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VERTS. --Les
partisans ont plébiscité hier l'idée de constituer des listes communes
avec les militants associatifs de Nicolas Hulot et les radicaux de José
Bové
Sainte alliance écolo C'était
l'euphorie, ce week-end, aux Journées d'été des Verts de Toulouse. «
Les gens étaient heureux. On n'avait pas ressenti une telle envie
depuis longtemps », commentait Gérard Onesta, régional de l'étape et
vice-président (Verts) du Parlement européen. Lui, qui est prêt à
laisser sa place de tête de liste dans la région Sud-Ouest à José Bové
- si le projet débattu depuis avant-hier voit le jour -, était vraiment
satisfait que l'idée de constituer des listes communes aux Verts, aux
associatifs proches de Nicolas Hulot et aux amis de José Bové, ait
rencontré un tel écho chez les militants. Les
Verts, étrillés à l'élection présidentielle et, dans une moindre
mesure, aux législatives, et qui ont « sauvé les meubles » aux
municipales, attendent de renouer avec la dynamique du succès. Sans
doute par impatience d'en arriver au cœur de la question, le débat
entre les futurs alliés qui était prévu hier soir avait été avancé à
jeudi soir, Jean-Paul Besset, un proche de Nicolas Hulot, remplaçant au
pied levé son message enregistré. L'enthousiasme était tel que ce
débat, prévu dans un amphi secondaire de l'université des sciences
sociales, avait dû déménager dans la plus grande salle du lieu, avec la
participation de près de 1 000 personnes.
« J'aime la bagarre ».
Rebelote hier, au même endroit, où des militants déchaînés ont applaudi
à tout rompre José Bové, François Alfonsi, le leader régionaliste
corse, et la vedette du jour, Daniel Cohn-Bendit. Le message de Nicolas
Hulot, qui a reconnu que l'économie de marché n'était pas compatible
avec l'écologie et qui a appelé à plus de régulation, a été accueilli
avec un certain soulagement, car c'est bien ce que les Verts voulaient
entendre. Son mot pour se plaindre d'un des ministres qu'il fréquente
souvent a beaucoup plu : « Il m'a répondu, je suis à moitié convaincu. » Selon
José Bové, « il ne s'agit pas de faire un casting, mais d'être d'accord
sur un programme ». Une objection que Daniel Cohn-Bendit balaie d'un
effet dont il a le secret : « José, tu as une personnalité que je veux
dans le casting. » Il n'avait pas pour autant cédé grand-chose au
militant de la désobéissance civile, en le ramenant aux réalités de la
politique européenne où il se meut comme un poisson dans l'eau. Quels
que soient les succès d'une liste écologique en France, même à 15 % des
suffrages, jamais elle ne pourra imposer ses choix : « Il faut savoir
débattre, pas pour éliminer l'autre, mais pour aller quelque part avec
lui », estimait-il dans une grande envolée. L'ancien leader de Mai 68
n'a rien perdu de sa verve et de son enthousiasme. « Je suis content,
j'aime la politique, j'aime la bagarre, j'aime le débat. »
Applaudimètre à confirmer.
La secrétaire nationale, qui s'est récemment ralliée à l'idée de listes
communes, citait Michel Rocard : « Le compromis, c'est l'essence de la
démocratie. » Même Dominique Voynet, qui était au départ plutôt
favorable à une union de la gauche, repartie hier soir, avait donné son
accord. Gérard Chausset, vice-président de la Communauté urbaine de
Bordeaux, le reconnaissait : « Il y a eu un premier test, celui de
l'applaudimètre. Maintenant, nous devons trouver les mots pour nous
adresser à la réalité concrète de la société française. Ce sera
l'occasion de régénérer le courant de l'écologie politique. » Pour
Michel Daverat, président du groupe des Verts au Conseil régional
d'Aquitaine, plutôt favorable à la « refondation » de l'écologie
défendue par Yves Cochet, la journée d'hier était une sorte de «
préfiguration » de ses souhaits. Maintenant,
les Verts ont du pain sur la planche. « L'applaudimètre » devra être
confirmé par un conseil national dans quinze jours et par l'assemblée
générale en novembre. Il faudra ensuite mettre en place « des comités
dans toute la France », comme le disait Daniel Cohn-Bendit. Et c'est là
que peut surgir le diable que Noël Mamère souhaite conjurer (lire
ci-contre).
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:: En savoir plus |  | RÉACTIONS | ....... | Noël
Mamère. Le député-maire de Bègles, qui suit depuis sa retraite corse
ces Journées d'été des Verts, était ravi de la tournure qu'elles ont
prise : « Dany a pu convaincre les Verts d'aller au-delà d'eux-mêmes.
C'est une nouvelle donne pour nous, c'est l'occasion de se rassembler.
Nous devons envoyer un signe aux électeurs qui en ont assez de nous
voir nous chamailler. » Mais,
selon lui, il faudra être attentif à la mise en œuvre : « Il y a un
désir de rassemblement, mais le diable se niche dans les détails quand
on veut faire un programme et des listes de candidats. Il faut savoir
renoncer au patriotisme de parti, parce que nous allons nous fondre
dans quelque chose de nouveau. » Corinne
Lepage. Interrogée par « Sud Ouest », Corinne Lepage, qui a rencontré
Daniel Cohn-Bendit pour évoquer son éventuelle participation à la liste
d'union des Verts, s'est montrée intéressée : « L'écologie, c'est ma
raison d'être, mais je suis déjà engagée avec le Modem de François
Bayrou. On va voir dans les prochains jours s'il veut poursuivre dans
la voie du développement durable. De toute façon, ce n'est pas une
décision que je prendrais seule. »
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