CONSEIL DE CUB. -- Le calme est revenu hier à la Communauté
urbaine. Suivant la demande d'Alain Rousset, un groupe de
travail va réfléchir à l'amélioration du fonctionnement
interne
Calme précaire sur
l'hémicycle
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Détente. On a même vu le socialiste Alain
Rousset plaisanter avec le juppéiste Hugues Martin,
voisin de Serge Lamaison, dont la mise en cause par
Alain Juppé avait provoqué l'incident de vendredi
PHOTO STEPHANE LARTIGUE
| Rien de tel qu'un bel orage pour nettoyer
le ciel. En sera-t-il de même pour la météo communautaire ?
C'est l'avenir qui le dira. La séance d'hier matin s'est en
tout cas déroulée dans un climat sinon ensoleillé, du moins
printanier, et a été prestement expédiée en deux heures, au
point que certains élus se demandaient (en plaisantant, bien
sûr) s'il ne fallait pas désormais provoquer un clash le
vendredi pour travailler vite et bien le mardi. Alain Juppé
avait, de surcroît, jugé prudent de retirer la délibération
sur la collecte des déchets ménagers les jours fériés,
susceptible de verser de l'huile sur les braises et où il
aurait été mis en minorité par la gauche. La séance a
débuté, on s'en doute, par un petit retour sur l'incident de
vendredi matin. Rappelons que les élus de gauche avaient
quitté la séance pour protester contre les déclarations pour
le moins musclées d'Alain Juppé à l'encontre du maire PS de
Saint-Médard-en-Jalles, Serge Lamaison, accusé de ne pas
suffisamment connaître ses dossiers.
Rousset : « Retrouver un climat serein ».
Premier
orateur, Alain Rousset pour le groupe socialiste qu'il
préside. « Il y a des points qu'il faut clarifier si on veut
retrouver un climat serein, confiant et constructif »,
explique-t-il avant de demander la constitution d'un groupe de
travail chargé d'améliorer le fonctionnement interne de la CUB
et d'imaginer « une nouvelle gouvernance », terme très
raffarinien pour un élu de gauche. « Améliorer, pourquoi pas,
reprend Hugues Martin, le premier adjoint d'Alain Juppé. Mais
il faudrait commencer par respecter certaines règles du jeu au
bureau. » Le bureau est, rappelons-le, l'instance qui regroupe
le président et les vice-présidents. « Si la question soulevée
par Serge Lamaison vendredi en séance publique l'avait été au
bureau, l'incident aurait pu être évité. » Et Hugues Martin de
souhaiter que la CUB se dote, comme le Conseil général et le
Conseil régional, d'une commission permanente, soit une
émanation restreinte de l'assemblée communautaire pour mettre
en oeuvre la politique du Conseil. Une suggestion personnelle
dont Hugues Martin avait tenu informé Alain Juppé qui ne
semble pas être un chaud partisan de la formule. Hugues Martin
lui-même ne se fait pas trop d'illusions sur les chances
d'aboutir de son idée, les Verts et le PCF étant résolument
contre « cela ne ferait qu'aggraver les problèmes », explique
Max Guichard pour le PCF et le PS ne pouvant donc, dans ce
contexte, diviser la majorité de gauche.
Juppé : « La CUB fonctionne bien ».
Président
minoritaire, Alain Juppé ne peut donc qu'accepter ce groupe de
travail envers lequel il semble confesser un léger
scepticisme. Le président de la CUB a d'abord exprimé ses
regrets pour les incidents de vendredi dernier « sans revenir
sur les responsabilités des uns et des autres ». Mais il a
également tenu à souligner que « la CUB fonctionne bien ».
