TRANSPORT. --L'avenir de la navette électrique mise en
service en 2001 se jouera à l'automne. Mais le licenciement
des chauffeurs est d'ores et déjà enclenché
La navette électrique en sursis
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La navette électrique du centre-ville a
transporté 15 000 passagers en juillet PHOTO
GUILLAUME BONNAUD
| Les jours de la navette électrique du
centre-ville sont peut-être comptés. De même que ceux du bus
du fleuve (lire ci-dessous) et du transport à la demande
expérimenté dans certaines communes de l'agglomération
bordelaise. Tous les trois avaient été mis en service en 2001,
lorsque le chantier du tram perturbait la circulation.
L'essentiel des travaux est achevé. Toutefois, en 2004, la CUB
et la Connex ont pris la décision de maintenir ces « dessertes
spéciales » un an de plus. Le temps d'observer leur
fonctionnement hors période de travaux et de décider de les
pérenniser ou pas.
Calendrier.
La commission
des transports de la CUB doit en discuter début septembre. Le
sujet sera ensuite examiné en bureau, puis, le 23 septembre,
lors de la session communautaire au cours de laquelle les élus
feront le point sur le réseau TBC mis en place en juillet
2004. On sera alors à un mois de l'échéance de la période
d'observation. Ce calendrier politique serré bouscule le
calendrier économique. C'est en tout cas le constat fait par
la société Evadys, qui vient d'engager une procédure préalable
au licenciement de quatorze salariés, principalement des
chauffeurs de la navette électrique. Evadys a été créée en 2000 à
Bordeaux. Cogérée par Denis Porras et Christophe Dupont, cette
société a commencé par proposer du tourisme de haut de gamme
(Bordeaux prestige) avant de se diversifier puis de se
spécialiser dans le transport urbain. En 2001, lors de la mise
en service de la navette électrique, la Connex a passé une
convention d'affrètement avec Evadys. Cette dernière se charge
de l'exploitation des six véhicules. Dans ce but, elle emploie
onze chauffeurs permanents, un responsable de site et des
chauffeurs occasionnels. Par ailleurs, en 2003, Evadys a signé
avec la ville d'Arcachon pour l'exploitation des six minibus
électriques Eho ! de la cité balnéaire. « L'expérience de
Bordeaux et d'Arcachon nous a donné une vraie volonté d'aller
vers les transports nouveaux respectueux de l'environnement »,
dit Denis Porras. Evadys a ainsi récemment répondu à des
appels d'offres d'autres villes.
Question de délai. « A Bordeaux, nous avons de très bons
rapports avec Connex. D'ailleurs, nous réfléchissons ensemble
à de nouveaux projets, mais notre problème aujourd'hui, sans
polémiquer, est de savoir ce qui va se passer fin octobre »,
enchaîne Denis Porras. Il a fait part de ses interrogations à
la Connex, à la ville de Bordeaux et à la CUB. Sans succès. La
réponse tient dans le calendrier politique. « Nous sommes
tributaires de la décision communautaire », constate Xavier
Tersen, responsable de la communication de Connex. A la CUB, on
estime que le délai retenu n'est pas trop court. La décision
est délicate à prendre, précise-t-on, mais elle ne sera pas
seulement prise en fonction de critères financiers (le déficit
des transports en commun était de 89,3 millions d'euros en
2004) mais aussi en tenant compte de la fréquentation et de la
cohérence du réseau de TBC. Les dossiers de la navette, du bus
fluvial et des transports à la demande « vont être traités de
façon concomitante, mais ils rendent des services différents
et pas avec la même efficacité », note Gérard Chausset,
vice-président de la CUB et membre de la commission des
transports.
15 000
passagers. Sur ces bases, beaucoup d'arguments plaident en faveur
de la navette électrique. Celle-ci transporte en moyenne entre
600 et 700 personnes par jour, entre 400 et 500 l'été. En
juillet, 15 000 passagers l'ont utilisée. « Il y a notamment
une grosse clientèle d'habitués, des personnes de 50 à 70 ans,
qui ont vite adopté le système du signe fait au conducteur
pour demander un arrêt », raconte Denis Porras. Qui prendrait
le risque de mécontenter ces habitués ? L'ennui est que
beaucoup d'entre eux « oublient » de composter leur ticket, et
la navette devient de fait un transport gratuit. Si son
utilité n'est plus guère contestée, son financement risque
bien d'être revu le mois prochain.
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Le bus fluvial
incertain
Le sort d'une autre liaison est au menu
communautaire de septembre : la navette fluviale entre
Lormont et le pont de pierre. Peu utilisée, elle a un «
coût prohibitif », selon les mots d'un élu de la CUB. En
mars, Philippe Dorthe, conseiller général de Bordeaux 1,
a envoyé un courrier à Alain Rousset. Afin de rendre le
bus du fleuve plus attractif, il suggérait la création
de plusieurs arrêts, notamment à Bacalan, aux hangars
des quais, à La Bastide. Noël Mamère et Jean Touzeau
soutiennent ce projet. En juin, Laurent Courbu,
président de la CCIB, a qualifié de « marche arrière
déplorable » la suppression du bus fluvial. « J'ai
continué à sensibiliser la CUB à cette affaire »,
indique aujourd'hui Philippe Dorthe. « Il faut une
vision ambitieuse et ne pas traiter les navettes comme
un produit à rentabilité directe mais à rentabilité
induite en termes de transport et d'image. » Le dossier
a été revu. Le nombre de pontons à construire serait
réduit. L'investissement serait complété par deux
navettes d'occasion de 40 à 50 places. « La mise en
oeuvre immédiate se ferait au même prix que la colonne
de la Victoire », a calculé l'élu de Bacalan, en
souhaitant que la CUB prenne « la décision politique
d'un réseau de bus fluviaux ».
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