La primaire version écolo

L'horizon des primaires écologistes, plutôt voilé ces dernières semaines, s'est nettement éclairci lors d'un Conseil national qui s'est tenu à Paris. On sait qu'elles auront lieu en deux temps : le 24 juin ultime délai pour le premier tour (résultats le 29 juin) et le 7 juillet pour le second tour (résultats le 12 juillet). Il s'agira d'un vote par correspondance et sans doute par Internet, les modalités restant à préciser pour celui-ci.

D'ores et déjà, certains candidats se manifestent : Eva Joly et Nicolas Hulot en sont les principaux auxquels il faudra adjoindre quelques « isolés » comme le militant antinucléaire girondin Stéphane Lhomme. Toutefois, ces postulants seront appelés à signer un formulaire les engageant à ne pas se présenter dans une autre formation ou isolément en cas d'échec. Nicolas Hulot l'ayant paraphé (comme Eva Joly), cela exclut toute velléité de dissidence une fois connu le verdict des primaires.

De même, Antoine Waechter (Ecologistes indépendants) et Corinne Lepage (Cap 21) sont invités à se présenter dans ce contexte. À condition toutefois de réunir 200 parrainages diversifiés.

En Gironde, comme en Aquitaine, Eva Joly partira favorite. L'ancienne juge d'instruction a en effet l'appui de la plupart des élus ou des représentants les plus connus du département, à l'exception notable du conseiller régional arcachonnais Michel Daverat.

Reste que les militants écolos sont rarement disciplinés et l'élargissement du vote aux adhérents coopérateurs (moyennant une participation de 10 euros) est susceptible d'attirer à Nicolas Hulot un certain nombre d'associatifs évoluant à la lisière de l'écologie politique. Issue d'un de ces mouvements, la conseillère régionale Marie Bové, pro Eva Joly, penche toutefois pour un certain équilibre : « Ce ne sont pas les mêmes réseaux ; Hulot touche plutôt les associations environnementales alors qu'Eva Joly sensibilise davantage les anticorruptions ou les tiers-mondistes. Mais ces réseaux s'interconnectent pour former un mouvement de masse ».

Les écologistes, comme les autres, doivent toutefois compter avec la bombe de l'affaire Dominique Strauss-Kahn, qui modifie singulièrement les perspectives du premier tour dans la mesure où elle accentue le risque pour la gauche de ne pas figurer au second tour à l'image de l'élection du 21 avril 2002. Et par ricochet le vote utile en faveur du PS.

La secrétaire régionale des Verts, Laure Curvale, croit que cette affaire favorise plutôt Eva Joly « parce qu'elle incarne une éthique forte ». Marie Bové est un peu plus nuancée. « Le vote utile pour le PS dès le premier tour nous pend au nez et c'est pourquoi je pense qu'il faut déjà discuter de stratégie présidentielle avec les socialistes. Ce n'est pas avec nos 12 000 adhérents que nous pourrons changer la société en claquant des doigts. Il nous faut proposer une union pour le deuxième tour avec la perspective de constituer un groupe parlementaire ».

Marie Bové rejoint donc la thèse de Daniel Cohn-Bendit, dont elle sera la numéro deux sur sa liste au prochain congrès (lire ci-dessus), qui envisageait même de ne pas présenter de candidat écologiste pour éviter d'être victime du mortel duel à trois entre PS, UMP et FN.

Gérard Chausset, porte-parole des Verts Gironde, ne retient cependant pas cette hypothèse « parce qu'il y aurait malgré tout un candidat écologiste qui ne serait pas des nôtres ». Mais sur ce point crucial, force est de constater que les écolos ne sont pas encore au clair, ni d'accord entre eux. Ils ne seront pas les derniers à observer les prochains sondages…

Le congrès régional le 29 mai à Talence permettra peut-être quelques éclaircissements, alors qu'il s'agira de désigner les délégués pour le congrès de La Rochelle.