PROCES-VERBAUX. -- Les cyclistes ont manifesté hier contre
l'absence d'aménagement le long du tram et les opérations coup
de poing de la police
La
colère des cyclistes
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L'avocat et tête de file des Verts à Bordeaux,
Pierre Hurmic, a proposé de défendre gratuitement les
cyclistes verbalisés
| « Cet accident montre que la dangerosité
de tout le système », a commenté Serge Parachou (PS). Bernard
Conte, responsable de Vélocital partageait cette analyse. Avec
la coordination CoorCiTal, l'association talençaise de défense
des cyclistes organisait, hier après-midi, une manifestation
cours Gambetta et de la Libération, entre la fac de sciences,
la barrière Saint-Genès et la mairie de Talence. Or, juste avant
le départ, vers 17 h 30, sur le rond-point voisin, le tram est
entré en collision avec une voiture (lire en page
départementale). Le choc, très violent, a fait deux blessés. «
Par respect pour eux, nous avons décidé de passer à pied et en
silence et de partir de l'église », a expliqué M. Conte.
Ralentisseurs humains.
Ils étaient
plus d'une centaine à pousser leur vélo, mais l'afflux
d'étudiants et de passagers qui ne pouvaient plus prendre le
tram immobilisé, a donné une impression de foule tout le long
du circuit. D'importants bouchons se sont créés de part et
d'autre. Le mouvement était protégé par la même police contre
laquelle les cyclistes protestaient. Car une centaine environ
avait été verbalisée, lors de deux opérations coup de poing,
les jours précédents. Leur colère était aussi tournée vers les
responsables politiques et techniques qui ont aménagé le
passage du tram, sans rien prévoir pour les vélos : « C'est
contraire à la loi » commentait Pierre Hurmic, avocat et élu
des Verts, venu de Bordeaux, « car le problème ne se limite
pas à Talence. » Des représentants d'autres communes étaient
d'ailleurs présents. Contestant la légalité des PV, et
l'interdiction de rouler sur la plate-forme du tram, Pierre
Hurmic a décidé de défendre gratuitement les cyclistes
verbalisés « qui ne veulent pas servir de ralentisseurs
humains aux voitures. »
Vitesse
contre sécurité. Ils sont particulièrement nombreux, entre la place de
la Victoire et le campus de Talence. Ils traversent la ville
d'Alain Cazabonne, maire et vice-président de la CUB... en
charge du dossier tram. Les manifestants sont venus lui
remettre des PV et une lettre: « Vous vous trompez d'adresse,
voyez avec la police » a-t-il rétorqué pour les premiers.
Quant à sa responsabilité dans l'aménagement, il l'a
relativisée : « J'ai été obligé de me plier au vote de la
majorité et aux contraintes de la loi. » Il a cependant
créé dans sa ville un groupe de travail vélo, avec les Verts,
Vélocital, Vélo-Cité, des techniciens municipaux et
communautaires. « Nous avons fait des propositions, mais nous
attendons toujours des réponses de la CUB et de son président.
» Le
maire de Talence propose notamment d'adoucir la lisse pour
faciliter le dépassement en sécurité des cyclistes par les
automobilistes. Cela rejoint la demande de Vélo-Cité qui
souhaite la suppression de la lisse et le partage de l'espace.
« Mais Alain Rousset, président de la CUB, s'y oppose, car
cela réduirait la vitesse commerciale du tram » rapporte
Monique de Marco (Les Verts). Gérard Chausset (Verts Mérignac)
estime que cette vitesse est surtout pénalisée par d'autres
choix, « notamment esthétiques ».
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Albert Doutre : «
Dans leur intérêt »
« Je ne focalise pas sur
les deux-roues, je veux simplement faire respecter la
loi » : le contrôleur général, Albert Doutre, directeur
départemental de la Sécurité publique, entend poursuivre
la politique de répression, « assez marquée »
reconnaît-il, engagée à l'encontre des cycliste,
cyclomotorites ou motards qui roulent sur les voies du
tramway. « Il s'agit tout simplement d'un
problème de sécurité, dans l'intérêt des usagers. Les
statistiques montrent que les blessés de la route sont
en augmentation parmis les conducteurs de deux-roues.
Personne n'a le droit de circuler sur la plate-forme.
Seuls les automobilistes peuvent se déporter sur la
voie, le temps de dépasser un cycliste. Ceux qui ne sont
pas d'accord avec cette réglementation ont la
possibilité de saisir le tribunal ou bien tenter de
faire changer la loi. A ceux qui nous conseillent de
lutter contre la délinquance plutôt que de verbaliser
les cyclistes, je réponds que nous menons les deux
missions de front. »
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