de certaines villes peut expliquer des dépenses plus élevées.
Transports et vélos
La politique de transports en commun peut également être considérée comme un signe en faveur de l'écologie.
Le critère proposé est celui du nombre de kilomètres parcourus chaque année, rapportés au nombre d'habitants du secteur concerné par le réseau de transport (souvent l'intercommunalité).
Concernant les pistes cyclables, le fait d'en avoir ouvert de nombreux kilomètres par rapport à la population est évidemment positif. Mais quelques villes sont de toute façon limitées par leur profil escarpé, comme Biarritz par exemple. Enfin, concernant les espaces verts, l'évaluation est un peu plus délicate (lire ci-dessous).
Pessac est la ville la plus économe en eau et Mérignac la plus sage en dépenses d'énergie.
C'est ce que l'on apprend notamment dans une enquête à paraître demain dans Sud Ouest.
A l'inverse, on découvre qu'avec 18,47 m3 par an et par habitant, c'est à Villenave d'Ornon que l'on consomme le plus d'eau et à Pau que les dépenses énergétiques (électricité, carburant, combustibles) sont les plus importantes (66 euros par an et par habitant).
Angoulême est la ville de la région où l'on parcourt le plus grand nombre de kilomètres en transports en commun (42 km par an et par habitant). Bordeaux arrive juste derrière avec 38 kilomètres.
Notre enquête a porté sur une sélection de villes du Sud-Ouest, en prenant d'abord toutes les préfectures, puis les 20 les plus peuplées à partir de ce premier tri. Auch, en tant que préfecture du Gers, en faisait partie.
Mais, malgré des demandes répétées, cette municipalité n'a pas souhaité communiquer le moindre chiffre.
Auch a certes entamé la mise en place d'un Agenda 21. Actuellement en pleine démarche, « la Mairie ne veut pas annoncer des chiffres qui, certainement, changeront très bientôt ».
Cet Agenda 21 auscitain doit ainsi être « un bel exemple de démocratie participative », selon les mots du maire, Franck Montaugé. Manque seulement, pour l'instant, un peu de transparence.
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