GRENELLE DE L'ENVIRONNEMENT. --Les villes pourraient être autorisées à mettre en place des péages urbains. Mais cette perspective n'enchante guère les élus
La piste du péage Faudra-t-il
bientôt payer pour entrer en ville au volant ? On parle beaucoup des
péages urbains ces temps-ci, en particulier dans les services du
ministère de l'Écologie, de l'Énergie et du Développement durable. Il
est fortement question que le projet de loi Grenelle de
l'environnement, qui devrait être discuté lors de la session ordinaire
du Parlement (convoqué le 1er octobre), autorise les villes à
expérimenter ce dispositif qui a déjà été mis en place hors de nos
frontières. Depuis 2003, les automobilistes qui veulent entrer dans le
cœur de Londres doivent ainsi s'acquitter d'une taxe dont le montant
actuel est de 10,60 € par jour. Au 1er janvier 2008, un système un peu
différent a vu le jour à Milan : plus on pollue, plus on paie (de 2 à
10 euros). Il
est trop tôt pour cerner avec précision ce qui sortira du chapeau de
Jean-Louis Borloo. Mais, si cette solution devait être proposée, ce
serait sur la base du volontariat. A priori, elle n'est pas promise à
une fortune immédiate dans la région. « On y a réfléchi il y a sept ou
huit ans et on a écarté l'idée. Elle n'est pas sotte, c'est une
hypothèse crédible qui peut faire partie de l'éventail d'un maire, mais
on a fait d'autres paris », tranche Maxime Bono, le maire (PS) de La
Rochelle, une ville pionnière en matière de déplacements urbains. « Ce
n'est pas une solution à l'échelle d'une ville moyenne. Un péage urbain
peut s'appliquer à une grande capitale, à une métropole avec une forte
densité d'activités et de population », renchérit Denis Leroy, l'élu
socialiste chargé des transports de la Communauté d'agglomération de La
Rochelle.
Pouvoir d'achat.
La prudence sur le sujet traverse les clivages politiques. Ainsi Alain
Juppé, le maire UMP de Bordeaux, fait savoir qu'il n'entretient pas
d'opposition de principe contre le péage urbain, mais qu'il cherche à
développer « des solutions plus positives ». Gérard Chausset, le
vice-président vert de la Communauté urbaine de Bordeaux (27 communes)
chargé des « transports de demain », est quant à lui partisan d'«
étudier la question sans se jeter dessus ». Ces
réticences s'expliquent aisément. Au bout d'une année de matraquage sur
les prix des carburants, il faudrait envoyer des cellules de soutien
psychologique aux automobilistes encore une fois ponctionnés. « Le
péage urbain est une ségrégation sociale par l'argent. Et il y a déjà
un péage urbain qui s'appelle le stationnement payant », risque Gérard
Chausset. Si
l'on écarte le problème central du pouvoir d'achat, on n'épuise
pourtant pas les obstacles. Dans la région, les villes sont souvent
trop petites ou trop peu denses pour s'orienter vers un péage à
l'entrée. Elles n'y sont pas préparées. « Si on restreint l'accès au
centre-ville, il faut remplacer des pleins par des pleins, pas par des
vides. Il faut mettre le paquet sur les transports collectifs pour ne
pas perdre en efficacité. Un péage urbain ne peut être une mesure
isolée. Il doit s'accompagner d'un plan d'ensemble », poursuit Gérard
Chausset.
Transports alternatifs.
Or, les villes n'ont généralement pas attendu que tombe la pensée
borloosienne pour réfléchir. À La Rochelle, on discute avec 16 grosses
entreprises pour imaginer, au cas par cas, des transports alternatifs
pour leurs salariés qui doivent entrer quotidiennement en ville.
L'objectif est de libérer 10 000 places de stationnement - et autant de
voitures en circulation. « On se donne sept mois pour réaliser 50 % de
nos objectifs », pose Denis Leroy. « On a opté pour un système très
dissuasif pour les voitures, avec des zones 15, où piétons, vélos et
voitures sont mélangés sur la chaussée. Tous les modes de transport
sont disponibles à La Rochelle, et ceci avec une seule carte. Reste à
réussir le passage d'un mode de transport à un autre », analyse Maxime
Bono. À
Bordeaux, Alain Juppé penche lui aussi pour des solutions adaptées au
contexte de sa ville : la poursuite du prêt gratuit de vélos, le
développement de la « voiture partagée » (AutoComm), le lancement d'un
site de covoiturage le 22 septembre ou encore la mise à l'étude du
disque vert -la gratuité du stationnement pour les véhicules propres.
Il n'est pas sûr qu'il reste de la place au bas de la liste pour la
greffe du péage urbain.
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