Chiffres à l'appui. En 2001, 1 175 délibérations ont
été examinées. 1 000 ont été votées à l'unanimité, 147 à la
majorité et 24 ont été retirées. En 2002, les conseillers
communautaires ont eu à évoquer 1 001 dossiers. 861 ont été
adoptés à l'unanimité, 112 à la majorité et 12 ont été
retirés. Chiffres contre chiffres, le groupe socialiste,
accusé par Alain Juppé de vouloir bloquer l'aménagement des
quais rive gauche, a rappelé que, depuis mai 2001, celui-ci
avait fait l'objet de 27 délibérations. Le groupe a voté pour
26 fois et s'est abstenu une fois. Et le PS en profite pour
redire que ce projet, estimé en décembre 1998 à 51,6 ME, l'est
désormais à 102,7 ME. Concernant le fonctionnement de la CUB,
Alain Juppé a reconnu lui aussi que des améliorations sont
possibles. « Il y a des commissions qui fonctionnent bien,
d'autres non », a-t-il ajouté, cette fois sans citer personne.
Il a aussi déploré que certains propos tenus en séance
publique ne l'étaient pas lors des bureaux préalables. « C'est
une question de loyauté. » Le président a donc donné son
feu vert à ce groupe de travail (lire par ailleurs) en lui
fixant un calendrier et en insistant pour que, contrairement à
ce que réclamaient les Verts, ce groupe remette ses
conclusions au bureau qui saisira ensuite le Conseil de
communauté. Une fois ce groupe de travail décidé, les
conseillers communautaires se sont attaqués à l'ordre du jour
et, pendant les deux heures de la séance, il leur est même
arrivé de rigoler.
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:: En savoir plus |
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Le réseau de bus 2004
voté à l'unanimité
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Bus. Le projet sera soumis aux
populations des vingt-sept communes de la CUB en
mai et juin prochains, avant une approbation
définitive en septembre PHOTO GUILLAUME
BONNAUD
| Les transports en commun
constituaient le plat de résistance de la séance d'hier
matin. C'est à l'unanimité que les élus ont adopté le
projet de restructuration du réseau de bus à l'horizon
2004 (lire « Sud-Ouest » du 25 avril), c'est-à-dire
lorsque le tramway sera mis en service. Pas moins
de 82 études ont été menées par les services techniques
de la CUB et la Connex pour établir ce projet qui sera
soumis aux populations des vingt-sept communes de la CUB
en mai et juin prochains, avant une approbation
définitive en septembre 2003, préalable à quelques
travaux comme implantation d'arrêts ou réalisation de
couloirs bus. Seule une demande communale n'a pas été
satisfaite, celle de Gradignan pour un parc-relais au
Pontet (d'où l'abstention de la socialiste Anne-Marie
Keiser). Dix lignes avec peu d'arrêts.
Ce qu'il faut retenir du réseau 2004, c'est que
les bus rouleront sur 78 lignes, dont 10 express (nombre
d'arrêts réduit) et 12 lignes du soir. Les lignes
doublonnant avec le tramway sont évidemment supprimées.
En l'état actuel du dossier, 1,332 million de kilomètres
devraient être parcourus en plus dans le courant de
l'année 2004, la hausse induite de fréquentation étant
estimée à 1,3 million de voyages. Le surcoût global est
évalué à 7 ME. Vote unanime donc du Conseil, le
PCF souhaitant néanmoins des tracés spécifiques pour les
bus du dimanche et les Verts s'interrogeant sur les deux
navettes, la fluviale et l'électrique. Concernant la
première, Gérard Chausset se dit désagréablement surpris
par son coût. Le maire PS de Lormont, Jean Touzeau, a
défendu cette navette qui dessert sa commune, mais il
semble qu'il soit bien seul. Les tarifs vont
augmenter. Pierre Hurmic a plaidé pour le
maintien de la navette électrique du centre-ville de
Bordeaux qu'il juge « pratique et conviviale », mais il
suggère une tarification spécifique. « Beaucoup de gens
ne paient pas, parfois parce qu'ils la croient gratuite,
parfois parce qu'ils ne veulent pas payer le prix d'un
ticket pour une centaine de mètres. » Puisqu'on
parle de tarifs, ceux-ci vont augmenter de 2 % au 1er
juillet prochain. Mais Pierre Brana, président de la
commission des transports, assure que « les tarifs
bordelais restent les plus bas de l'Hexagone ». Vote
contre du PCF qui aurait attendu que le tramway circule
et qui estime que « cette augmentation ne contribue pas
à inculquer une culture des transports en commun ».
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