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Mardi 30 Juin 2009 | Saint Martial

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Mardi 30 Juin 2009

ÉCOLOGISTES. Les Verts et leurs alliés sont persuadés de jouer dans la même cour que le PS aux Régionales

Les écolos défient le PS

Si Alain Rousset avait pu intégrer des Verts sur sa liste au 1er tour des Régionales en 2004, il devra cette fois attendre le 2e tour, et compter avec l'ambition de Noël Mamère. (archives L. Theillet)
Si Alain Rousset avait pu intégrer des Verts sur sa liste au 1er tour des Régionales en 2004, il devra cette fois attendre le 2e tour, et compter avec l'ambition de Noël Mamère. (archives L. Theillet)

Depuis le 7 juin au soir, le petit monde des Verts girondins est en pleine écolophorie. Oubliée, la mémorable déroute de Dominique Voynet à la présidentielle de 2007 (1,5 % des voix), qui avait obligé les écolos à accepter la mainmise socialiste au Conseil général (où ils n'ont aucun élu) et dans une certaine mesure à s'engager sous la bannière d'Alain Rousset aux municipales bordelaises, il y a un an. Seul Noël Mamère, député de la troisième circonscription, pouvait arguer d'une influence dans le département, du moins pour ses prises de position natio- nales.

La couleuvre de l'A 65

« Une page d'histoire a été tournée le 7 juin, on entre dans une autre phase », prévient le maire de Bègles, où l'alliance Europe écologie est arrivée en tête aux Européennes, comme à Talence et dans les cantons 1, 5, 6 et 7 de Bordeaux (22,3 % des voix au total).

L'autre phase, c'est d'abord les Régionales de mars 2010. « La Région est le bon échelon et le bon périmètre pour faire appliquer nos idées », affirme le conseiller communautaire, et adjoint à Mérignac, Gérard Chausset. En 2004, les Verts aquitains avaient trouvé quelques places sur la liste du président Alain Rousset, notamment les Girondins Michel Daverat, Monique de Marco, Claire Le Lann et Jean-Pierre Dufour (qui a démissionné du parti depuis). Cette position sous tutelle les avait contraints à manger leur chapeau à propos de l'A 65, défendue par les socialistes contre leur avis.

« Entre Alain Rousset et nous, il y a des différences d'approche sur le développement économique, et pas seulement sur les infrastructures », reconnaît Michel Daverat, qui a encore marqué sa différence dernièrement sur la LGV.

« Dans le top 14 »

Mais le contexte politique a changé et les Verts partiront désormais en liste autonome aux Régionales, conformément à l'orientation de leur conseil national. « En fait, il ne faut plus parler des Verts mais des écologistes car nous voulons rester sur cette ligne du rassemblement des Européennes », martèle Noël Mamère (lire « Sud Ouest » d'hier). Outre l'intérêt de conserver une formule qui a réussi, l'alliance permet aussi de gonfler le nombre de militants verts, réduits à moins de 300 sur le département : « Mais des gens de terrain, il y en a des tonnes dans les associations », ne craint pas d'affirmer Noël Mamère, évoquant les comités de défense contre l'A 65, le terminal méthanier du Verdon ou le grand contournement autoroutier « qui rode toujours », selon Gérard Chausset.

Du coup, les écolos pensent pouvoir peser beaucoup plus lourd face à la grosse machine socialiste et ses 6 000 adhérents girondins. Mais c'est surtout d'avoir fait jeu égal avec le PS (et même obtenu 1 700 voix de plus en Gironde) qui donne aux Verts une assurance frisant la rodomontade. « Dans nos négociations, avant ou après le premier tour des Régionales, ce sera un Vert pour un socialiste », assène Gérard Chausset. « Pour reprendre une image de rugby, il faut que le PS comprenne que nous ne sommes plus en Fédérale mais en Top 14 et qu'on n'acceptera pas que tout reparte comme avant, alors que les socialistes n'arrivent pas à changer une équipe qui perd », clame Noël Mamère. Pierre Hurmic, conseiller municipal de Bordeaux, y va même d'une formule bien dans son style : « Nous n'avons plus d'alliés naturels mais des alliés potentiels qui doivent reprendre les solutions écologistes dans leur programme ; c'est à eux de faire l'effort. »

« Un vote sociétal »

Bref, les socialistes ont désormais un partenaire plus coriace que le Parti communiste. Ils ne s'en tireront pas en avançant le nombre important d'abstentions ou le désamour provisoire de leur électorat. « Le 7 juin, il n'y a pas eu un vote d'humeur mais un vote sociétal, qui correspond à une prise de conscience de nos concitoyens ; et les abstentions n'ont pas touché les Verts mais les socialistes », assure Pierre Hurmic, convaincu qu'on ne sortira pas de la crise « avec de vieilles idées ».

