MERIGNAC. -- 200 grands panneaux publicitaires ont
déjà été enlevés sur les grands axes. 200 à 300 autres
devraient suivre
Les panneaux ne s'affichent
plus
: Gauvain Peleau-Barreyre
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Avant. L'avenue de Beutre il y a deux
mois... PHOTOS BERNARD BONNEL
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Après. ...Et aujourd'hui : seules
subsistent les armatures des panneaux qui ont été
enlevés
| La chasse aux panneaux
publicitaires grand format sur la ville de Mérignac est sur le
point de porter ses fruits. La municipalité, engagée dans une
politique de dé-densification volontaire, a profité de la
saison estivale pour démonter les enseignes
publicitaires.
Démontage
sous astreinte. Le règlement municipal adopté en 2003 prévoit de
diminuer la taille des panneaux de 16 à 4 mètres carrés et de
limiter leur emplacement sur les ronds-points et les grandes
voies. Quatre sociétés d'affichage tentent de faire casser le
réglement mais leur recours est rejeté le 10 Mars dernier par
le tribunal administratif, suivi quelques semaines plus tard
par la cour d'appel. Les axes majeurs retrouvent donc peu à
peu une perspective dégagée. Pour s'en convaincre, il suffit
d'arpenter les habituelles avenues menant à la zone
commerciale où les annonces publicitaires se multipliaient
jusqu'à saturation. Ainsi les avenues de l'Yser, de la Somme
ou Chemin Long ont été les premières à voir leur abords
débarrassés des panneaux 4 x 4. Seules les armatures
métalliques encore sur pieds témoignent de l'ancienne
physionomie des lieux. « En tout, ce sont 200 panneaux qui ont
cédé leur place, explique Gérard Chausset, délégué à
l'environnement. On prévoit à terme que 400 à 500 panneaux
devront être enlevés. » Mais la prudence reste de mise car
l'application du règlement a été sans cesse reportée. En jeu,
le lucratif marché publicitaire de la première zone
commerciale et du premier aéroport de la région. Mérignac est
considéré comme un eldorado par les publicitaires et
annonceurs qui veulent se faire une place au soleil. « On
n'est pas suicidaires, confie-t-on à Clear Channel; on ne va
pas anticiper et démonter les panneaux. » Une attitude
attentiste dénoncée par Gérard Chausset qui met en avant la
mauvaise volonté des entreprises pour expliquer le retard de
la dé-densification. « L'application du règlement se fait sous
la contrainte. Ils ne démontent que lorqu'ils reçoivent des
astreintes ! »
« Dans une
phase intermédiaire ». La moitié du parc publicitaire tombe sous
le coup du règlement et une réorientation de la politique
d'affichage est à prévoir. « Nous sommes encore dans une phase
intermédiaire, le dossier avance mais on est pas au bout de
notre peine, explique l'élu. Il n'y a pas de disparition de la
publicité mais juste une diminution. » Les premiers
bénéficiaires sont les petites et moyennes entreprises qui
peuvent désormais lutter à armes égales avec les gros
annonceurs. Déjà les sociétés familiales commencent à
s'afficher dans le centre, à côté des mastodontes de la grande
distribution. Michel Barque, à la tête d'une entreprise de
nettoyage, s'est payé un panneau « de la même taille que
Décathlon ». Pour André, propiétaire d'une parcelle à
deux pas de Beutre, c'est la fin d'une lucrative collaboration
avec l'un des grands de l'affichage. Pendant cinq ans, il a
participé à ce qu'il appelle « un échange de bons procédés ».
Le propriétaire louait une partie de son terrain pour 2500
euros par an, en contrepartie, un panneau de 14 mètres carrés
était placé dans son jardin. « Il restera toujours des
enseignes ou même des réfractaires, mais les effets du
règlement seront passés dans les habitudes » indique-t-on à la
municipalité. La balle est maintenant dans le camp des
annonceurs.
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