MERIGNAC Coup de frein sur la
VDO Parce que l'étude d'impact ne prenait pas en compte
l'ensemble du projet final, le tribunal administratif vient
d'annuler l'arrêté préfectoral déclarant d'utilité publique les
travaux de la Voie de desserte ouest, entre les avenues
Aristide-Briand et de Kaolack. A la grande satisfaction de
l'association Aquitaine Alternatives et des Verts
Par :
STEPHANE C. JONATHAN
Les travaux de la Voie de desserte ouest seront
inéluctablement retardés (Photo Bernard Bonnel,
archives « Sud-Ouest »)
C'est un petit coup de tonnerre qui vient de retentir au
dessus du ciel de la CUB : le tribunal administratif de Bordeaux
vient de donner raison à l'association Aquitaine Alternatives, en
annulant la déclaration d'utilité publique (DUP) des travaux de la
Voie de desserte ouest entre l'avenue Aristide-Briand et l'avenue de
Kaolack à Mérignac. L'association dont l'objet statutaire est « la
recherche d'une politique régionale respectant les équilibres
naturels, humains, sociaux et économiques » avait déposé une
requête, il y a trois ans, demandant cette annulation pour « excès
de pouvoir ». L'affaire porte sur l'étude d'impact du chantier qui, selon
un décret de 1977, doit présenter « une analyse des méthodes
utilisées pour évaluer les effets du projet sur l'environnement ».
Et dans le cas d'une réalisation échelonnée dans le temps (comme la
VDO, dont le chantier comprend trois tranches), « l'étude d'impact
de chacune des phases de l'opération doit comporter une appréciation
des impacts de l'ensemble du programme. » C'est sur ce point très technique
qu'Aquitaine Alternatives a attaqué la CUB. Et obtenu gain de cause,
puisque le tribunal administratif considère que « l'étude d'impact
ne comporte pas une évaluation de l'ensemble de ce programme ». Et
donc prononcé l'annulation de l'arrêté du 29 janvier 1998, par
lequel le préfet de la Gironde a déclaré d'utilité publique les
travaux de la partie de la VDO comprise entre l'avenue
Aristide-Briand et l'avenue de Kaolack, à Mérignac.
LA
CUB EN APPEL La Communauté urbaine de Bordeaux conteste
l'interprétation faite par le tribunal administratif du terme «
programme », qu'elle estime « excessive et dure », explique Thierry Guichard, directeur général des
services techniques à la CUB. La Communauté urbaine et et l'Etat
envisagent donc de faire appel. « Cette interprétation met en péril tous nos
autres projets : on ne sait plus où commence et finit une voie en
milieu urbain. Dire que c'est dans le même programme nous perturbe
dans notre approche de travail. » Toutefois, la CUB n'attendra pas le résultat d'un
appel. Elle va prochainement régulariser l'étude d'impact en la
complétant. « Ca ne
devrait être ni compliqué ni difficile; et ce sera la solution la
plus efficace pour le projet. La durée de l'appel est telle que cela
ne nous satisfait pas au niveau des délais. Nous préférons faire un
complément d'enquête publique. Nous étudions donc quelle est la
procédure juridiquement la plus adéquate pour essayer de donner
satisfaction au juge, même si nous contestons son appréciation.
» LES TRAVAUX RETARDES Factuellement, cette décision ne
devrait avoir d'autre incidence réelle sur la construction de la VDO
que de compliquer la tâche de la Communauté urbaine de Bordeaux
maître d'oeuvre du programme, et qui devra obtenir du préfet une
nouvelle DPU et donc de causer un retard dans l'exécution des
travaux. Ce qui inquiète Claude Baudry, adjoint au maire de Mérignac
délégué à l'urbanisme : « On était parti pour une livraison des travaux en 2002...
Entamées début mars, les fouilles archéologiques sont achevées et
les travaux de terrassement débutaient. Les choses avançaient à leur
rythme normal. J'espère que le calendrier ne sera pas chamboulé.
» La CUB n'est pas
encore en mesure de déterminer l'ampleur de la perturbation du
calendrier des travaux, qu'elle sait pourtant inéluctable.
« Hélas pour les
riverains qui attendent cette voie avec impatience »
commente Thierry
Guichard. De son côté, le président d'Aquitaine Alternatives, Dominique
Nicolas, s'annonce naturellement « très satisfait de cette annulation, qui donne
un coup d'arrêt à des infrastructures surdimensionnées et un peu
pharaoniques sur la CUB. Le développement des infrastructures
routières y est privilégié de manière constante et depuis des
années; alors qu'il faudrait développer les transports en commun, le
covoiturage. (...) C'est une fuite en avant perpétuelle. On va vers
l'asphyxie totale. » « SYMBOLIQUE » Aquitaine
Alternatives ne se fait cependant pas d'illusions : « Cette décision ne va pas tout
arrêter. Mais elle donne symboliquement un coup de frein à ces
initiatives qui ne font qu'aggraver le mal au lieu de prendre le
problème à bras-le-corps » dénonce le président de l'association. « On espère que cela amènera les
élus de la CUB a réfléchir à des projets plus intelligents. On nous
parle sans arrêt d'effet de serre... dont la circulation automobile
est responsable à 30 ou 40 %. C'est d'une schizophrénie évidente.
» Responsable de la
section Pessac-Mérignac des Verts, Gérard Chausset est, depuis mars
dernier, adjoint au maire de Mérignac, délégué à l'environnement et
aux transports. «
Nous, Verts, n'avons jamais caché notre opposition à cette
réalisation » rappelle-t-il. « Nous avons même réaffirmé notre position sur ce dossier
à la veille des élections. Aujourd'hui ce que je souhaite
simplement, c'est que la décision du tribunal soit respectée : que
les travaux soient arrêtés et que l'on fasse une nouvelle enquête.
Pour une fois que le droit va en faveur de l'environnement... »
Reconnaissant lui
aussi que l'annulation de la déclaration d'utilité publique de la
VDO est avant tout symbolique, M. Chausset salue par ailleurs
« le combat d'une
association qui a su faire valoir les droits de l'environnement.
» Le pot de terre
contre le pot de fer ? La CUB en tout cas semble décidée à tout
mettre en oeuvre pour que la petite victoire d'Aquitaine
Alternatives pénalise le moins possible le chantier : travailler à
l'obtention rapide d'une nouvelle DUP. « C'est la meilleure solution pour le projet.
On ne va pas faire un bras de fer avec la justice » insiste Thierry Guichard.
« Si on va en appel,
c'est surtout pour savoir comment le juge interprète réellement
cette notion de "programme". Pour que ça nous soit utile pour les
prochaines fois. » Retour / Haut de page