La balle est donc bien dans le camp d'Alain Rousset. Il joue d'autant plus gros que Noël Mamère pourrait conduire la liste écologiste, même s'il ne se mouille pas : « Pour l'instant, j'entends les sollicitations. » Mais il affirme aussi : « Il n'est désormais plus inimaginable que certaines régions soient présidées par les Verts ». Toutefois, Michel Daverat sait gré à Alain Rousset d'avoir évolué vers les thèses écologistes : « Sur les énergies renouvelables ou le plan climat par exemple, le courant passe car Rousset n'est pas fermé au développement durable ; parfois, en l'entendant s'exprimer publiquement, on boit du petit-lait... »

Mais pour franchir un échelon, il faudra convaincre le monde agricole, qui pèsera lourd aux Régionales. Et là, les écolos ne sont plus en terrain favorable face à une UMP et un PS encore solidement accrochés au sol.

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Berthou veut structurer Cap 21

Débauché des Verts par Alain Juppé lors des dernières municipales et récent adhérent au MoDem, Jean-François Berthou pourrait nourrir quelque amertume d'avoir choisi le « mauvais cheval » alors que l'alliance écologique a réalisé un joli score à Bordeaux. « Bien au contraire, je suis très heureux que les idées pour lesquelles je me suis toujours battu aient une reconnaissance électorale », assure-t-il.

Le conseiller municipal de Bordeaux-Sud, qui se dit « d'accord avec Pierre Hurmic les trois quarts du temps quand il prend la parole à la mairie », n'en est pas moins passé à la maison d'en face même s'il reste « fondamentalement de gauche ». Mais il se sent surtout en phase avec les idées de Corinne Lepage à Cap 21, une sensibilité du MoDem : « J'ai retrouvé ma famille écologiste et je suis revenu enthousiaste du récent congrès de Cap 21. Corinne Lepage a le mérite de vouloir marier écologie et économie avec de vraies propositions. » Fort de cette adhésion, Jean-François Berthou a été mandaté pour structurer un mouvement représenté jusqu'à présent en Gironde par Ludovic Guinard, désormais Parisien. « Pour l'instant, il ne s'agit que d'un groupe de réflexion entre sympathisants et élus », dit-il. Berthou, comme Corinne Lepage, rêve d'un grand rassemblement écolo. Mais c'est le MoDem qui l'accueille dans ses rangs, comme Jean-Luc Benhamias, dont il est un peu l'équivalent bordelais dans un univers peuplé d'anciens UDF.

Auteur : HERVÉ MATHURIN
h.mathurin@sudouest.com

Tags : Gironde Politique Partis politiques Hommes politiques Élections Collectivités locales Ville et urbanisme bègles talence bordeaux mérignac Actualité
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    Commentaires affichés de 1 à 2 sur 2
    Zinette Zinette
    Langon
    le 30/06/2009 à 11h33

    Je mettrais en sous-titre : Les écolos lancent une OPA sur le PS

    Monsieur Rousset, je ne sais pas si tous les sympathisants et militants socialistes sont bien d'accord avec une alliance de ce type, qui serait assimilable à une prise de participation des verts dans le parti socialiste ?

    Les régionales, n'ont rien à voir avec les européennes, les enjeux sont totalement différents.
    Vous affaiblissez ainsi votre aile gauche, en la désavouant pour lui substituer des amis de circonstance. Et aussi votre aile droite qui partira vers un centre qui se ralliera à l'UMP.
    Vous perdez en crédibilité personnelle, car d'ici un an, tellement de choses se seront passées que les alliances que vous envisagez ne seront plus du tout, mais plus du tout possible. Qui restera alors tout seul dans la galère...
    Débandade assurée à gauche lors des prochaines régionales.
    Vous n'avez aucune pointure médiatique, comme Beauvais en Aquitaine pour porter la bonne parole. Le Page n'est pas le Modem et vous le savez. Mamère tire maintenant sur les ficelles, et appuie là où ça fait mal, il aurait bien tort de ne pas en profiter, ça lui est si bien servi.


     
    Xavier Lhomme Xavier Lhomme
    Saint Médard en Jalles
    le 30/06/2009 à 09h13

    Le titre de cet article est très réducteur, bien sûr. Il ne s'agit pas pour les Verts de "défier le PS", mais de continuer à porter leurs idées.
    Et la nouvelle donne électorale nous permet de le faire sans avoir à dépendre d'un autre parti.
    Plus que de défi, c'est bien d'émancipation, d'autonomie qu'il s'agit.
    Et ceci parce que les électeurs ont bien compris que notre projet politique apportait des solutions aux problématiques sociales et environnementales, alors que les partis traditionnels restent cantonnés dans une politique de gestion obsolète, inadaptée.
     
     
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